Il est certain que Jésus-Christ n'est pas né un 25 décembre, le chanoine Robert Fery l'a rappelé hier dans Le Républicain Lorrain.
Par contre, on est sûr que Clovis a bien été baptisé ce jour-la. C'est le choix de l'année qui divise les historiens, bien que la date choisie comme référence soit 496.
Un grand nombre de peintres et de sculpteurs ont immortalisé l'événement, et à Reims, où il se déroula, on peut remarquer au portail nord de la cathédrale, Clovis recevant le sacrement des mains de l'évêque Rémi.
Aux portes de Metz, à Vaux, ravissant petit village installé à flanc de coteau, l'église est consacrée à Saint-Rémy. Quoi de plus naturel alors, qu'en 1845, le comte de Coëtlosquet ait eu l'idée de faire don à cette paroisse ancienne, d'un beau vitrail représentant le baptême de Clovis. Pour créer cette oeuvre d'art, il fit appel naturellement à Laurent-Charles Maréchal, célèbre peintre verrier de Metz, qui le réalisa avec l'aide de Louis-Napoléon Gugnon.
Il y a quelques années, j'ai voulu admirer ce vitrail que je ne connaissais pas. Hélas, je ne l'ai pas trouvé. En effet, les vitraux de l'église de Vaux sont aujourd'hui de facture récente, sauf un, dans le transept de droite, qui est signé Champigneulle de Bar-le-Duc, daté de 1886.
Il ne peut s'agir de Charles-François, associé à Maréchal, puisqu'il est décédé en 1882.
L'auteur de ce vitrail est donc un de ses deux fils, peut-être l'aîné, Louis-Charles-Marie, mais celui-ci s'installa à Paris dès 1881. Il est plus sûr que ce soit le cadet Emmanuel, malgré ses 26 ans, qui conserva l'atelier paternel, avant de s'installer à Nancy en 1908. Qui sait ?
Mais qu'est donc devenu le vitrail de Laurent-Charles Maréchal ?
Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.
Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.
Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.
Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.
Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.
Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.
Gilbert Rose
samedi 25 décembre 2010
mercredi 22 décembre 2010
Le vieux mûrier....
Dans un Figaro Magazine de décembre, j'ai lu un bien bel article de Cyril Drouhet sur les arbres multi-centenaires et leur histoire.
Ce texte m'a fait penser à la châtelaine de mon village, qui me demandait quelquefois de passer chez elle, le dimanche matin, afin de conseiller un de ses fils qui souhaitait devenir chef d'orchestre.
Au cours d'une de ces visites, j'évoquai Nicolas-Joseph de La Condamine, qui était, à la fin du XVIIIe siècle, le propriétaire des lieux.
Spécialiste de la sériciculture, il avait planté de nombreux mûriers blancs dans le vaste parc de son château ; ceux-ci fournissaient la nourriture nécessaire aux chenilles qu'il élevait en grand nombre. Sa production faisait le bonheur des messoyers et fileurs de soie de Metz.
En effet, malgré un climat qui ne convenait guère, Monsieur de La Condamine avait aménagé une magnanerie dans une dépendance de sa demeure, qu'il chauffait durant la saison froide et qu'il alimentait en eau grâce aux puits de son parc.
A ces mots, Madame ...... m'entraîna dans le jardin et me montra, au milieu d'une pelouse, un énorme mûrier dont le tronc était si large, qu'on l'avait entouré d'une solide ceinture d'acier pour éviter un évasement destructeur. C'était le dernier vestige de cet élevage de vers à soie qui aurait mérité de figurer dans l'article du Figaro. Hélas, il ne résista pas à la puissance de la tempête en 1999 et son vieux tronc fatigué s'éparpilla tristement sur la pelouse....
Après le décès de La Condamine en 1819, plus personne n' a produit de la soie à Pouilly. Dommage... car c'est justement cette année-là que Perottet, botaniste français, ramena d'un voyage à Manille le fameux mûrier multicaule au feuillage d'un volume extraordinaire bien utile devant la gloutonnerie des bombix mori, et qui fut considéré ensuite comme le meilleur et, paraît-il, le seul utilisé en Chine.
Celui-là aurait peut-être résisté à la tempête......
Ce texte m'a fait penser à la châtelaine de mon village, qui me demandait quelquefois de passer chez elle, le dimanche matin, afin de conseiller un de ses fils qui souhaitait devenir chef d'orchestre.
Au cours d'une de ces visites, j'évoquai Nicolas-Joseph de La Condamine, qui était, à la fin du XVIIIe siècle, le propriétaire des lieux.
Spécialiste de la sériciculture, il avait planté de nombreux mûriers blancs dans le vaste parc de son château ; ceux-ci fournissaient la nourriture nécessaire aux chenilles qu'il élevait en grand nombre. Sa production faisait le bonheur des messoyers et fileurs de soie de Metz.
En effet, malgré un climat qui ne convenait guère, Monsieur de La Condamine avait aménagé une magnanerie dans une dépendance de sa demeure, qu'il chauffait durant la saison froide et qu'il alimentait en eau grâce aux puits de son parc.
A ces mots, Madame ...... m'entraîna dans le jardin et me montra, au milieu d'une pelouse, un énorme mûrier dont le tronc était si large, qu'on l'avait entouré d'une solide ceinture d'acier pour éviter un évasement destructeur. C'était le dernier vestige de cet élevage de vers à soie qui aurait mérité de figurer dans l'article du Figaro. Hélas, il ne résista pas à la puissance de la tempête en 1999 et son vieux tronc fatigué s'éparpilla tristement sur la pelouse....
Après le décès de La Condamine en 1819, plus personne n' a produit de la soie à Pouilly. Dommage... car c'est justement cette année-là que Perottet, botaniste français, ramena d'un voyage à Manille le fameux mûrier multicaule au feuillage d'un volume extraordinaire bien utile devant la gloutonnerie des bombix mori, et qui fut considéré ensuite comme le meilleur et, paraît-il, le seul utilisé en Chine.
Celui-là aurait peut-être résisté à la tempête......
lundi 20 décembre 2010
L'âge d'une société musicale....
L'Harmonie municipale de Metz est-elle vraiment née en 1790 comme on a pu le lire dernièrement dans la presse ? On peut se poser la question...
Cette année-là voit la création à Paris puis en province, des Gardes nationales, avec un statut quasi-militaire. A Metz, la Garde nationale possédait sa musique, comme un régiment. Elle en eut même deux, qui étaient furieusement concurrentes, surtout pour "toucher" (pardon, recevoir) de nouveaux instruments et des uniformes convenables, ainsi que pour participer aux défilés. (Voir mon ouvrage : Les musiciens et chanteurs amateurs de la Moselle, Editions Serpenoise, 2005).
Se sont succédé à la direction Eloy Seyfert, puis Henry Kandelka, enfin Louis Fizaine. Plus tard, d'autres chefs moins connus, mais Camille Durutte, tout de même, en 1840 et Frédéric Pruvost, lequel vit la déchéance et la disparition lamentable de la musique de la Garde nationale de Metz en 1852, faute de participants.
Le 4 août 1855, le maire Félix Maréchal créa la Fanfare des Sapeurs-pompiers de Metz, dont il confia la direction à Louis Jonvaux, lequel la transforma en harmonie trois ans plus tard. Hélas, ne pouvant rivaliser avec la qualité musicale des nombreuses formations militaires se produisant à l'Esplanade, elle disparut en 1867.
Ce sont les Allemands qui recréèrent une musique des sapeurs-pompiers le 18 mai 1888, et c'est peut-être la date à retenir, si on observe les noms différents et successifs donnés à la phalange :
Harmonie des Sapeurs-pompiers de Metz
Harmonie municipale des Sapeurs-pompiers
Harmonie municipale de Metz
Le casque et les défilés disparurent vers 1927 grâce à Louis Narbonne, lequel obtint de la municipalité l'établissement d'un prime de présence, faisant de cette formation, la seule société musicale du département, dont les membres étaient rétribués.
Je me souviens, dans ma jeunesse, les musiciens amateurs réglaient une cotisation pour appartenir à une société musicale.... et ils étaient heureux.... dame, ils faisaient de la musique .....
Cette année-là voit la création à Paris puis en province, des Gardes nationales, avec un statut quasi-militaire. A Metz, la Garde nationale possédait sa musique, comme un régiment. Elle en eut même deux, qui étaient furieusement concurrentes, surtout pour "toucher" (pardon, recevoir) de nouveaux instruments et des uniformes convenables, ainsi que pour participer aux défilés. (Voir mon ouvrage : Les musiciens et chanteurs amateurs de la Moselle, Editions Serpenoise, 2005).
Se sont succédé à la direction Eloy Seyfert, puis Henry Kandelka, enfin Louis Fizaine. Plus tard, d'autres chefs moins connus, mais Camille Durutte, tout de même, en 1840 et Frédéric Pruvost, lequel vit la déchéance et la disparition lamentable de la musique de la Garde nationale de Metz en 1852, faute de participants.
Le 4 août 1855, le maire Félix Maréchal créa la Fanfare des Sapeurs-pompiers de Metz, dont il confia la direction à Louis Jonvaux, lequel la transforma en harmonie trois ans plus tard. Hélas, ne pouvant rivaliser avec la qualité musicale des nombreuses formations militaires se produisant à l'Esplanade, elle disparut en 1867.
Ce sont les Allemands qui recréèrent une musique des sapeurs-pompiers le 18 mai 1888, et c'est peut-être la date à retenir, si on observe les noms différents et successifs donnés à la phalange :
Harmonie des Sapeurs-pompiers de Metz
Harmonie municipale des Sapeurs-pompiers
Harmonie municipale de Metz
Le casque et les défilés disparurent vers 1927 grâce à Louis Narbonne, lequel obtint de la municipalité l'établissement d'un prime de présence, faisant de cette formation, la seule société musicale du département, dont les membres étaient rétribués.
Je me souviens, dans ma jeunesse, les musiciens amateurs réglaient une cotisation pour appartenir à une société musicale.... et ils étaient heureux.... dame, ils faisaient de la musique .....
dimanche 12 décembre 2010
Ministre : nom masculin.
Aujourd'hui, exceptionnellement, mon billet ne sera pas historique. Mais je ne puis résister à la tentation de faire partager ma joie à mes amis.
Samedi matin, en parcourant mon journal, j'ai éprouvé un choc !
J'ai lu quelque chose d'extraordinaire, d'époustouflant. Madame Simone Veil, en visite au Centre Pompidou de Metz, était nommée le ministre... en première page...
J'ai cru à une faute d'impression. Mais non, car en seconde page, c'était toujours le ministre.....
J'en suis resté abasourdi, car mon quotidien ( et les autres) ne m'avait pas habitué à cette rigueur linguistique. D'habitude, on remarque dans beaucoup d'articles, la présence d'une féminisation intempestive de noms communs dont le genre masculin est indubitablement authentifié par l'étymologie, la logique, l'histoire....
Seuls les sages de l'Académie Française, dont c'est une des missions, pourraient éventuellement procéder à une modification de l'orthographe. Mais les Immortels sont bien trop révérenciels envers la langue qui les fait vivre, pour la mutiler inconsidérément.
Merci à l'auteur de cet article, de prendre soin de notre langue valétudinaire.
Je me suis ébaudi durant le reste de la journée.......
Samedi matin, en parcourant mon journal, j'ai éprouvé un choc !
J'ai lu quelque chose d'extraordinaire, d'époustouflant. Madame Simone Veil, en visite au Centre Pompidou de Metz, était nommée le ministre... en première page...
J'ai cru à une faute d'impression. Mais non, car en seconde page, c'était toujours le ministre.....
J'en suis resté abasourdi, car mon quotidien ( et les autres) ne m'avait pas habitué à cette rigueur linguistique. D'habitude, on remarque dans beaucoup d'articles, la présence d'une féminisation intempestive de noms communs dont le genre masculin est indubitablement authentifié par l'étymologie, la logique, l'histoire....
Seuls les sages de l'Académie Française, dont c'est une des missions, pourraient éventuellement procéder à une modification de l'orthographe. Mais les Immortels sont bien trop révérenciels envers la langue qui les fait vivre, pour la mutiler inconsidérément.
Merci à l'auteur de cet article, de prendre soin de notre langue valétudinaire.
Je me suis ébaudi durant le reste de la journée.......
lundi 6 décembre 2010
Le service militaire.....
Les jeunes gens d'aujourd'hui n'effectuent plus de service militaire. Ils ignorent ce qu'est un conscrit ; peut-être connaissent-ils celui de 1813... peut-être...
Lorsque j'ai été appelé sous les drapeaux, je n'avais plus l'âge d'être conscrit, ayant obtenu au préalable plusieurs années de sursis.
J'ai été affecté comme sous-chef à la musique du 2me régiment du génie. Le chef se nommait Charles Roose, excellent musicien. Il avait deux galons et un "o" de plus que moi. Le colonel avait coutume de dire que dans son régiment on voyait la vie en rose grâce à sa musique.
En général, les musiciens étaient dispensés des différents exercices comme le tir, la construction d'un pont ou la pose de mines. Mais j'étais intéressé par ces disciplines et je me rendais quelques fois au stand de tir ou à une conférence technique réservée aux officiers et sous-officiers.
Un jour, j'assistais -- au premier rang -- au démontage d'une mine anti-char, lorsqu'on me demanda au téléphone. Je sortis de la salle et me dirigeais vers le poste dans le bâtiment voisin, lorsque, dans mon dos, retentit une forte explosion.
On avait oublié de désamorcer la mine avant son démantèlement.... sept morts.... tous au premier rang !
C'est mon épouse qui m'avait ainsi sauvé la vie en m'appelant pour une raison que nous avons tous deux oubliée. Un ami psychiatre dirait que c'est un acte manqué.
Depuis, mes enfants et petits-enfants se réjouissent de connaître doublement la vie grâce à leur maman et mamie. Mon arrière petit-fils n'en a encore rien dit... il n'a que 18 mois.
Moralité : La vie ne tient souvent qu'à un (coup de) fil.
Lorsque j'ai été appelé sous les drapeaux, je n'avais plus l'âge d'être conscrit, ayant obtenu au préalable plusieurs années de sursis.
J'ai été affecté comme sous-chef à la musique du 2me régiment du génie. Le chef se nommait Charles Roose, excellent musicien. Il avait deux galons et un "o" de plus que moi. Le colonel avait coutume de dire que dans son régiment on voyait la vie en rose grâce à sa musique.
En général, les musiciens étaient dispensés des différents exercices comme le tir, la construction d'un pont ou la pose de mines. Mais j'étais intéressé par ces disciplines et je me rendais quelques fois au stand de tir ou à une conférence technique réservée aux officiers et sous-officiers.
Un jour, j'assistais -- au premier rang -- au démontage d'une mine anti-char, lorsqu'on me demanda au téléphone. Je sortis de la salle et me dirigeais vers le poste dans le bâtiment voisin, lorsque, dans mon dos, retentit une forte explosion.
On avait oublié de désamorcer la mine avant son démantèlement.... sept morts.... tous au premier rang !
C'est mon épouse qui m'avait ainsi sauvé la vie en m'appelant pour une raison que nous avons tous deux oubliée. Un ami psychiatre dirait que c'est un acte manqué.
Depuis, mes enfants et petits-enfants se réjouissent de connaître doublement la vie grâce à leur maman et mamie. Mon arrière petit-fils n'en a encore rien dit... il n'a que 18 mois.
Moralité : La vie ne tient souvent qu'à un (coup de) fil.
samedi 4 décembre 2010
Le choléra...
Il y a quelques années, le choléra sévit au Rwanda. A cette occasion j'écrivis un court article paru dans la rubrique Hier déjà du Républicain Lorrain le 11 août 1994. Aujourd'hui, hélas, c'est Haïti qui est frappée par cette infection contagieuse.
Dans cette chronique, je rappelais l'épidémie qui ravagea la France entre 1826 et 1837, occasionnant 600 000 décès dans notre pays, d'après les journaux de l'époque. Il y en eut sans doute moins.
La maladie sévissait déjà à Paris avant d'arriver à Metz. Aussi, lorsque le 30 mars 1832 un tambour de la commune s'écroula rue de la Paix, victime d'une apoplexie, la Gazette de Metz du 3 avril affirma que c'était le choléra.
Le premier cas mortel s'est déclaré à Metz le 1r mai 1832. Deux jours plus tard il y en avait un second, quatre le 6 mai ; le 10 mai plusieurs dizaines de personnes étaient atteintes....
L'Indépendant de la Moselle du 1r juillet 1832 indique 430 malades dans la ville et 181 décès. Le 5 juillet, le mal s'est aggravé : 558 malades et 243 décès sont signalés !
La rapidité de l'épidémie fut foudroyante. Elle a terrassé Antoinette Goudmann, diva du théâtre le 4 mars 1833.
Les communes des environs ne furent pas épargnées. Curieusement, il en est une qui fut totalement préservée, sans un seul malade, c'est Pouilly, alors que de part et d'autre, à Magny et à Fleury, c'était l'hécatombe.
Vous comprenez à présent pourquoi je suis venu habiter ce village.......
Dans cette chronique, je rappelais l'épidémie qui ravagea la France entre 1826 et 1837, occasionnant 600 000 décès dans notre pays, d'après les journaux de l'époque. Il y en eut sans doute moins.
La maladie sévissait déjà à Paris avant d'arriver à Metz. Aussi, lorsque le 30 mars 1832 un tambour de la commune s'écroula rue de la Paix, victime d'une apoplexie, la Gazette de Metz du 3 avril affirma que c'était le choléra.
Le premier cas mortel s'est déclaré à Metz le 1r mai 1832. Deux jours plus tard il y en avait un second, quatre le 6 mai ; le 10 mai plusieurs dizaines de personnes étaient atteintes....
L'Indépendant de la Moselle du 1r juillet 1832 indique 430 malades dans la ville et 181 décès. Le 5 juillet, le mal s'est aggravé : 558 malades et 243 décès sont signalés !
La rapidité de l'épidémie fut foudroyante. Elle a terrassé Antoinette Goudmann, diva du théâtre le 4 mars 1833.
Les communes des environs ne furent pas épargnées. Curieusement, il en est une qui fut totalement préservée, sans un seul malade, c'est Pouilly, alors que de part et d'autre, à Magny et à Fleury, c'était l'hécatombe.
Vous comprenez à présent pourquoi je suis venu habiter ce village.......
jeudi 25 novembre 2010
L'Ecluse...
Line Renaud commence une nouvelle carrière. Tous les journaux l'annoncent.
Je l'ai rencontrée, jadis, au café de l'Ecluse qui venait de s'ouvrir quai des Grands-Augustins à Paris. A cette époque elle se nommait Jacqueline Enté et chantait déjà.
Je ne me souviens plus du nom du patron, mais c'était un vieux..... il avait au moins 40 ans. En soirée, les clients qui le souhaitaient pouvaient se produire sur une petite scène, au fond d'une salle tout en longueur, avec un piano fatigué. Beaucoup de grands noms de la chanson se sont ainsi fait connaître.
Notre groupe d'étudiants musiciens se retrouvait souvent au café de l'Ecluse. Que des Nancéiens ! Je peux citer Claude Brion violoncelle, Daniel Roux flûte, Jacques Kessler clarinette, Jacky Kauff trombone, Bernard Noël et André Weber diction .... j'en oublie...
Parmi tous ces garçons, une seule fille, qui n'était même pas Lorraine, Monique Serf, pianiste.
Je ne sais comment elle s'est intégrée à notre groupe. C'était une fille très réservée, au doux visage toujours triste. Elle parlait peu, mais on sentait qu'elle était heureuse de se trouver parmi nous. On la faisait sourire... Nous ne lui avons jamais fait la cour... nous étions tous ses copains...
J'ai su plus tard la raison de cette mélancolie, mais à ce moment, mes amis et moi ignorions le drame de son enfance.
Notre présence à l'Ecluse ne dura guère, car le café se transforma très vite en cabaret et le nouveau prix des consommations nous en interdit l'entrée, purotins que nous étions.
Par contre, notre petite camarade Monique y retourna et en devint la vedette avant d'effectuer une brillante carrière sous le nom de.... BARBARA.
Aujourd'hui, l'Ecluse est redevenue un café ; on n'y chante plus, un comptoir ayant remplacé la scène.
Peut-être y reste-t-il encore le souvenir de la Dame en noir........
lundi 22 novembre 2010
Ah la retraite.....
Non, ne croyez pas que je vais me féliciter ou me plaindre de la nouvelle loi.
Elle n'est pas faite pour moi ; je suis parmi ceux qui regardent avec nostalgie les autres travailler.
Eh oui, j'ai été malheureux le jour où mon employeur me signifia mon congé définitif. Je n'avais jamais pensé que cela puisse arriver....
Aujourd'hui on parle beaucoup de la pénibilité de certaines professions... La mienne l'était-elle ?
A l'Orchestre, nous n'avions ni dimanches ni jours de fête libres. Dame! C'est lorsque les autres sont en congé que les musiciens travaillent, sinon ils n'auraient pas de public!
Le jour de repos, à l'orchestre de Metz, était le lundi. Mais ce jour là, je devais assurer mes cours au conservatoire, les deux postes étant liés.
Je pense aux musiciens de la Chapelle du Roi qui, comme moi, n'avaient pas droit à un jour de liberté dans la semaine. Par contre, grâce à un édit de 1782, les chanteurs et les instrumentistes à cordes ne pouvaient travailler que pendant 20 ans, les "vents" n'ayant droit qu' à15 ans.
Ensuite, ils étaient mis en vétérance (pardon, en retraite), et recevaient alors..... la totalité de leurs appointements. Quelle chance! Oui, mais la mortalité était différente de celle d'aujourd'hui.
Par contre, leurs veuves, les malheureuses, ne touchaient qu'un cinquième de la pension du disparu s'il n'avait travaillé que 10 ans, et un quart pour 20 ans de labeur. C'est peu....
Et cela dura depuis Louis XVI jusqu'au 25 juillet 1830, à la fin du règne de Charles X.
Deux réflexions pour conclure...
Lorsqu'on aime son métier, on ne tient pas à le quitter, même s'il est pénible.
Si on me demandait aujourd'hui de rejoindre mon pupitre à l'ONL, j'accepterais sans réfléchir.... mais à mon âge, le pourrais-je encore ?....
Elle n'est pas faite pour moi ; je suis parmi ceux qui regardent avec nostalgie les autres travailler.
Eh oui, j'ai été malheureux le jour où mon employeur me signifia mon congé définitif. Je n'avais jamais pensé que cela puisse arriver....
Aujourd'hui on parle beaucoup de la pénibilité de certaines professions... La mienne l'était-elle ?
A l'Orchestre, nous n'avions ni dimanches ni jours de fête libres. Dame! C'est lorsque les autres sont en congé que les musiciens travaillent, sinon ils n'auraient pas de public!
Le jour de repos, à l'orchestre de Metz, était le lundi. Mais ce jour là, je devais assurer mes cours au conservatoire, les deux postes étant liés.
Je pense aux musiciens de la Chapelle du Roi qui, comme moi, n'avaient pas droit à un jour de liberté dans la semaine. Par contre, grâce à un édit de 1782, les chanteurs et les instrumentistes à cordes ne pouvaient travailler que pendant 20 ans, les "vents" n'ayant droit qu' à15 ans.
Ensuite, ils étaient mis en vétérance (pardon, en retraite), et recevaient alors..... la totalité de leurs appointements. Quelle chance! Oui, mais la mortalité était différente de celle d'aujourd'hui.
Par contre, leurs veuves, les malheureuses, ne touchaient qu'un cinquième de la pension du disparu s'il n'avait travaillé que 10 ans, et un quart pour 20 ans de labeur. C'est peu....
Et cela dura depuis Louis XVI jusqu'au 25 juillet 1830, à la fin du règne de Charles X.
Deux réflexions pour conclure...
Lorsqu'on aime son métier, on ne tient pas à le quitter, même s'il est pénible.
Si on me demandait aujourd'hui de rejoindre mon pupitre à l'ONL, j'accepterais sans réfléchir.... mais à mon âge, le pourrais-je encore ?....
mardi 16 novembre 2010
Ma moustache.....
(J'emploie le singulier car je ne suis pas marin et n'ai jamais manoeuvré de haubans.)
On m'a quelquefois demandé pourquoi je portais la moustache. La raison est fort simple.
Un jour du mois de mai 1946, Juliette LAIR, qui fut mon professeur de solfège au Conservatoire de Nancy, me fit appeler à son domicile. Elle était souffrante et ne pouvait se déplacer ; aussi me demanda-t-elle de bien vouloir assurer les cours qu'elle devait donner le jour-même à l'Ecole Normale de la Meurthe-et-Moselle.
Après avoir bien écouté ses consignes, me voilà parti, fier comme Artaban, pour remplir la mission qu'elle m'avait confiée.
En entrant dans la cour de l'établissement, je vis les normaliens, qui avaient pratiquement mon âge, se mettre en rang par deux sur plusieurs files. Eh oui, à cette époque les élèves étaient disciplinés, même à l'Ecole Normale.
J'avançais vers les groupes lorsqu'un surveillant, s'adressant à moi, m'enjoignit énergiquement de rallier mes "camarades" déjà rangés. Timidement, je risquai une explication à ma présence, mais le maître des futurs maîtres réitéra son injonction avec davantage d'intensité dans la voix.
On finit par se comprendre et le surveillant tourna les talons en maugréant, pour accompagner les groupes d'élèves-maîtres dans l'établissement.
Je ne me souviens plus comment se sont déroulés mes cours, pourtant les premiers que j'assumais, mais le jour-même, je décidai de laisser pousser ma moustache pour paraître plus âgé.
Elle crût lentement, et, au mois de juin suivant, mois de la Foire sur le cours Léopold, le critique musical de L'Est Républicain Alain AMANT, rendant compte de la préparation des concours de fin d'année scolaire au Conservatoire, terminait ainsi son article :
".... loin de la cohue du Grand Huit et des autoscooters, l'altiste travaille ses coups d'archet, tout en surveillant la croissance de sa naissante moustache."
Aujourd'hui, je me demande si raser ma moustache me ferait paraître plus jeune......
On m'a quelquefois demandé pourquoi je portais la moustache. La raison est fort simple.
Un jour du mois de mai 1946, Juliette LAIR, qui fut mon professeur de solfège au Conservatoire de Nancy, me fit appeler à son domicile. Elle était souffrante et ne pouvait se déplacer ; aussi me demanda-t-elle de bien vouloir assurer les cours qu'elle devait donner le jour-même à l'Ecole Normale de la Meurthe-et-Moselle.
Après avoir bien écouté ses consignes, me voilà parti, fier comme Artaban, pour remplir la mission qu'elle m'avait confiée.
En entrant dans la cour de l'établissement, je vis les normaliens, qui avaient pratiquement mon âge, se mettre en rang par deux sur plusieurs files. Eh oui, à cette époque les élèves étaient disciplinés, même à l'Ecole Normale.
J'avançais vers les groupes lorsqu'un surveillant, s'adressant à moi, m'enjoignit énergiquement de rallier mes "camarades" déjà rangés. Timidement, je risquai une explication à ma présence, mais le maître des futurs maîtres réitéra son injonction avec davantage d'intensité dans la voix.
On finit par se comprendre et le surveillant tourna les talons en maugréant, pour accompagner les groupes d'élèves-maîtres dans l'établissement.
Je ne me souviens plus comment se sont déroulés mes cours, pourtant les premiers que j'assumais, mais le jour-même, je décidai de laisser pousser ma moustache pour paraître plus âgé.
Elle crût lentement, et, au mois de juin suivant, mois de la Foire sur le cours Léopold, le critique musical de L'Est Républicain Alain AMANT, rendant compte de la préparation des concours de fin d'année scolaire au Conservatoire, terminait ainsi son article :
".... loin de la cohue du Grand Huit et des autoscooters, l'altiste travaille ses coups d'archet, tout en surveillant la croissance de sa naissante moustache."
Aujourd'hui, je me demande si raser ma moustache me ferait paraître plus jeune......
jeudi 11 novembre 2010
La bigamie, mode d'emploi...
Dans le cadre du Festival du film italien de Villerupt, le Républicain Lorrain du 7 novembre, à propos d'une oeuvre de Luca Lucini, a titré un article :"L'Art de se marier plutôt quatre fois qu'une".
J'ai immédiatement fait le rapprochement avec un musicien messin, violoneux plutôt que violoniste, maître de danse vivant au XVIIIe siècle. Il m'a, en effet, donné du fil à retordre dans mes recherches généalogiques.
Jean-Baptiste BARGALAS, né en 1747, épousa Barbe FLORENCE en 1767. Je découvris un second mariage en 1773 avec Elisabeth DUPUY. Je cherchai alors, tout naturellement, la date du décès de sa première femme, et je m' aperçus avec surprise, que celle-ci ne décéda qu'en 1778.
Mon étonnement devint stupeur lorsque je tombai sur un troisième mariage en 1783 avec Louise BECK, puis un quatrième l'année suivante avec Elisabeth PEGUINNE.
Il convola quatre fois du vivant de ses précédentes épousées ! Bargalas était bigame !
Vous paraissez perplexe, cher lecteur, devant la désinvolture de notre joueur de violon et vous vous demandez comment cela a-t-il été possible.
C'est fort simple. A cette époque l'état civil n'existait pas, seuls les registres paroissiaux recensaient les naissances, mariages et décès.
Il suffisait à Bargalas de choisir à chaque fois sa nouvelle épouse dans une paroisse différente et d'y déménager. Les braves curés de cette époque n'avaient pas l'habitude de se communiquer le contenu de leurs registres paroissiaux.
Il eut plusieurs enfants de ses quatre mariages. Son frère Nicolas, également violoneux, épousa aussi plusieurs femmes. Mais lui, attendit patiemment leur décès avant de convoler à nouveau.
Cher lecteur, ne montrez pas ce billet à n'importe qui, il pourrait susciter d'inquiétantes initiatives.....
J'ai immédiatement fait le rapprochement avec un musicien messin, violoneux plutôt que violoniste, maître de danse vivant au XVIIIe siècle. Il m'a, en effet, donné du fil à retordre dans mes recherches généalogiques.
Jean-Baptiste BARGALAS, né en 1747, épousa Barbe FLORENCE en 1767. Je découvris un second mariage en 1773 avec Elisabeth DUPUY. Je cherchai alors, tout naturellement, la date du décès de sa première femme, et je m' aperçus avec surprise, que celle-ci ne décéda qu'en 1778.
Mon étonnement devint stupeur lorsque je tombai sur un troisième mariage en 1783 avec Louise BECK, puis un quatrième l'année suivante avec Elisabeth PEGUINNE.
Il convola quatre fois du vivant de ses précédentes épousées ! Bargalas était bigame !
Vous paraissez perplexe, cher lecteur, devant la désinvolture de notre joueur de violon et vous vous demandez comment cela a-t-il été possible.
C'est fort simple. A cette époque l'état civil n'existait pas, seuls les registres paroissiaux recensaient les naissances, mariages et décès.
Il suffisait à Bargalas de choisir à chaque fois sa nouvelle épouse dans une paroisse différente et d'y déménager. Les braves curés de cette époque n'avaient pas l'habitude de se communiquer le contenu de leurs registres paroissiaux.
Il eut plusieurs enfants de ses quatre mariages. Son frère Nicolas, également violoneux, épousa aussi plusieurs femmes. Mais lui, attendit patiemment leur décès avant de convoler à nouveau.
Cher lecteur, ne montrez pas ce billet à n'importe qui, il pourrait susciter d'inquiétantes initiatives.....
lundi 8 novembre 2010
Au commencement était l'école de musique.....
Ce matin, j'ai reçu un appel téléphonique qui m'a touché et ravivé des souvenirs d'une époque bien lointaine -- plus de 50 années --, au cours de laquelle René Schabel et moi-même avons développé l'Ecole de musique de Montigny-lès-Metz, et avant que j'en assume la direction.
Alain est un ancien élève qui suivait mes cours de solfège et la classe de clarinette de Marcel Aspour. Il n'est pas devenu musicien et en avait presque comme un regret dans la voix.
Il a consacré son existence à l'architecture et conservé un souvenir très précis de sa période d'études musicales à Montigny, où il ne demeure plus.
Au cours de notre conversation, il m'a fait part de son émotion lorsque je l'emmenais au théâtre, dans ma 2 CV, avec d'autres camarades, pour assister à un concert de l'Orchestre municipal de Metz. Ce jour-là, m'a-t-il dit, il mettait son plus beau costume.
J'avais oublié, qu'avec l'aide de la municipalité, je faisais profiter les élèves les plus méritants de l'Ecole, de cet appoint pédagogique indispensable : l'écoute en direct de bonne musique, exécutée par des artistes de qualité.
Merci Alain de me l'avoir rappelé.
C'est la seconde fois cette semaine que quelqu'un se souvient avoir suivi jadis mes cours de solfège...
....... et ne m'en fait pas reproche...... (soupirs de soulagement).
Alain est un ancien élève qui suivait mes cours de solfège et la classe de clarinette de Marcel Aspour. Il n'est pas devenu musicien et en avait presque comme un regret dans la voix.
Il a consacré son existence à l'architecture et conservé un souvenir très précis de sa période d'études musicales à Montigny, où il ne demeure plus.
Au cours de notre conversation, il m'a fait part de son émotion lorsque je l'emmenais au théâtre, dans ma 2 CV, avec d'autres camarades, pour assister à un concert de l'Orchestre municipal de Metz. Ce jour-là, m'a-t-il dit, il mettait son plus beau costume.
J'avais oublié, qu'avec l'aide de la municipalité, je faisais profiter les élèves les plus méritants de l'Ecole, de cet appoint pédagogique indispensable : l'écoute en direct de bonne musique, exécutée par des artistes de qualité.
Merci Alain de me l'avoir rappelé.
C'est la seconde fois cette semaine que quelqu'un se souvient avoir suivi jadis mes cours de solfège...
....... et ne m'en fait pas reproche...... (soupirs de soulagement).
samedi 30 octobre 2010
Réunion des théâtres ?
Le Républicain Lorrain du 14 septembre dernier, faisait part d'une rumeur concernant une direction commune pour les théâtres de Metz et de Nancy.
L'idée n'est pas nouvelle. Déjà dans le passé, un seul directeur assurait l'animation des deux scènes lorraines. A ma connaissance, il s'agissait de Guillaume DUPUIS en 1805. A cette époque, les théâtres de province, comme ceux de Paris, possédaient leurs propres troupes permanentes, l'une de comédie, l'autre d'opéra. Tous les deux ou trois mois, les compagnies alternaient leur présence entre Nancy et Metz.
Puis, par le règlement général des théâtres du 25 avril 1807, des troupes ambulantes furent créées en France. Les théâtres réunis de Metz et de Nancy se virent attribuer une troisième troupe, mixte, destinée à desservir Lunéville, Toul, Pont-à-Mousson, Phalsbourg, Bar-le-Duc, Verdun, Thionville et Longwy. C'était une entreprise de grande envergure qui se poursuivit avec le successeur de Dupuis, Antoine HERBELOT.
Sous la direction de ce dernier, lors du blocus de Metz en 1814, alors que les spectacles se poursuivaient dans les deux villes, la troupe d'opéra resta immobilisée à Nancy, celle de comédie ne pouvant sortir de Metz. La double direction cessa d'exister.
Mais elle reprit par décret ministériel du 8 janvier 1821 sous la direction de Jules FERRAND, pour cesser à nouveau le 13 juillet 1824. Après un projet avorté en 1827, la double direction fonctionna à nouveau en 1840 pour une saison seulement.
Très entreprenant, le directeur Emile KRETZ dit MARCK réussit à réunir les deux théâtres le 14 avril 1864. A cette occasion, présent à Nancy, le poète Théodore de BANVILLE écrivit un prologue en vers, célébrant les deux villes soeurs. Je n'ai pas retrouvé cette pièce dans les oeuvres complètes de l'écrivain, alors que Jean-Julien Barbé en cite plusieurs couplets en 1935.
Et voilà qu'aujourd'hui l'idée revient d'une double direction des théâtres de Metz et de Nancy !
Mais alors, va-t-on également recréer des troupes permanentes de comédie et d'opéra ?
Quel bonheur......
L'idée n'est pas nouvelle. Déjà dans le passé, un seul directeur assurait l'animation des deux scènes lorraines. A ma connaissance, il s'agissait de Guillaume DUPUIS en 1805. A cette époque, les théâtres de province, comme ceux de Paris, possédaient leurs propres troupes permanentes, l'une de comédie, l'autre d'opéra. Tous les deux ou trois mois, les compagnies alternaient leur présence entre Nancy et Metz.
Puis, par le règlement général des théâtres du 25 avril 1807, des troupes ambulantes furent créées en France. Les théâtres réunis de Metz et de Nancy se virent attribuer une troisième troupe, mixte, destinée à desservir Lunéville, Toul, Pont-à-Mousson, Phalsbourg, Bar-le-Duc, Verdun, Thionville et Longwy. C'était une entreprise de grande envergure qui se poursuivit avec le successeur de Dupuis, Antoine HERBELOT.
Sous la direction de ce dernier, lors du blocus de Metz en 1814, alors que les spectacles se poursuivaient dans les deux villes, la troupe d'opéra resta immobilisée à Nancy, celle de comédie ne pouvant sortir de Metz. La double direction cessa d'exister.
Mais elle reprit par décret ministériel du 8 janvier 1821 sous la direction de Jules FERRAND, pour cesser à nouveau le 13 juillet 1824. Après un projet avorté en 1827, la double direction fonctionna à nouveau en 1840 pour une saison seulement.
Très entreprenant, le directeur Emile KRETZ dit MARCK réussit à réunir les deux théâtres le 14 avril 1864. A cette occasion, présent à Nancy, le poète Théodore de BANVILLE écrivit un prologue en vers, célébrant les deux villes soeurs. Je n'ai pas retrouvé cette pièce dans les oeuvres complètes de l'écrivain, alors que Jean-Julien Barbé en cite plusieurs couplets en 1935.
Et voilà qu'aujourd'hui l'idée revient d'une double direction des théâtres de Metz et de Nancy !
Mais alors, va-t-on également recréer des troupes permanentes de comédie et d'opéra ?
Quel bonheur......
samedi 23 octobre 2010
Mon premier gain....
Ce matin, le Républicain Lorrain annonçait le Mondial de la bière, se déroulant à Strasbourg. En Lorraine, il n'y a pratiquement plus de brasseries et la culture du houblon a disparu.
Avant 1940, dans la campagne lorraine, on voyait de grands champs plantés de longs poteaux régulièrement espacés, autour desquels s'enroulait cette plante vivace et aromatique.
Un jour, j'avais huit ans et je passais mes vacances à Dieulouard chez mes grands parents maternels, ma grand-mère m'emmena avec elle à la cueillette du houblon. Toutes les femmes du village participaient à cette activité qui consistait à prélever sur les tiges de la plante, souvent longues de plus de dix mètres, les cônes servant à donner un goût amer à la bière. Au préalable, ces tiges avaient été détachées des poteaux par les ouvriers du cultivateur.
Chaque cueilleuse s'installait au milieu des plantes jonchant le sol, assise sur un petit tabouret, et remplissait un panier qu'elle allait ensuite déverser dans un grand sac. Pour chaque panier, elle recevait un ticket, bon pour une somme d'argent.
Mon panier étant bien plus petit, je n'avais droit qu'à un demi ticket.
A la fin de la journée, en échanges de leurs reçus, les cueilleuses étaient rétribuées pour leur labeur.
Lorsque le cultivateur me glissa dans la main les quelques pièces que j'avais méritées, je me souviens d'un grand désarroi, voire bouleversement dans mon esprit : je venais de découvrir la loi économique de l'existence, travailler pour gagner de l'argent et vivre de ce travail.
Oh, je n'avais eu que quelques centimes..., mais je les ai gardés longtemps malgré mon désir insatiable de friandises. Pensez ! mon premier gain !
Avant 1940, dans la campagne lorraine, on voyait de grands champs plantés de longs poteaux régulièrement espacés, autour desquels s'enroulait cette plante vivace et aromatique.
Un jour, j'avais huit ans et je passais mes vacances à Dieulouard chez mes grands parents maternels, ma grand-mère m'emmena avec elle à la cueillette du houblon. Toutes les femmes du village participaient à cette activité qui consistait à prélever sur les tiges de la plante, souvent longues de plus de dix mètres, les cônes servant à donner un goût amer à la bière. Au préalable, ces tiges avaient été détachées des poteaux par les ouvriers du cultivateur.
Chaque cueilleuse s'installait au milieu des plantes jonchant le sol, assise sur un petit tabouret, et remplissait un panier qu'elle allait ensuite déverser dans un grand sac. Pour chaque panier, elle recevait un ticket, bon pour une somme d'argent.
Mon panier étant bien plus petit, je n'avais droit qu'à un demi ticket.
A la fin de la journée, en échanges de leurs reçus, les cueilleuses étaient rétribuées pour leur labeur.
Lorsque le cultivateur me glissa dans la main les quelques pièces que j'avais méritées, je me souviens d'un grand désarroi, voire bouleversement dans mon esprit : je venais de découvrir la loi économique de l'existence, travailler pour gagner de l'argent et vivre de ce travail.
Oh, je n'avais eu que quelques centimes..., mais je les ai gardés longtemps malgré mon désir insatiable de friandises. Pensez ! mon premier gain !
jeudi 21 octobre 2010
L'essor d'une famille klezmer....
Un colloque intitulé La Synagogue : architecture, art et liturgie, auquel est associée l'Académie Nationale de Metz, se déroulera dimanche 24 octobre au Couvent des Récollets.
Je me souviens que, dans un précédent billet, j'avais promis d'évoquer certains événements musicaux s'étant produits à la synagogue de Metz au XIXe siècle.
C'est le 12 décembre 1817, qu'une petite troupe de musiciens ambulants, peut-être des klezmorim, vint se produire dans le temple hébraïque. Ce groupe était conduit par Moyse LEVY, chantre de Strasbourg, deux de ses cinq fils, Isaac, 18 ans violoniste et Lazare, 16 ans violoncelliste. Accompagné de la basse Heim, le quatuor obtint un tel succès, qu'il leur fallu récidiver le lendemain 13 décembre ; puis tous les bourgeois de Metz voulurent les faire jouer dans leurs salons, y compris le préfet qui les reçut le 18 décembre. Enfin la Société Philharmonique organisa un concert avec eux et à leur bénéfice, le 24 décembre.
J'en ignore la raison, mais peu après, Moyse LEVY adopta le pseudonyme WALDTEUFEL. C'est ainsi que Lazare LEVY revint à Metz sous le nom de Louis WALDTEUFEL, violoncelliste et harpiste. Il était accompagné de deux autres de ses frères, Nathan, également violoncelliste et Salomon, violoniste. Ils donnèrent deux concerts au foyer du théâtre les 6 et 14 juin 1826.
L'année suivante, on apprend par la presse du 16 juin 1827, que le propriétaire du café du Heaume, venait d'engager "les sieurs Straus et Levy frères, artistes de Strasbourg, pour donner des soirées musicales " de 6 à 10 heures. ".... nous avons été charmé de l'ensemble admirable et de l'exécution parfaite (...) de divers morceaux dont le choix fait honneur au goût et aux talens de ces musiciens".
Enfin, en 1840, Louis WALDTEUFEL, violoncelle solo à l'orchestre de Strasbourg, se produisit à Metz le 24 juillet, avec la participation de la pianiste messine Louise HENRY, du baryton Henri-Jules BAPTISTE, nouveau directeur du théâtre, d'une demoiselle anonyme soprano, et, fait très rare, de Victor DESVIGNES au violon. Le fondateur et directeur du conservatoire ne pouvait refuser son concours à son ami WALDTEUFEL, avec lequel il avait souvent joué en Allemagne, malgré sa santé défaillante.
Ce concert de musique de chambre se termina avec une oeuvre de Paganini, transposée pour le violoncelle par l'interprète, ce qui prouve une certaine aisance sur son instrument.
Louis revint une dernière fois à Metz, où il participa, avec d'autres virtuoses de passage, à un concert commun donné au foyer du théâtre le 18 mars 1842.
Deux ans plus tard, Louis WALDTEUFEL partit s'installer à Paris, sans doute touché par la Haskala, afin que ses enfants puissent suivre les cours au Conservatoire National de musique. Lui-même deviendra directeur des bals du roi Louis-Philippe.
D'autres membres de cette brillante famille de musiciens devinrent célèbres, dont Emile WALDTEUFEL le roi de la valse, fils de Louis. Je les évoquerai, si vous voulez bien, dans un autre billet, celui-ci étant déjà bien chargé.
Je me souviens que, dans un précédent billet, j'avais promis d'évoquer certains événements musicaux s'étant produits à la synagogue de Metz au XIXe siècle.
C'est le 12 décembre 1817, qu'une petite troupe de musiciens ambulants, peut-être des klezmorim, vint se produire dans le temple hébraïque. Ce groupe était conduit par Moyse LEVY, chantre de Strasbourg, deux de ses cinq fils, Isaac, 18 ans violoniste et Lazare, 16 ans violoncelliste. Accompagné de la basse Heim, le quatuor obtint un tel succès, qu'il leur fallu récidiver le lendemain 13 décembre ; puis tous les bourgeois de Metz voulurent les faire jouer dans leurs salons, y compris le préfet qui les reçut le 18 décembre. Enfin la Société Philharmonique organisa un concert avec eux et à leur bénéfice, le 24 décembre.
J'en ignore la raison, mais peu après, Moyse LEVY adopta le pseudonyme WALDTEUFEL. C'est ainsi que Lazare LEVY revint à Metz sous le nom de Louis WALDTEUFEL, violoncelliste et harpiste. Il était accompagné de deux autres de ses frères, Nathan, également violoncelliste et Salomon, violoniste. Ils donnèrent deux concerts au foyer du théâtre les 6 et 14 juin 1826.
L'année suivante, on apprend par la presse du 16 juin 1827, que le propriétaire du café du Heaume, venait d'engager "les sieurs Straus et Levy frères, artistes de Strasbourg, pour donner des soirées musicales " de 6 à 10 heures. ".... nous avons été charmé de l'ensemble admirable et de l'exécution parfaite (...) de divers morceaux dont le choix fait honneur au goût et aux talens de ces musiciens".
Enfin, en 1840, Louis WALDTEUFEL, violoncelle solo à l'orchestre de Strasbourg, se produisit à Metz le 24 juillet, avec la participation de la pianiste messine Louise HENRY, du baryton Henri-Jules BAPTISTE, nouveau directeur du théâtre, d'une demoiselle anonyme soprano, et, fait très rare, de Victor DESVIGNES au violon. Le fondateur et directeur du conservatoire ne pouvait refuser son concours à son ami WALDTEUFEL, avec lequel il avait souvent joué en Allemagne, malgré sa santé défaillante.
Ce concert de musique de chambre se termina avec une oeuvre de Paganini, transposée pour le violoncelle par l'interprète, ce qui prouve une certaine aisance sur son instrument.
Louis revint une dernière fois à Metz, où il participa, avec d'autres virtuoses de passage, à un concert commun donné au foyer du théâtre le 18 mars 1842.
Deux ans plus tard, Louis WALDTEUFEL partit s'installer à Paris, sans doute touché par la Haskala, afin que ses enfants puissent suivre les cours au Conservatoire National de musique. Lui-même deviendra directeur des bals du roi Louis-Philippe.
D'autres membres de cette brillante famille de musiciens devinrent célèbres, dont Emile WALDTEUFEL le roi de la valse, fils de Louis. Je les évoquerai, si vous voulez bien, dans un autre billet, celui-ci étant déjà bien chargé.
mardi 12 octobre 2010
Pauvre Verdi.....
On joue Macbeth en ce moment sur le théâtre de Metz.
Georges Masson en a fait la critique d'une plume désabusée.
Une fois encore la mise en scène, faisant fi d'un texte situant des faits historiques fort anciens, même légendaires, ramène ceux-ci à notre époque moderne avec une absurdité incompréhensible. Est-ce de la naïveté ? de l'ignorance ? de la bêtise ? ou simplement de la provocation ?
De toute manière, on ne s'amuse pas ainsi en public avec un chef-d'oeuvre. Pauvre Shakespeare, pauvre Verdi... vous êtes attaqués et personne ne vous défend, sinon le public messin qui a sifflé cette mise en scène ridicule et dont une partie a quitté la salle avant la fin de l'ouvrage.
Ce n'est pas la première fois qu'à Metz on rencontre ce genre d'iconoclasme. Je me souviens d'un final dans lequel Tosca se suicidait à l'aide d'un revolver sorti on ne sait d'où.
Même à Bayreuth cette maladie insidieuse a pénétré depuis quelques années. La Tétralogie représentée en costumes d'aujourd'hui m'a fait fuir le temple wagnérien où j'allais chaque été avec tant d'émotion. Les filles du Rhin habillées en péripatéticiennes, Siegfried se mariant en smoking et les guerriers de Hagen vêtus en parachutistes armés de mitraillettes...... c'était d'une telle bouffonnerie que la musique du Maître ne parvenait plus à m'émouvoir....
Voilà, je crois que j'ai trouvé le mot que je cherchais depuis le début de mon billet : bouffonnerie !
Et on s'étonnera que les représentations lyriques n'attirent plus le public.....
Georges Masson en a fait la critique d'une plume désabusée.
Une fois encore la mise en scène, faisant fi d'un texte situant des faits historiques fort anciens, même légendaires, ramène ceux-ci à notre époque moderne avec une absurdité incompréhensible. Est-ce de la naïveté ? de l'ignorance ? de la bêtise ? ou simplement de la provocation ?
De toute manière, on ne s'amuse pas ainsi en public avec un chef-d'oeuvre. Pauvre Shakespeare, pauvre Verdi... vous êtes attaqués et personne ne vous défend, sinon le public messin qui a sifflé cette mise en scène ridicule et dont une partie a quitté la salle avant la fin de l'ouvrage.
Ce n'est pas la première fois qu'à Metz on rencontre ce genre d'iconoclasme. Je me souviens d'un final dans lequel Tosca se suicidait à l'aide d'un revolver sorti on ne sait d'où.
Même à Bayreuth cette maladie insidieuse a pénétré depuis quelques années. La Tétralogie représentée en costumes d'aujourd'hui m'a fait fuir le temple wagnérien où j'allais chaque été avec tant d'émotion. Les filles du Rhin habillées en péripatéticiennes, Siegfried se mariant en smoking et les guerriers de Hagen vêtus en parachutistes armés de mitraillettes...... c'était d'une telle bouffonnerie que la musique du Maître ne parvenait plus à m'émouvoir....
Voilà, je crois que j'ai trouvé le mot que je cherchais depuis le début de mon billet : bouffonnerie !
Et on s'étonnera que les représentations lyriques n'attirent plus le public.....
samedi 2 octobre 2010
La fosse d'orchestre...
Dans mon quotidien de ce matin, je lis en page 2 du 2d feuillet, que les spectateurs, à l'occasion de la Nuit Blanche à Metz, étaient installés dans la fausse d'orchestre à l'Opéra-Théâtre.
Pour y avoir passé de nombreuses heures musicales, je puis affirmer que cet emplacement réservé à l'orchestre dans les spectacles lyriques, est bien vrai et réel. Peut-être, à certains moments, a-t-on pu percevoir accidentellement une fausse note.... et encore....
Lorsque je suis arrivé à Metz, j'ai été surpris de l'étroitesse de la fosse d'orchestre du théâtre. Quand la formation municipale complète était installée, il était difficile de se déplacer. Il faut préciser qu'à l'époque de la construction du théâtre, les ouvrages lyriques n'exigeaient qu'un ensemble orchestral de petite taille.
C'est le chef d'orchestre Adolphe VERGE-LAURENT, engagé au théâtre, qui a obtenu de la municipalité, de creuser sous la scène afin d'agrandir la fosse en escaliers descendants, lui donnant ainsi -- toute proportion gardée --, la forme de celle du Festspiel de Bayreuth.
Vergé-Laurent possédait une oreille exceptionnellement directionnelle. Lorsqu'un chef d'orchestre remarquait une erreur parmi la vingtaine de violonistes d'un pupitre, il ignorait lequel s'était trompé. Vergé-Laurent pointait son index sur le fautif, même au dernier pupitre : "Vous monsieur (ou madame), vous avez joué un si naturel au lieu d'un si b!".
C'est peut-être la raison pour laquelle il n'a pas fait carrière...
Je l'ai retrouvé un jour, jouant du piano à la terrasse d'une brasserie avenue de Verdun à Menton.
Quel gâchis.......
Pour y avoir passé de nombreuses heures musicales, je puis affirmer que cet emplacement réservé à l'orchestre dans les spectacles lyriques, est bien vrai et réel. Peut-être, à certains moments, a-t-on pu percevoir accidentellement une fausse note.... et encore....
Lorsque je suis arrivé à Metz, j'ai été surpris de l'étroitesse de la fosse d'orchestre du théâtre. Quand la formation municipale complète était installée, il était difficile de se déplacer. Il faut préciser qu'à l'époque de la construction du théâtre, les ouvrages lyriques n'exigeaient qu'un ensemble orchestral de petite taille.
C'est le chef d'orchestre Adolphe VERGE-LAURENT, engagé au théâtre, qui a obtenu de la municipalité, de creuser sous la scène afin d'agrandir la fosse en escaliers descendants, lui donnant ainsi -- toute proportion gardée --, la forme de celle du Festspiel de Bayreuth.
Vergé-Laurent possédait une oreille exceptionnellement directionnelle. Lorsqu'un chef d'orchestre remarquait une erreur parmi la vingtaine de violonistes d'un pupitre, il ignorait lequel s'était trompé. Vergé-Laurent pointait son index sur le fautif, même au dernier pupitre : "Vous monsieur (ou madame), vous avez joué un si naturel au lieu d'un si b!".
C'est peut-être la raison pour laquelle il n'a pas fait carrière...
Je l'ai retrouvé un jour, jouant du piano à la terrasse d'une brasserie avenue de Verdun à Menton.
Quel gâchis.......
dimanche 19 septembre 2010
L'Orchestre municipal de Metz
Depuis 1794, il y eut toujours un orchestre symphonique à Metz. A une certaine époque, et j'y reviendrai, deux orchestres d'égale importance se produisaient à tour de rôle dans la ville, pour le plus grand bonheur des nombreux mélomanes.
Depuis quelques jours, Le Républicain Lorrain publie des articles inquiétants sur la survie de l'Orchestre National de Lorraine. Puis hier, un avis mortuaire annonçant le décès de Andrée RENEZE-EMERY, me ramena 64 ans en arrière, à la fondation en 1946 de l'Orchestre municipal de Metz.
Aujourd'hui, à ma connaissance, et après la disparition de Andrée, deux anciens collègues et amis ayant connu cette création, sont encore de ce monde : Maurice LEBLAN, contrebasse solo et René SCHABEL, 1er violon.
C'est le 2 août 1946 que le Conseil municipal de Metz, sous la présidence du maire Gabriel HOCQUARD, décida la création d'un orchestre municipal formé de musiciens professionnels. Le projet initial prévoyait un effectif de 45 musiciens en comptant les dix professeurs du conservatoire.
Les concours de recrutement se déroulèrent les 18-19-20 septembre 1946. Hélas, seuls 17 instrumentistes compétents furent retenus sur les 35 espérés. Plutôt que de refaire un nouveau concours, trop onéreux, on préféra "rattraper"quelques musiciens. D'autres, appartenant à un service municipal de l'Hôtel de Ville, furent changés d'affectation, comme Paul LAMBERT, 2de clarinette et Aimé AUBRY, 2de trompette.
Deux excellents instrumentistes, Emile LENERT et Ferdinand BERBUTO, malgré leur brillant concours, furent écartés parce qu'ils étaient Belges naturalisés Français (!!). Mais bien vite le premier rejoignit le pupitre des 1ers violons et l'autre la place de 2d violoncelle solo.
Finalement l'effectif du nouvel orchestre se stabilisa à 33 instrumentistes, et on continua, durant plusieurs années encore, à engager des musiciens supplémentaires pour compléter une si mince formation.
Depuis quelques jours, Le Républicain Lorrain publie des articles inquiétants sur la survie de l'Orchestre National de Lorraine. Puis hier, un avis mortuaire annonçant le décès de Andrée RENEZE-EMERY, me ramena 64 ans en arrière, à la fondation en 1946 de l'Orchestre municipal de Metz.
Aujourd'hui, à ma connaissance, et après la disparition de Andrée, deux anciens collègues et amis ayant connu cette création, sont encore de ce monde : Maurice LEBLAN, contrebasse solo et René SCHABEL, 1er violon.
C'est le 2 août 1946 que le Conseil municipal de Metz, sous la présidence du maire Gabriel HOCQUARD, décida la création d'un orchestre municipal formé de musiciens professionnels. Le projet initial prévoyait un effectif de 45 musiciens en comptant les dix professeurs du conservatoire.
Les concours de recrutement se déroulèrent les 18-19-20 septembre 1946. Hélas, seuls 17 instrumentistes compétents furent retenus sur les 35 espérés. Plutôt que de refaire un nouveau concours, trop onéreux, on préféra "rattraper"quelques musiciens. D'autres, appartenant à un service municipal de l'Hôtel de Ville, furent changés d'affectation, comme Paul LAMBERT, 2de clarinette et Aimé AUBRY, 2de trompette.
Deux excellents instrumentistes, Emile LENERT et Ferdinand BERBUTO, malgré leur brillant concours, furent écartés parce qu'ils étaient Belges naturalisés Français (!!). Mais bien vite le premier rejoignit le pupitre des 1ers violons et l'autre la place de 2d violoncelle solo.
Finalement l'effectif du nouvel orchestre se stabilisa à 33 instrumentistes, et on continua, durant plusieurs années encore, à engager des musiciens supplémentaires pour compléter une si mince formation.
vendredi 17 septembre 2010
A propos du Château de Lunéville
Ayant été sollicité par la revue annuelle Les Cahiers du Château de Lunéville, éditée par le Conseil Général de Meurthe-et-Moselle, pour écrire un article sur la musique jouée dans la chapelle sous les ducs Léopold et Stanislas, je proposai un texte dans lequel je faisais précéder par des souvenirs personnels, le cours des événements historiques.
Cette manière de libeller ne reçut pas l'agrément des rédacteurs de la publication. Mon texte fut censuré... jusqu'au titre.
C'est la raison pour laquelle j'offre aujourd'hui la partie "boutée" de mon article :
La Chapelle......... cantare e sonare
Le samedi 18 août 1957, j'entrais pour la première fois dans la chapelle du château de Lunéville. Il était environ 10 heures, et déjà la journée s'annonçait chaude. Pourtant l'atmosphère de la petite nef était d'une exquise fraîcheur qui contrastait agréablement avec la lourdeur précoce de cette matinée d'été.
Je devais, le soir même, donner un concert en ce lieu, avec mon ensemble Les Instruments anciens de Lorraine, invité par l'association Les Amis du Château de Lunéville, récital enregistré par Radio-Lorraine-Champagne.
Je sortis ma viole de son étui et jouai quelques notes, afin de tester cet endroit inconnu. Ce fut un enchantement... L'acoustique était idéale et surtout inattendue. En effet, dans ce genre d'édifice, la résonance est quelquefois trop longue, ce qui m'oblige à modifier le tempo de certaines oeuvres, et rend l'interprétation nerveuse. J'étais tranquillisé. Ce soir, pensais-je, nous allons jouer en nous plongeant dans l'intimité de la musique, oubliant les soucis techniques et matériels qui faussent souvent une bonne exécution.
Ce concert fut le premier d'une longue série d'autres prestations qui se déroulèrent dans la chapelle jusqu'en 1969. Bien entendu, dès le début de ces visites au château, j'ai souhaité interpréter des oeuvres ayant été créées ou jouées à Lunéville. Le compositeur qui m'est venu d'abord à l'esprit fut Henry Desmarest, surintendant du duc Léopold de 1707 à 1737. Celui-ci, figurant déjà sur le programme de 1957, était encore inconnu, et c'est à Lunéville qu'il fut redécouvert, car figurant à chacun de mes récitals, sous forme d'extraits d'ouvrages lyriques ou religieux, avec ou sans chanteurs.
Aujourd'hui, grâce à l'excellent ouvrage que Michel Antoine lui consacra en 1965 puis à l'édition et l'exécution de ses oeuvres principales par le Centre de musique baroque de Versailles, la musique de Desmarest est connue de tous.
On peut lire la suite dans Les Cahiers du Château de Lunéville n° 6, à paraître incessamment, sous le titre La musique à la cour de Lunéville au XVIIIe siècle.
Les éditions des précédentes années étant fort intéressantes, celle de 2010 le sera sans doute tout autant. De plus, Les Cahiers sont vendus au bénéfice de la réfection du château.
Faites en l'acquisition...
Cette manière de libeller ne reçut pas l'agrément des rédacteurs de la publication. Mon texte fut censuré... jusqu'au titre.
C'est la raison pour laquelle j'offre aujourd'hui la partie "boutée" de mon article :
La Chapelle......... cantare e sonare
Le samedi 18 août 1957, j'entrais pour la première fois dans la chapelle du château de Lunéville. Il était environ 10 heures, et déjà la journée s'annonçait chaude. Pourtant l'atmosphère de la petite nef était d'une exquise fraîcheur qui contrastait agréablement avec la lourdeur précoce de cette matinée d'été.
Je devais, le soir même, donner un concert en ce lieu, avec mon ensemble Les Instruments anciens de Lorraine, invité par l'association Les Amis du Château de Lunéville, récital enregistré par Radio-Lorraine-Champagne.
Je sortis ma viole de son étui et jouai quelques notes, afin de tester cet endroit inconnu. Ce fut un enchantement... L'acoustique était idéale et surtout inattendue. En effet, dans ce genre d'édifice, la résonance est quelquefois trop longue, ce qui m'oblige à modifier le tempo de certaines oeuvres, et rend l'interprétation nerveuse. J'étais tranquillisé. Ce soir, pensais-je, nous allons jouer en nous plongeant dans l'intimité de la musique, oubliant les soucis techniques et matériels qui faussent souvent une bonne exécution.
Ce concert fut le premier d'une longue série d'autres prestations qui se déroulèrent dans la chapelle jusqu'en 1969. Bien entendu, dès le début de ces visites au château, j'ai souhaité interpréter des oeuvres ayant été créées ou jouées à Lunéville. Le compositeur qui m'est venu d'abord à l'esprit fut Henry Desmarest, surintendant du duc Léopold de 1707 à 1737. Celui-ci, figurant déjà sur le programme de 1957, était encore inconnu, et c'est à Lunéville qu'il fut redécouvert, car figurant à chacun de mes récitals, sous forme d'extraits d'ouvrages lyriques ou religieux, avec ou sans chanteurs.
Aujourd'hui, grâce à l'excellent ouvrage que Michel Antoine lui consacra en 1965 puis à l'édition et l'exécution de ses oeuvres principales par le Centre de musique baroque de Versailles, la musique de Desmarest est connue de tous.
On peut lire la suite dans Les Cahiers du Château de Lunéville n° 6, à paraître incessamment, sous le titre La musique à la cour de Lunéville au XVIIIe siècle.
Les éditions des précédentes années étant fort intéressantes, celle de 2010 le sera sans doute tout autant. De plus, Les Cahiers sont vendus au bénéfice de la réfection du château.
Faites en l'acquisition...
mardi 14 septembre 2010
Les Juifs et la musique à Metz au XVIIIe siècle
Dans Le Républicain Lorrain de ce jour, on peut lire l'intéressante critique de Georges MASSON sur le concert donné à l'occasion des "Journées européennes de la Culture juive". Cet article évoque pour moi les manifestations musicales des Juifs de Metz lors d'événements importants, que j'ai décrits dans mon ouvrage "Metz et la musique au XVIIIe siècle", Editions Serpenoise, 1992.
Par exemple, on peut lire dans "Journal de ce qui s'est fait pour la réception du Roy et pendant son séjour à Metz", manuscrit de Lacroix conservé aux Archives municipales de la ville, que les Juifs de Metz, enthousiasmés par la présence de Louis XV en août 1744, construisirent une arche au travers de la rue qui leur était réservée : "Cette arche renfermait les joueurs d'instrumens, violons, basses, hautbois, bassons et cors de chasse qui se faisaient entendre alternativement avec les trompettes et les hautbois qui précédaient les premières troupes". "..... le Chantre principal qui était à cheval, après avoir entonné en Hébreu une prière pour la conservation de Sa Majesté à laquelle tous les Juifs répondaient de tems en tems, les musiciens ont chanté un Cantique aussi en langue hébraïque dans un goût singulier ; il était entremêlé de récitatifs, de choeurs, de ritournelles et autres airs, dans lesquels les Cors de chasse et trompettes entraient de moment à autre".
On trouve également dans les Annales de Baltus, que le 15 septembre 1751, à l'occasion de la naissance de Louis de Bourgogne, fils du Dauphin et petit-fils de Louis XV: "Les Juifs se rendent en cortège au Palais du Gouvernement où ils ont chanté en choeur des chansons hébraïques dans le goust italien, et plusieurs solo, dans lesquels le chantre arménien s'est distingué par des inflexions de voix et sons singuliers et mélodieux".
Le 8 septembre 1775, le maréchal de Broglie, nouveau gouverneur, entrait à Metz. Les Affiches des Trois-Evêchés et de Lorraine du 14, annonçaient : "Les Juifs avaient fait construire devant leur synagogue, un Arc de triomphe aussi brillant que singulier. Au-dessus était un groupe de musiciens qui mêlaient le bruit de leur instrument aux acclamations des citoyens".
En novembre de la même année, le Parlement de Metz fut rétabli. Au milieu des réjouissances générales, "... les Juifs, que l'on tolère à Metz, crurent devoir se distinguer en cette occasion ; ils avaient fait construire une galerie qui traversait leur rue et où l'on avait placé une troupe de musiciens". (Les Affiches du 30 novembre 1775).
A l'occasion de la naissance du dauphin Louis-Joseph en 1781, les Juifs firent exécuter un cantique hébraïque dans la synagogue, le 18 novembre. Ils firent de même en août 1783, lors de la visite à Metz de Monsieur, futur Louis XVIII. Les Affiches du 28 août donnent la description détaillée de ce cantique, composé "d'une ouverture en symphonie, récitatif, adagio, air affectuoso, récitatif crescendo, air andante, récitatif rinforzando, air allegramento, avec timbales et trompettes". Ouf !
A la lecture des journaux et chroniques du XVIIIe siècle, on peut trouver beaucoup d'autres témoignages de la présence de la musique juive à Metz.
Dans un autre propos, j'évoquerai des événements musicaux à la synagogue de Metz au XIXe siècle.
Ils furent florissants.....
Par exemple, on peut lire dans "Journal de ce qui s'est fait pour la réception du Roy et pendant son séjour à Metz", manuscrit de Lacroix conservé aux Archives municipales de la ville, que les Juifs de Metz, enthousiasmés par la présence de Louis XV en août 1744, construisirent une arche au travers de la rue qui leur était réservée : "Cette arche renfermait les joueurs d'instrumens, violons, basses, hautbois, bassons et cors de chasse qui se faisaient entendre alternativement avec les trompettes et les hautbois qui précédaient les premières troupes". "..... le Chantre principal qui était à cheval, après avoir entonné en Hébreu une prière pour la conservation de Sa Majesté à laquelle tous les Juifs répondaient de tems en tems, les musiciens ont chanté un Cantique aussi en langue hébraïque dans un goût singulier ; il était entremêlé de récitatifs, de choeurs, de ritournelles et autres airs, dans lesquels les Cors de chasse et trompettes entraient de moment à autre".
On trouve également dans les Annales de Baltus, que le 15 septembre 1751, à l'occasion de la naissance de Louis de Bourgogne, fils du Dauphin et petit-fils de Louis XV: "Les Juifs se rendent en cortège au Palais du Gouvernement où ils ont chanté en choeur des chansons hébraïques dans le goust italien, et plusieurs solo, dans lesquels le chantre arménien s'est distingué par des inflexions de voix et sons singuliers et mélodieux".
Le 8 septembre 1775, le maréchal de Broglie, nouveau gouverneur, entrait à Metz. Les Affiches des Trois-Evêchés et de Lorraine du 14, annonçaient : "Les Juifs avaient fait construire devant leur synagogue, un Arc de triomphe aussi brillant que singulier. Au-dessus était un groupe de musiciens qui mêlaient le bruit de leur instrument aux acclamations des citoyens".
En novembre de la même année, le Parlement de Metz fut rétabli. Au milieu des réjouissances générales, "... les Juifs, que l'on tolère à Metz, crurent devoir se distinguer en cette occasion ; ils avaient fait construire une galerie qui traversait leur rue et où l'on avait placé une troupe de musiciens". (Les Affiches du 30 novembre 1775).
A l'occasion de la naissance du dauphin Louis-Joseph en 1781, les Juifs firent exécuter un cantique hébraïque dans la synagogue, le 18 novembre. Ils firent de même en août 1783, lors de la visite à Metz de Monsieur, futur Louis XVIII. Les Affiches du 28 août donnent la description détaillée de ce cantique, composé "d'une ouverture en symphonie, récitatif, adagio, air affectuoso, récitatif crescendo, air andante, récitatif rinforzando, air allegramento, avec timbales et trompettes". Ouf !
A la lecture des journaux et chroniques du XVIIIe siècle, on peut trouver beaucoup d'autres témoignages de la présence de la musique juive à Metz.
Dans un autre propos, j'évoquerai des événements musicaux à la synagogue de Metz au XIXe siècle.
Ils furent florissants.....
samedi 11 septembre 2010
Une tournée avec le Grand Orchestre
Dans un précédent propos, j'ai évoqué le Petit Orchestre du Lycée Henri-Poincaré de Nancy, celui des moins de 13 ans. Il est normal que j'aborde à présent le Grand Orchestre que conduisait son fondateur Gaston STOLTZ, mon professeur au conservatoire. J'y ai effectué mes premiers roulements de timbales.
Il n'y avait pas que des élèves dans cette importante formation. Certains professeurs et beaucoup d'anciens n'avaient pu se résoudre à abandonner les répétitions du dimanche matin et les merveilleux concerts donnés Salle Poirel. Je pense en particulier à M. ZIMMER, mon instituteur de 7me, 1er violon, MM. CHEVALIER, violoncelle et ESPIARD, contrebasse. Il y en avait d'autres....
Nous les jeunes, avions une préférence pour les oeuvres avec choeur ; en effet, aux ténors et basses de notre lycée, se joignaient les soprani et alti venus du Lycée Jeanne-d'Arc, sous la direction de Mademoiselle FOURNIER. Eh oui, à ce moment les établissements scolaires n'étaient pas mixtes. L'amour du chant et l'attrait de l'autre sexe réunissaient une masse chorale qui atteignait parfois 200 exécutants.
Le dernier déplacement que je fis avec l'Orchestre et la chorale du Lycée s'effectua à Lyon du 21 au 27 juillet 1949. En ce temps où il fallait cinq heures de train pour aller à Paris, on était loin d'imaginer le TGV. Partis de Nancy à 7 h.15, nous arrivâmes dans la capitale des Gaules à 18 h.28... même pas fatigués.
Nous avons donné un concert sur podium place Bellecour et un gala au Grand Théâtre place de la Comédie. Cet établissement n'était pas celui d'aujourd'hui, dont l'intérieur fut restauré par l'architecte Jean NOUVEL en 1993, mais une salle plus ancienne datant du XIXe siècle. Le programme comportait la 9me Symphonie avec solistes et choeur, de Beethoven.
Au début du concert, une surprise nous attendait. On amena sur scène, devant les musiciens, un large fauteuil confortable, puis un monsieur âgé et impotent vint s'y asseoir, aidé par deux personnes attentionnées.
C'était le maire de Lyon, Edouard HERRIOT ( il avait 77 ans ), qui parla de Beethoven et de son oeuvre pendant plus d'une heure, sans aucune note, devant une salle attentive et un orchestre particulièrement intéressé. Edouard HERRIOT, curieusement oublié aujourd'hui, était un homme politique très connu et apprécié par beaucoup de Français à cette époque. Sénateur, député, plusieurs fois ministre, il a présidé à maintes reprises le Conseil des ministres et la Chambre des députés.
Ce que l'on sait moins,c'est qu'il était agrégé de Lettres et que son premier poste de professeur s'effectua à l'Université de Nancy en 1894. Il a publié plusieurs livres sur la littérature, mais son amour de la musique l'a conduit à écrire une "Vie de Beethoven" éditée chez Gallimard en 1929. Cet ouvrage est un modèle de biographie que je vous invite à lire, si ce n'est déjà fait. Edouard HERRIOT fut élu à l'Académie Française en 1946.
Inutile d'ajouter que, subjugués par les propos du maire, nous avons, ce soir là, fait un triomphe.
Quelle modestie.......
Il n'y avait pas que des élèves dans cette importante formation. Certains professeurs et beaucoup d'anciens n'avaient pu se résoudre à abandonner les répétitions du dimanche matin et les merveilleux concerts donnés Salle Poirel. Je pense en particulier à M. ZIMMER, mon instituteur de 7me, 1er violon, MM. CHEVALIER, violoncelle et ESPIARD, contrebasse. Il y en avait d'autres....
Nous les jeunes, avions une préférence pour les oeuvres avec choeur ; en effet, aux ténors et basses de notre lycée, se joignaient les soprani et alti venus du Lycée Jeanne-d'Arc, sous la direction de Mademoiselle FOURNIER. Eh oui, à ce moment les établissements scolaires n'étaient pas mixtes. L'amour du chant et l'attrait de l'autre sexe réunissaient une masse chorale qui atteignait parfois 200 exécutants.
Le dernier déplacement que je fis avec l'Orchestre et la chorale du Lycée s'effectua à Lyon du 21 au 27 juillet 1949. En ce temps où il fallait cinq heures de train pour aller à Paris, on était loin d'imaginer le TGV. Partis de Nancy à 7 h.15, nous arrivâmes dans la capitale des Gaules à 18 h.28... même pas fatigués.
Nous avons donné un concert sur podium place Bellecour et un gala au Grand Théâtre place de la Comédie. Cet établissement n'était pas celui d'aujourd'hui, dont l'intérieur fut restauré par l'architecte Jean NOUVEL en 1993, mais une salle plus ancienne datant du XIXe siècle. Le programme comportait la 9me Symphonie avec solistes et choeur, de Beethoven.
Au début du concert, une surprise nous attendait. On amena sur scène, devant les musiciens, un large fauteuil confortable, puis un monsieur âgé et impotent vint s'y asseoir, aidé par deux personnes attentionnées.
C'était le maire de Lyon, Edouard HERRIOT ( il avait 77 ans ), qui parla de Beethoven et de son oeuvre pendant plus d'une heure, sans aucune note, devant une salle attentive et un orchestre particulièrement intéressé. Edouard HERRIOT, curieusement oublié aujourd'hui, était un homme politique très connu et apprécié par beaucoup de Français à cette époque. Sénateur, député, plusieurs fois ministre, il a présidé à maintes reprises le Conseil des ministres et la Chambre des députés.
Ce que l'on sait moins,c'est qu'il était agrégé de Lettres et que son premier poste de professeur s'effectua à l'Université de Nancy en 1894. Il a publié plusieurs livres sur la littérature, mais son amour de la musique l'a conduit à écrire une "Vie de Beethoven" éditée chez Gallimard en 1929. Cet ouvrage est un modèle de biographie que je vous invite à lire, si ce n'est déjà fait. Edouard HERRIOT fut élu à l'Académie Française en 1946.
Inutile d'ajouter que, subjugués par les propos du maire, nous avons, ce soir là, fait un triomphe.
Quelle modestie.......
jeudi 2 septembre 2010
Le Petit Orchestre du Lycée....
Samedi 11 septembre prochain, la ville de Nancy, à l'occasion du 66me anniversaire de sa libération, rendra hommage aux combattants "Morts pour la France" en aidant à la délivrance de ses habitants le 15 septembre 1944.
Parmi eux, je pense avec émotion à Emile VERSTRAETEN, qui conduisait le Petit Orchestre au Lycée Henri-Poincaré, lorsque j'y jouait du violon. Cette formation était le passage obligé des moins de 13 ans, avant de pouvoir accéder au Grand Orchestre, dirigé par Gaston STOLTZ, son fondateur.
Né le 25 juin 1903 à Dombasle, Emile VERSTRAETEN fut un des premiers élèves de ce dernier, lorsqu'il devint professeur d'alto au Conservatoire de Nancy en 1919. Fidèle à son maître, après avoir obtenu un 1er prix, il le seconda avec abnégation et efficacité au Conservatoire, au Lycée et à l'orchestre du théâtre.
Emile VERSTRAETEN était d'un naturel jovial, au physique un peu enveloppé, patient et attentionné avec ses jeunes interprètes, trouvant souvent les mots qui convenaient pour les mettre à l'aise et dissiper leur émoi (le trac dans notre jargon musical).
Il fut tué le 15 septembre 1944, âgé de 41 ans, combattant au pont de Malzéville et se déplaçant vers la Chaudronnerie Lorraine.
Son fils Serge, également altiste, camarade d'études un peu plus âgé que moi, fut blessé à ses côtés. Il remplaça tout naturellement son père auprès de Gaston STOLTZ, puis quitta Nancy pour Besançon où son épouse Paulette avait été nommée professeur de violon au Conservatoire et lui altiste à l'orchestre.
Aujourd'hui, je rencontre régulièrement deux ou trois amis qui, comme moi, ont joué dans le Petit Orchestre, sous la direction de Emile VERSTRAETEN. Nous évoquons parfois ces souvenirs.....
Parmi eux, je pense avec émotion à Emile VERSTRAETEN, qui conduisait le Petit Orchestre au Lycée Henri-Poincaré, lorsque j'y jouait du violon. Cette formation était le passage obligé des moins de 13 ans, avant de pouvoir accéder au Grand Orchestre, dirigé par Gaston STOLTZ, son fondateur.
Né le 25 juin 1903 à Dombasle, Emile VERSTRAETEN fut un des premiers élèves de ce dernier, lorsqu'il devint professeur d'alto au Conservatoire de Nancy en 1919. Fidèle à son maître, après avoir obtenu un 1er prix, il le seconda avec abnégation et efficacité au Conservatoire, au Lycée et à l'orchestre du théâtre.
Emile VERSTRAETEN était d'un naturel jovial, au physique un peu enveloppé, patient et attentionné avec ses jeunes interprètes, trouvant souvent les mots qui convenaient pour les mettre à l'aise et dissiper leur émoi (le trac dans notre jargon musical).
Il fut tué le 15 septembre 1944, âgé de 41 ans, combattant au pont de Malzéville et se déplaçant vers la Chaudronnerie Lorraine.
Son fils Serge, également altiste, camarade d'études un peu plus âgé que moi, fut blessé à ses côtés. Il remplaça tout naturellement son père auprès de Gaston STOLTZ, puis quitta Nancy pour Besançon où son épouse Paulette avait été nommée professeur de violon au Conservatoire et lui altiste à l'orchestre.
Aujourd'hui, je rencontre régulièrement deux ou trois amis qui, comme moi, ont joué dans le Petit Orchestre, sous la direction de Emile VERSTRAETEN. Nous évoquons parfois ces souvenirs.....
lundi 30 août 2010
Quand la musique est mouillée....
Il est fort triste lorsqu'une manifestation populaire ne peut se dérouler normalement parce qu'il pleut. Hier, il s'en est fallu de peu que les sociétés musicales ne puissent défiler lors de la Fête de la Mirabelle à Metz. L'événement n'est pas rare sous notre climat lorrain, changeant et capricieux.
Ainsi, lors du concours d'orphéons qui s'est déroulé à Metz à l'occasion de l'Exposition universelle de 1861, on peut lire dans Le Courrier de la Moselle du mardi 4 juin 1861 : "La promenade aux flambeaux de samedi soir, bien que contrariée par une pluie battante, a suivi son itinéraire et son programme avec la rigueur d'une retraite militaire". Quel courage.....
Ce ne fut pas le cas le dimanche 29 juillet 1866 à Devant-les-Ponts (aujourd'hui quartier de Metz). Ce jour-là, l'orphéon local avait organisé une grande fête musicale dans le parc de la propriété du baron DUFOUR, ancien maire et membre de l'Académie Nationale de Metz, décédé en 1842.
Outre la formation organisatrice, participaient à cette journée l'Orphéon et la Sainte-Cécile de Metz pour la partie vocale, et la musique du 8me régiment d'artillerie pour l'élément instrumental. Le temps était plus que maussade et la pluie intermittente.
Valeureux, les musiciens du 8me entamèrent l'ouverture de La Muette de Portici de Auber et durent l'interrompre devant une ondée plus forte que les autres. Une éclaircie permit d'entendre chanter Le Départ des chasseurs de Mendelssohn. Puis la pluie redoubla de violence. Alors on décida de "sauter par dessus le programme" et d'attaquer le dernier morceau, une fantaisie sur Faust de Gounod, avec tous les participants, musiciens et chanteurs.
Ce fut sous une pluie torrentielle, avec des couacs et des clapotis chez les premiers, des chuintements et des gargouillis chez les seconds, que cette oeuvre expira progressivement au fur et à mesure de la fuite des exécutants, pour s'éteindre complètement sous les ricanements de Méphisto.
Ainsi, lors du concours d'orphéons qui s'est déroulé à Metz à l'occasion de l'Exposition universelle de 1861, on peut lire dans Le Courrier de la Moselle du mardi 4 juin 1861 : "La promenade aux flambeaux de samedi soir, bien que contrariée par une pluie battante, a suivi son itinéraire et son programme avec la rigueur d'une retraite militaire". Quel courage.....
Ce ne fut pas le cas le dimanche 29 juillet 1866 à Devant-les-Ponts (aujourd'hui quartier de Metz). Ce jour-là, l'orphéon local avait organisé une grande fête musicale dans le parc de la propriété du baron DUFOUR, ancien maire et membre de l'Académie Nationale de Metz, décédé en 1842.
Outre la formation organisatrice, participaient à cette journée l'Orphéon et la Sainte-Cécile de Metz pour la partie vocale, et la musique du 8me régiment d'artillerie pour l'élément instrumental. Le temps était plus que maussade et la pluie intermittente.
Valeureux, les musiciens du 8me entamèrent l'ouverture de La Muette de Portici de Auber et durent l'interrompre devant une ondée plus forte que les autres. Une éclaircie permit d'entendre chanter Le Départ des chasseurs de Mendelssohn. Puis la pluie redoubla de violence. Alors on décida de "sauter par dessus le programme" et d'attaquer le dernier morceau, une fantaisie sur Faust de Gounod, avec tous les participants, musiciens et chanteurs.
Ce fut sous une pluie torrentielle, avec des couacs et des clapotis chez les premiers, des chuintements et des gargouillis chez les seconds, que cette oeuvre expira progressivement au fur et à mesure de la fuite des exécutants, pour s'éteindre complètement sous les ricanements de Méphisto.
samedi 28 août 2010
Les musiciens marins ?
Dans le Républicain Lorrain du 27 août, je lis en page 2 du 2d feuillet, que Jacques MERCIER, directeur de l'Orchestre National de Lorraine, est à la tête d'une "armada" de musiciens !
Ces derniers seraient-ils devenus matelots et leur chef amiral ?
Je sais que dans cette profession il faut savoir "nager", mais la trompette marine a disparu depuis bien longtemps et ses cordes n'étaient pas assez longues pour servir à l'amarrage.
Ah... si le rédacteur de cet article avait vécu en 1844, il aurait peut-être raison. En effet, on peut lire dans L'Austrasie de cette année-la, que la Société Philharmonique (l'orchestre de Metz à cette époque), donnait des concerts sur l'eau de la Moselle : "De charmantes barques, illuminées de lanternes de couleur, transportent, des rives de la Moselle à une autre, les philharmonistes qui exécutent avec un ensemble remarquable leur attrayant répertoire".
Je me demande si, malgré l'article du Républicain Lorrain, les musiciens d'aujourd'hui auraient le courage de leurs prédécesseurs du XIXe siècle........
Ces derniers seraient-ils devenus matelots et leur chef amiral ?
Je sais que dans cette profession il faut savoir "nager", mais la trompette marine a disparu depuis bien longtemps et ses cordes n'étaient pas assez longues pour servir à l'amarrage.
Ah... si le rédacteur de cet article avait vécu en 1844, il aurait peut-être raison. En effet, on peut lire dans L'Austrasie de cette année-la, que la Société Philharmonique (l'orchestre de Metz à cette époque), donnait des concerts sur l'eau de la Moselle : "De charmantes barques, illuminées de lanternes de couleur, transportent, des rives de la Moselle à une autre, les philharmonistes qui exécutent avec un ensemble remarquable leur attrayant répertoire".
Je me demande si, malgré l'article du Républicain Lorrain, les musiciens d'aujourd'hui auraient le courage de leurs prédécesseurs du XIXe siècle........
vendredi 27 août 2010
Vive l'opérette !
Dernièrement, j'ai pris connaissance du programme de la saison lyrique au théâtre de Metz, pour l'année 2010-2011, que l'on peut trouver à l'Office du Tourisme.
Je me suis alors souvenu de la première saison que j'effectuai en partie à Metz, partageant également mon temps, à ce moment de mon existence, entre Nancy et Paris.
Du 11 octobre 1949 au 3 avril 1950, pas moins de 63 représentations lyriques se déroulèrent sur la scène messine. Neuf opéras seulement, mais quinze opérettes (ou opéras-comiques), données plusieurs fois chacune.
Si Albert EHRMANN dirigeait les opéras, c'était le chef de choeur, Marcel RACOEUR, qui conduisait les autres spectacles, avec un solide métier et une oreille à toute épreuve. En fin de carrière, plus très jeune et de petite taille, il avait bourlingué dans tous les théâtres de province. Dans ses pérégrinations, il était déjà en poste à Metz en 1924, et je l'ai retrouvé par hasard en 1937 à Nantes, engagé au théâtre Graslin.
A Metz, son rôle (ses rôles !) était ingrat et pourtant nécessaire......
Son occupation principale consistait à la préparation des choristes pour chaque ouvrage. Or, à cette époque, ceux-ci étaient des chanteurs amateurs ayant une activité professionnelle dans la journée. Ne pouvant se libérer qu'après leur travail, RACOEUR leur consacrait donc toutes ses soirées. Comme il était libre dans la journée, on lui confia la fonction de maître de chant, laquelle consiste à apprendre leurs rôles aux artistes, individuellement, et à faire répéter les ensembles. Lorsque la distribution était chargée, il se passait souvent de déjeuner....
Quelquefois, au cours d'une répétition générale, lorsque les choeurs étaient hésitants ou malhabiles, EHRMANN, stoppant l'action, hurlait de la fosse : "Racoeur !!!". Ce dernier, sortant des coulisses, avançait sur le plateau, humble, un peu voûté, et recevait les remontrances (un mot plus trivial conviendrait mieux) du chef avec un sourire contrit, écartant à plusieurs reprises ses bras du corps d'un air d'impuissance. Puis on reprenait le déroulement de la répétition.....
Je crois que Marcel RACOEUR est décédé à Metz, mais je n'en suis pas certain. C'est un personnage de mes débuts dont je me souviens avec émotion.
Je me suis alors souvenu de la première saison que j'effectuai en partie à Metz, partageant également mon temps, à ce moment de mon existence, entre Nancy et Paris.
Du 11 octobre 1949 au 3 avril 1950, pas moins de 63 représentations lyriques se déroulèrent sur la scène messine. Neuf opéras seulement, mais quinze opérettes (ou opéras-comiques), données plusieurs fois chacune.
Si Albert EHRMANN dirigeait les opéras, c'était le chef de choeur, Marcel RACOEUR, qui conduisait les autres spectacles, avec un solide métier et une oreille à toute épreuve. En fin de carrière, plus très jeune et de petite taille, il avait bourlingué dans tous les théâtres de province. Dans ses pérégrinations, il était déjà en poste à Metz en 1924, et je l'ai retrouvé par hasard en 1937 à Nantes, engagé au théâtre Graslin.
A Metz, son rôle (ses rôles !) était ingrat et pourtant nécessaire......
Son occupation principale consistait à la préparation des choristes pour chaque ouvrage. Or, à cette époque, ceux-ci étaient des chanteurs amateurs ayant une activité professionnelle dans la journée. Ne pouvant se libérer qu'après leur travail, RACOEUR leur consacrait donc toutes ses soirées. Comme il était libre dans la journée, on lui confia la fonction de maître de chant, laquelle consiste à apprendre leurs rôles aux artistes, individuellement, et à faire répéter les ensembles. Lorsque la distribution était chargée, il se passait souvent de déjeuner....
Quelquefois, au cours d'une répétition générale, lorsque les choeurs étaient hésitants ou malhabiles, EHRMANN, stoppant l'action, hurlait de la fosse : "Racoeur !!!". Ce dernier, sortant des coulisses, avançait sur le plateau, humble, un peu voûté, et recevait les remontrances (un mot plus trivial conviendrait mieux) du chef avec un sourire contrit, écartant à plusieurs reprises ses bras du corps d'un air d'impuissance. Puis on reprenait le déroulement de la répétition.....
Je crois que Marcel RACOEUR est décédé à Metz, mais je n'en suis pas certain. C'est un personnage de mes débuts dont je me souviens avec émotion.
jeudi 19 août 2010
Premiers séjours à Metz
C'est durant l'été de 1948 que je vins à Metz pour la première fois. J'étais engagé pour jouer la partie de timbales à l'Orchestre municipal de la ville à l'occasion de plusieurs concerts estivaux, remplaçant le titulaire du poste, indisponible, Marcel MERCIER. Ces concerts se déroulaient dans la cour du Marché couvert, puis dans celle du Palais de Justice.
On fit à nouveau appel à mes services pour jouer dans La Walkyrie, opéra de Wagner représenté au Théâtre municipal le jeudi 24 mars 1949.
En arrivant à la gare, elle me parut immense, comparée à celle de Nancy, ma ville natale. Par contre, le théâtre me sembla écrasé à côté de celui de la place Stanislas. J'apprendrai vite à apprécier et aimer cet ancien bâtiment destiné à l'art musical (voir ma communication "Un nouveau théâtre à Metz" dans Mémoires de l'Académie Nationale de Metz 1999).
Dans la fosse d'orchestre, de dimension plus restreinte qu'aujourd'hui, les pupitres étaient serrés les uns contre les autres et les musiciens, très disciplinés, avaient beaucoup de mérite de jouer dans de telles conditions. On avait placé les timbales dans la loge de l'administrateur, ce qui me donnait davantage d'aisance que mes collègues.
J'ai oublié la distribution. Mais le chef d'orchestre était extraordinaire. Il se nommait Albert EHRMANN, et était l'artisan, avec le directeur du Conservatoire Henri GRAEBERT et le maire de la ville Gabriel HOCQUARD, de la création d'un orchestre municipal en 1946.
Albert EHRMANN était professeur de flûte au Conservatoire depuis 1919. Musicien exceptionnel, il s'était proposé pour diriger les ouvrages lyriques au théâtre, afin de faire l'économie d'un poste de chef d'orchestre. Les conseillers municipaux lui en furent reconnaissants et acceptèrent plus volontiers la création d'un orchestre de musiciens professionnels dans lequel les professeurs du Conservatoire étaient solistes.
Albert EHRMANN, défenseur énergique de la profession, dirigea le Syndicat des artistes-musiciens de la Moselle, et veilla avec célérité à l'amélioration de leur situation. Il partit en retraite en 1952 et devint le président de la Confédération des Sociétés musicales de France.
Aujourd'hui, il figure parmi les "oubliés" de la Ville de Metz, qui contribuèrent, dans des domaines variés, à la réputation de la cité. J'en citerai d'autres.......
On fit à nouveau appel à mes services pour jouer dans La Walkyrie, opéra de Wagner représenté au Théâtre municipal le jeudi 24 mars 1949.
En arrivant à la gare, elle me parut immense, comparée à celle de Nancy, ma ville natale. Par contre, le théâtre me sembla écrasé à côté de celui de la place Stanislas. J'apprendrai vite à apprécier et aimer cet ancien bâtiment destiné à l'art musical (voir ma communication "Un nouveau théâtre à Metz" dans Mémoires de l'Académie Nationale de Metz 1999).
Dans la fosse d'orchestre, de dimension plus restreinte qu'aujourd'hui, les pupitres étaient serrés les uns contre les autres et les musiciens, très disciplinés, avaient beaucoup de mérite de jouer dans de telles conditions. On avait placé les timbales dans la loge de l'administrateur, ce qui me donnait davantage d'aisance que mes collègues.
J'ai oublié la distribution. Mais le chef d'orchestre était extraordinaire. Il se nommait Albert EHRMANN, et était l'artisan, avec le directeur du Conservatoire Henri GRAEBERT et le maire de la ville Gabriel HOCQUARD, de la création d'un orchestre municipal en 1946.
Albert EHRMANN était professeur de flûte au Conservatoire depuis 1919. Musicien exceptionnel, il s'était proposé pour diriger les ouvrages lyriques au théâtre, afin de faire l'économie d'un poste de chef d'orchestre. Les conseillers municipaux lui en furent reconnaissants et acceptèrent plus volontiers la création d'un orchestre de musiciens professionnels dans lequel les professeurs du Conservatoire étaient solistes.
Albert EHRMANN, défenseur énergique de la profession, dirigea le Syndicat des artistes-musiciens de la Moselle, et veilla avec célérité à l'amélioration de leur situation. Il partit en retraite en 1952 et devint le président de la Confédération des Sociétés musicales de France.
Aujourd'hui, il figure parmi les "oubliés" de la Ville de Metz, qui contribuèrent, dans des domaines variés, à la réputation de la cité. J'en citerai d'autres.......
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