Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.

Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.

Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.

Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.

Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.

Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.

Gilbert Rose

samedi 31 janvier 2015

Le Madrigal d'Ile-de-France

     Il fut un temps, à Metz, durant lequel les artistes lyriques et les musiciens de l'orchestre du théâtre municipal, se retrouvaient le samedi soir vers minuit, après le spectacle, dans un café-restaurant de la rue du Faisan.

     C'était toujours très cordial, car les artistes sur scène et les musiciens dans la fosse, participant tous à la réussite d'un opéra ou d'une opérette, se rencontraient rarement à l'intérieur du théâtre, chacun ayant son emplacement bien défini.

     C'est ainsi que je rencontrai un couple d'artistes lyriques sympathique et talentueux. Hélène Henriet, mezzo-soprano et Jean-François Fabe, baryton-basse, étaient des habitués des distributions lyriques à Metz.

     Nous avions un point commun, et c'est ce qui nous rapprocha d'abord : notre profession, que nous aimions intensément, ne suffisait pas à nos aspirations artistiques ; il nous en fallait davantage, surtout dans la pratique de la musique ancienne.

     Ce que j'avais fait en concevant Les Instruments anciens de Lorraine, ils l'ont réalisé en créant Le Madrigal d'Ile-de-France, ensemble vocal à quatre voix ou davantage.

     Il nous a fallu peu de temps pour comprendre qu'une collaboration entre nos deux ensembles serait des plus enrichissante pour les chanteurs et les musiciens. Et c'est ainsi que débuta une période intense au cours de laquelle, en plus de nos concerts respectifs, il nous arriva de nous produire ensemble de plus en plus souvent.

     Au cours de nos prestations, nous étions tous en costumes d'époque, musiciens et chanteurs, et nous soumettions à une mise en scène adaptée aux lieux où nous nous produisions. Nous avions musicalement trois périodes de prédilection, Moyen-Âge, Renaissance et XVIIe siècle, et les costumes qui correspondaient à ces époques.

     Je reviendrai prochainement sur ces années 1970-80, et les concerts de musique ancienne, après avoir exploré le fond de ma mémoire quelquefois défaillante.