Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.

Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.

Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.

Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.

Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.

Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.

Gilbert Rose

vendredi 26 avril 2013

Anniversaire.

     Aujourd'hui est un jour anniversaire important et populaire à la fois.

     Il y a 221 ans, un jeune capitaine du génie, accessoirement musicien et poète, en garnison à Strasbourg, à l'issue d'une soirée patriotique, festive et maçonnique au domicile du maire de la ville, et après avoir été incité par les convives, composa le Chant de guerre de l'Armée du Rhin.

     Rouget de l'Isle y passa la nuit !

     Et le 26 avril 1792, toujours chez le baron Dietrich, cet air guerrier fut chanté par le maître de maison, accompagné au piano-forte par son épouse. Ce fut l'enthousiasme parmi les invités, les mêmes que la veille, dont le maréchal Luckner, le colonel Ihler, les capitaines Sorbier et Meguier, le directeur de l'artillerie Ravel de Puycontal, peut-être le lieutenant Richepanse et bien d'autres.

     Après des péripéties aussi bizarres qu'inattendues, mais connues de tous, ces couplets patriotiques, tour à tour adulés, maudits, interdits, acclamés, moqués, deviendront beaucoup plus tard, sous la IIIe République, notre hymne national sous le nom de La Marseillaise.

     Vous pensez peut-être que ce jeune compositeur reçut les honneurs les plus glorieux et qu'il vécut dans l'opulence ?

     Détrompez-vous ! L'existence de Rouget de l'Isle se déroula misérablement, dans les marasmes les plus sordides ; emprisonné, ruiné, dégradé, rien ne lui fut épargné.

     Une lueur de joie, pourtant en 1830, lorsque Berlioz orchestra si merveilleusement La Marseillaise.

     Rouget de l'Isle mourut six ans plus tard, oublié de tous, sauf de quelques rares amis fidèles, le général Blein et la famille Voiart.

     Il y a des services si grands qu'on ne peut les payer que par l'ingratitude. (Alexandre Dumas fils).


lundi 1 avril 2013

Les cloches sont de retour

     Les cloches de Metz ont effectué le voyage pour Rome selon la tradition de Pâques. Malgré son grand âge (408 ans), la vieille Mutte a participé également à l'expédition, dont elle connaît si bien le chemin.

     Mais elles sont revenues ! Heureusement, car il y a belle lurette qu'on n'en fabrique plus dans la cité. Le dernier fondeur de cloches messin, François-Joseph Goussel, avait son usine rue des Jardins.

     Né le 30 mars 1825, il était célèbre dans le monde entier. Parmi les 2 946 cloches qu'il a fondues, disséminées en France, 1 324 sont en Lorraine, 4 à New York, 3 au Pérou, 2 à Tunis et 1 à Chypre. Il a d'ailleurs été primé à l'Exposition Universelle de Metz en 1861 et à celle de Paris en 1863.

     Saviez-vous qu'entre 1384 et 1491, il y avait à Metz 79 maîtres bombardiers (fabricants de canons), dont presque la moitié étaient également fondeurs de cloches ? C'est Lorédan Larchey qui le dit ; cet archiviste messin du XIXe siècle en savait quelque chose, puisqu'avant de faire l'École des Chartes, il était canonnier au 7e Régiment d'artillerie.

     Et le terme "canon" possède tant de significations, depuis les règles définies d'une discipline jusqu'aux arts et la religion, en passant par le verre de vin rouge...

     NB : Ceci n'est pas un poisson d'avril !