Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.

Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.

Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.

Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.

Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.

Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.

Gilbert Rose

jeudi 19 août 2010

Premiers séjours à Metz

     C'est durant l'été de 1948 que je vins à Metz pour la première fois. J'étais engagé pour jouer la partie de timbales à l'Orchestre municipal de la ville à l'occasion de plusieurs concerts estivaux, remplaçant le titulaire du poste, indisponible, Marcel MERCIER. Ces concerts se déroulaient dans la cour du Marché couvert, puis dans celle du Palais de Justice.

     On fit à nouveau appel à mes services pour jouer dans La Walkyrie, opéra de Wagner représenté au Théâtre municipal le jeudi 24 mars 1949.

     En arrivant à la gare, elle me parut immense, comparée à celle de Nancy, ma ville natale. Par contre, le théâtre me sembla écrasé à côté de celui de la place Stanislas. J'apprendrai vite à apprécier et aimer cet ancien bâtiment destiné à l'art musical (voir ma communication "Un nouveau théâtre à Metz" dans Mémoires de l'Académie Nationale de Metz 1999).

     Dans la fosse d'orchestre, de dimension plus restreinte qu'aujourd'hui, les pupitres étaient serrés les uns contre les autres et les musiciens, très disciplinés, avaient beaucoup de mérite de jouer dans de telles conditions. On avait placé les timbales dans la loge de l'administrateur, ce qui me donnait davantage d'aisance que mes collègues.

     J'ai oublié la distribution. Mais le chef d'orchestre était extraordinaire. Il se nommait Albert EHRMANN, et était l'artisan, avec le directeur du Conservatoire Henri GRAEBERT et le maire de la ville Gabriel HOCQUARD, de la création d'un orchestre municipal en 1946.

     Albert EHRMANN était professeur de flûte au Conservatoire depuis 1919. Musicien exceptionnel, il s'était proposé pour diriger les ouvrages lyriques au théâtre, afin de faire l'économie d'un poste de chef d'orchestre. Les conseillers municipaux lui en furent reconnaissants et acceptèrent plus volontiers la création d'un orchestre de musiciens professionnels dans lequel les professeurs du Conservatoire étaient solistes.

     Albert EHRMANN, défenseur énergique de la profession, dirigea le Syndicat des artistes-musiciens de la Moselle, et veilla avec célérité à l'amélioration de leur situation. Il partit en retraite en 1952 et devint le président de la Confédération des Sociétés musicales de France.

     Aujourd'hui, il figure parmi les "oubliés" de la Ville de Metz, qui contribuèrent, dans des domaines variés, à la réputation de la cité. J'en citerai d'autres.......

                                                                                                    

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