Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.

Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.

Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.

Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.

Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.

Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.

Gilbert Rose

jeudi 21 octobre 2010

L'essor d'une famille klezmer....

     Un colloque intitulé La Synagogue : architecture, art et liturgie, auquel est associée l'Académie Nationale de Metz, se déroulera dimanche 24 octobre au Couvent des Récollets.

     Je me souviens que, dans un précédent billet, j'avais promis d'évoquer certains événements musicaux s'étant produits à la synagogue de Metz au XIXe siècle.

     C'est le 12 décembre 1817, qu'une petite troupe de musiciens ambulants, peut-être des klezmorim, vint se produire dans le temple hébraïque. Ce groupe était conduit par Moyse LEVY, chantre de Strasbourg, deux de ses cinq fils, Isaac, 18 ans violoniste et Lazare, 16 ans violoncelliste. Accompagné de la basse Heim, le quatuor obtint un tel succès, qu'il leur fallu récidiver le lendemain 13 décembre ; puis tous les bourgeois de Metz voulurent les faire jouer dans leurs salons, y compris le préfet qui les reçut le 18 décembre. Enfin la Société Philharmonique organisa un concert avec eux et à leur bénéfice, le 24 décembre.

     J'en ignore la raison, mais peu après, Moyse LEVY adopta le pseudonyme WALDTEUFEL. C'est ainsi que Lazare LEVY revint à Metz sous le nom de Louis WALDTEUFEL, violoncelliste et harpiste. Il était accompagné de deux autres de ses frères, Nathan, également violoncelliste et Salomon, violoniste. Ils donnèrent deux concerts au foyer du théâtre les 6 et 14 juin 1826.

     L'année suivante, on apprend par la presse du 16 juin 1827, que le propriétaire du café du Heaume, venait d'engager "les sieurs Straus et Levy frères, artistes de Strasbourg, pour donner des soirées musicales " de 6 à 10 heures. ".... nous avons été charmé de l'ensemble admirable et de l'exécution parfaite (...) de divers morceaux dont le choix fait honneur au goût et aux talens de ces musiciens".


     Enfin, en 1840, Louis WALDTEUFEL, violoncelle solo à l'orchestre de Strasbourg, se produisit à Metz le 24 juillet, avec la participation de la pianiste messine Louise HENRY, du baryton Henri-Jules BAPTISTE, nouveau directeur du théâtre, d'une demoiselle anonyme soprano, et, fait très rare, de Victor DESVIGNES au violon. Le fondateur et directeur du conservatoire ne pouvait refuser son concours à son ami WALDTEUFEL, avec lequel il avait souvent joué en Allemagne, malgré sa santé défaillante.
Ce concert de musique de chambre se termina avec une oeuvre de Paganini, transposée pour le violoncelle par l'interprète, ce qui prouve une certaine aisance sur son instrument.

     Louis revint une dernière fois à Metz, où il participa, avec d'autres virtuoses de passage, à un concert commun donné au foyer du théâtre le 18 mars 1842.

     Deux ans plus tard, Louis WALDTEUFEL partit s'installer à Paris, sans doute touché par la Haskala, afin que ses enfants puissent suivre les cours au Conservatoire National de musique. Lui-même deviendra directeur des bals du roi Louis-Philippe.

     D'autres membres de cette brillante famille de musiciens devinrent célèbres, dont Emile WALDTEUFEL  le roi de la valse, fils de Louis. Je les évoquerai, si vous voulez bien, dans un autre billet, celui-ci étant déjà bien chargé.

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