Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.

Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.

Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.

Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.

Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.

Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.

Gilbert Rose

lundi 30 août 2010

Quand la musique est mouillée....

     Il est fort triste lorsqu'une manifestation populaire ne peut se dérouler normalement parce qu'il pleut. Hier, il s'en est fallu  de peu que les sociétés musicales ne puissent défiler lors de la Fête de la Mirabelle à Metz. L'événement n'est pas rare sous notre climat lorrain, changeant et capricieux.

     Ainsi, lors du concours d'orphéons qui s'est déroulé à Metz à l'occasion de l'Exposition universelle de 1861, on peut lire dans Le Courrier de la Moselle du mardi 4 juin 1861 : "La promenade aux flambeaux de samedi soir, bien que contrariée par une pluie battante, a suivi son itinéraire et son programme avec la rigueur d'une retraite militaire". Quel courage.....

     Ce ne fut pas le cas le dimanche 29 juillet 1866 à Devant-les-Ponts (aujourd'hui quartier de Metz). Ce jour-là, l'orphéon local avait organisé une grande fête musicale dans le parc de la propriété du baron DUFOUR, ancien maire et membre de l'Académie Nationale de Metz,  décédé en 1842.

     Outre la formation organisatrice, participaient à cette journée l'Orphéon et la Sainte-Cécile de Metz pour la partie vocale, et la musique du 8me régiment d'artillerie pour l'élément instrumental. Le temps était plus que maussade et la pluie intermittente.

     Valeureux, les musiciens du 8me entamèrent l'ouverture de La Muette de Portici de Auber et durent l'interrompre devant une ondée plus forte que les autres. Une éclaircie permit d'entendre chanter Le Départ des chasseurs de Mendelssohn. Puis la pluie redoubla de violence. Alors on décida de "sauter par dessus le programme" et d'attaquer le dernier morceau, une fantaisie sur Faust de Gounod, avec tous les participants, musiciens et chanteurs.

     Ce fut sous une pluie torrentielle, avec des couacs et des clapotis chez les premiers, des chuintements et des gargouillis chez les seconds, que cette oeuvre expira progressivement au fur et à mesure de la fuite des exécutants, pour s'éteindre complètement sous les ricanements de Méphisto.

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