Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.

Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.

Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.

Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.

Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.

Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.

Gilbert Rose

lundi 15 août 2011

Lohengrin trahi à son tour...

     Hier soir j'ai voulu écouter et voir Lohengrin à la télévision. Quelle déception.....

     J'ai toujours cru que cet opéra était un drame mystique que j'ai admiré jadis à Bayreuth, dans une mise en scène de Wieland Wagner ; mais monsieur Hans Neuenfels m'a démontré que j'avais tort, et avec moi d'innombrables admirateurs de Richard Wagner.

     Ce metteur en scène est certainement un être supérieur, pour se permettre de corriger ainsi l'oeuvre géniale du compositeur allemand ; ou bien est-il un créateur au talent incommensurable.... mais alors pourquoi ne produit-il pas ses propres chefs-d'oeuvre au lieu de dénaturer ceux des autres ?

     Lorsque, en août 1972, j'ai interviewer Wolfgang Wagner, petit-fils de Richard, pour le Républicain Lorrain, je lui avais posé cette question :

     Votre conception scénique du Ring, après avoir étonné le monde, n'a-t-elle pas relancé les interprétations de la pensée de Richard Wagner ?


     Le directeur du Festspiel de Bayreuth m'avait répondu :

     Richard Wagner a expliqué toute sa mise en scène dans ses ouvrages. Mais il ne faut pas se contenter de lire les mots, il faut envisager les idées de base de la parole du compositeur.


     La conception scénique de Wolfgang se plaçait dans l'esprit du créateur, utilisant adroitement la lumière, les projections et le mécanisme moderne des  transformations visuelles, tout en respectant l'aspect des personnages, leurs gestes et leur action.

     Son frère Wieland avait agit de même avec son Lohengrin quelques années auparavant.

     Monsieur Hans Neuenfels transforme tout : les personnages, dont certains deviennent clownesques ; il caricature les choeurs en les affublant de costumes carnavalesques représentant de gros rats dont on se demande ce qu'ils font là, et utilise un gestuel sans rapport  avec l'action première de l'oeuvre.

     Et, pour couronner le tout, que vient faire cet horrible foetus remplaçant le jeune duc de Brabant à la fin de l'oeuvre ?

     Chereau m'a fait fuir Bayreuth, ce n'est pas Neuenfels qui m'y ramènera......

    

    

lundi 8 août 2011

Le Caveau des Trinitaires.....

     Ce matin, j'ai retrouvé une grande enveloppe emplie d'anciennes coupures de presse.

     Parmi elles, un article du RL du jeudi 6 juillet 1972 m'a rappelé l'inauguration du Caveau des Trinitaires par son nouveau directeur, Pierre-Frédéric Klos, laquelle s'était déroulée la veille ou l'avant-veille.

     Pierre-Frédéric avait prévu, pour l'occasion, une partie musicale et une pièce de théâtre, adaptées toutes deux à cet endroit bien particulier, un mur romain dans la descente d'escalier et une cave voûtée un peu plus tardive...

     Animateur de l'Ensemble dramatique de Metz, il choisit de représenter "Il était une fois un bourreau", pièce peu connue du surréaliste René Laporte. Ce conte intemporel et sans âge s'accommoda fort bien des costumes Renaissance portés par les acteurs.

     Pour la partie musicale qui devait débuter la soirée, Pierre-Frédéric pensa au nouveau groupe de musique du Moyen-Âge et de la Renaissance que j'avais créé l'année précédente, au sein de mon ensemble Les Instruments Anciens de Lorraine.


     Cette formation regroupait quelques-uns de mes élèves, des amis, dont un Nancéien. Pour eux j'avais acquis des flûtes à bec, des cromornes, même des costumes ; le facteur d'orgues Haerpfer m'avait construit un instrument positif à tuyaux de 36 notes, sur un modèle ancien, et que je possède encore.....

     Mes jeunes disciples étaient emplis d'enthousiasme devant le succès qu'ils remportaient grâce à leur talent. Quelques jours auparavant, ils avaient interprété le "Mystère de Saint-Fiacre" sur le parvis de la Cathédrale de Metz et dans la cour de l'Evêché de Meaux, avec le Madrigal d'Ile-de-France de Hélène Henriet et Jean-François Fabe, et la semaine suivante nous partions pour une tournée de quinze jours en Haute-Franconie.

     Entre temps nous avons inauguré le Caveau des Trinitaires de Metz......

     Par la suite, la rencontre de Pierre-Frédéric Klos et de Jean-Roger Caussimon a donné une autre direction à la programmation du Caveau et promu celui-ci à une notoriété internationale. La présence à Metz des "grands" de la chanson française intelligente a donné raison à celui qui fut lamentablement abandonné en 2003....... et en mourut peu de temps après.....

     Mais soyons joyeux, la musique ancienne revient aujourd'hui au Caveau des Trinitaires avec le talentueux Concert Lorrain.  Alleluia !