Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.

Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.

Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.

Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.

Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.

Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.

Gilbert Rose

mardi 30 juillet 2013

Les Instruments Anciens de Lorraine

     Lorsqu'il apprit que je jouais de la viole d'amour, mon maître Francis Casadesus m'incita à développer cette activité. En effet, depuis le décès de son frère Henri l'année précédente (1947), plus personne n'utilisait cet instrument particulier en France.

     Pour m'encourager, il me permit, après chaque leçon, de recopier le répertoire musical de la Société des Instruments anciens que dirigeait Henri Casadesus.

     C'est ainsi que je commençai à me produire sur la viole d'amour, à Nancy d'abord avec le flûtiste Daniel Roux et la pianiste Monique Vincent (il n'y avait pas de clavecin dans la ville à cette époque). Nous avons fait plusieurs émissions à Radio-Nancy.

     Puis à Metz avec Albert Ehrmann à la flûte et Marcel Mercier au clavecin. Ce dernier instrument, un Neupert, avait été acquis par le Conservatoire de Metz en 1905, sous l'Annexion.

     Très vite Paul Noël nous rejoignit au hautbois, puis Ferdinand Berbuto à la viole de gambe. C'est ainsi que naquit l'Ensemble de Musique et d'Instruments Anciens de Lorraine, qui devint très vite Les Instruments Anciens de Lorraine.

     Je consacrerai mes billets de l'été à ce groupe musical, ses artistes permanents et occasionnels, son répertoire et ses concerts.

    

lundi 22 juillet 2013

Nos calmes campagnes...

     Le pays messin est formé d'un grand nombre de villages paisibles où il fait bon vivre dans de vieilles demeures de pierres, fraîches et apaisantes, entourées de parcs aux grands arbres centenaires, ou en des lotissements plus récents, dont les petits jardins à la végétation rapide, cachent une intimité reposante.

     Il n'en fut pas toujours ainsi...

     Durant plusieurs siècles, ces calmes villages du pays messin furent l'objet de luttes sanglantes entre la ville de Metz et le duché de Lorraine. Selon qu'ils appartenaient à l'un ou l'autre camp, nos pauvres villages étaient constamment attaqués, saccagés, et les villageois bien malmenés...

     Ainsi en février 1490, le duc René II, installé à Sainte-Ruffine, envoya sa soldatesque prendre d'assaut l'église fortifiée d'Ancy avant de passer les habitants au fil de l'épée. Puis il ravagea et incendia toute la campagne, de Pouilly et Verny à Lacquenexy, poussant même jusqu'à Courcelles, Glatigny et Talange.

     Les lansquenets lorrains coupèrent les oreilles aux femmes de Scy, avant de les chasser, toutes nues, jusqu'aux portes de Metz.

     Evidemment, les Messins se vengèrent en brûlant un grand nombre de villages appartenant au duc : Arry, Pagny, Vandières furent saccagés.

     Puis, comme à l'accoutumée, on signa la paix... jusqu'au prochain conflit...

     Non, nos villages en pays messin n'ont pas toujours baigné dans la sérénité... Alors profitons-en !