Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.

Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.

Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.

Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.

Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.

Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.

Gilbert Rose

lundi 31 décembre 2012

Ah... la valse...

     En ce jour, dernier de l'année, les orchestres du monde entier vont exécuter tout le répertoire viennois.

     Les Strauss, père et fils, seront à l'honneur, quelquefois accompagnés de leur prédécesseur Joseph Lanner, ou de leurs successeurs les Alsaciens Waldteufel, Louis puis Emile, qui imposèrent la valse dans les soirées parisiennes au XIXe siècle.

     Je suis certain que Jacques Offenbach ne sera  pas oublié.

     Mais qui pensera à jouer les valses et polkas de Auguste Couture né en 1858 à Devant-les-Ponts, surtout "La Tour Eiffel", grande valse dédiée à Gustave Eiffel, et celles de Gaston des Godins de Souhesmes qui, s'il est né à Vouziers en 1841, passa toute son existence à Metz après y avoir fait ses études ?

     On ignorera également le Prussien Antoine Freyberger, né en 1810, arrivé à Metz en 1832 et naturalisé Français en 1843. Organiste à l'église Saint-Martin et professeur au collège Saint-Clément, il écrivit surtout de la musique religieuse ainsi que des valses construites comme les viennoises, mais avec l'esprit vif des parisiennes.

     Savez-vous qu'en 1852 l'évêque de Metz recommandait aux jeunes filles de ne plus danser ni polka, ni schottisch, ni mazurka, car ces danses étaient, paraît-il, excessivement immorales ? Je crois que la valse elle-même était prohibée !

     Des caricatures, alors, circulèrent dans la ville, mettant en scène et ridiculisant certaines personnes habituellement entourées du respect général.

     Le peintre Joseph Hussenot fut soupçonné d'en être l'auteur, ce dont il se défendit avec énergie dans la presse locale.

     Vous pensez bien que cette incitation du clergé ne fut pas suivie d'effet, et, Dieu merci, on peut encore jouer et danser la valse...

  

mercredi 19 décembre 2012

La fin du Monde...

     Demain, paraît-il, serait notre dernier jour...  une fois encore...

     Au mois de mars 1857, les journaux de Metz l'avaient déjà annoncé pour le 13 juin !

     En effet, les astrologues d'Outre-Rhin avaient indiqué qu'une comète se dirigeait dangereusement vers la Terre.

      Malgré les dénégations du physicien français Jacques Babinet, les populations commencèrent à éprouver une certaine panique.

     Heureusement, l'astrologue allemand qui avait fait cette prédiction découvrit que la comète menaçante avait changé de route et se dirigeait à présent vers une planète opposée à la nôtre. Ouf !

     Remarquez qu'en Allemagne on n'y croyait pas vraiment, puisque c'est précisément le 13 juin 1857, qu'eut lieu à Mannheim, un grand rassemblement des sociétés musicales germaniques sous la direction du pianiste-compositeur Ferdinand Hiller, de Cologne, avec le concours de Madame Bochholtz-Falconi, cantatrice, et du violoniste virtuose Ferdinand Laub.

     Ah ces Rhénans... ils voulaient peut-être partir en beauté... ou alors fêter l'événement en musique...

vendredi 7 décembre 2012

La critique s'éveille...

     Enfin la critique musicale des journaux parisiens réagit contre l'ineptie d'un metteur en scène (ou soi-disant), lequel, pour des raisons "que la raison ignore", a dénaturé à l'envi, un chef-d'oeuvre de l'art lyrique.

     Jusqu'à présent, seul le  Républicain Lorrain, grâce à la plume de son journaliste responsable, s'essayait à faire des réserves sur ce sujet. Ses confrères l'ont rejoint.

     On n'avait pas encore osé toucher à Carmen... Et bien c'est fait !

     J'ignore le nom du responsable et ne veux point le connaître.

     Mais le public de l'Opéra-Bastille n'a pas accepté, lors de la première, de voir saccager son opéra fétiche. Il a manifesté, paraît-il, bruyamment... et la critique lui a emboîté le pas.

     Je sais que l'auteur de cette maladresse (je suis gentil) va se défendre en alléguant des exemples célèbres comme la première du Sacre du Printemps (c'est toujours ce qu'ils disent...). Mais les malheureux confondent la naissance d'une création pas encore comprise avec des déchirures suivies de raccommodages maladroits d'un pur chef-d'oeuvre qui n'en a nul besoin.

     En tout cas, moi qui ai la chance de ne pas avoir vu le massacre, j'applaudis les critiques parisiens.

     Pour parler d'autre chose, avez-vous remarqué la dernière publicité de la SNCF sur Internet ? Elle vous invite à visiter le Marché de Noël de Metz en Alsace !

     ... une nouvelle annexion...