Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.

Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.

Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.

Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.

Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.

Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.

Gilbert Rose

mercredi 9 avril 2014

La musique a ses dangers...

     Il arrive quelquefois, au cours d'un opéra, qu'un artiste se blesse sur la scène durant la représentation.

     Ce genre d'incident est souvent arrivé dans l'œuvre de Meyerbeer, Les Huguenots. Dans le dernier tableau, la mise en scène est très difficile à réaliser. En effet, Valentine, Raoul et Marcel se trouvent au milieu du plateau, entourés par des arquebusiers, lesquels tirent ensemble sur les malheureux.

     Bien sûr il n'y a pas de projectile dans les fusils ; mais quelquefois la bourre provoque des blessures. Ainsi, c'est arrivé à Metz en septembre 1838 : Madame Ferry fut blessée entre l'œil et l'oreille gauche. Puis, en novembre 1843, toujours à Metz,  Clara Dorsan fut atteinte à la cuisse.

     Plus gravement touché, Jean-Baptiste-Prosper Boulard eut l'avant-bras déchiré en 1841.

     C'est un dur métier que celui d'artiste...

     Une aventure de ce genre m'arriva un jour, lors d'un concert de fin d'année. A la fin de la polka La Chasse de Johann Strauss, je devais tirer un coup de fusil en l'air, en guise de gag, afin d'amuser le public, comme le font souvent les musiciens de l'orchestre de Vienne le 1r janvier.

     Un ami chasseur m'avait prêté l'arme et les cartouches, dont j'avais prudemment retiré les plombs. Au cours d'une répétition, le coup partit accidentellement et un musicien reçut la bourre dans le dos. Justement celui avec lequel je n'entretenais aucune relation amicale. Ce n'était pas bien grave, la bourre étant formé de coton compressé.

     Mais la police a eu des difficultés à croire que je ne l'avais pas fait exprès...