Ayant été sollicité par la revue annuelle Les Cahiers du Château de Lunéville, éditée par le Conseil Général de Meurthe-et-Moselle, pour écrire un article sur la musique jouée dans la chapelle sous les ducs Léopold et Stanislas, je proposai un texte dans lequel je faisais précéder par des souvenirs personnels, le cours des événements historiques.
Cette manière de libeller ne reçut pas l'agrément des rédacteurs de la publication. Mon texte fut censuré... jusqu'au titre.
C'est la raison pour laquelle j'offre aujourd'hui la partie "boutée" de mon article :
La Chapelle......... cantare e sonare
Le samedi 18 août 1957, j'entrais pour la première fois dans la chapelle du château de Lunéville. Il était environ 10 heures, et déjà la journée s'annonçait chaude. Pourtant l'atmosphère de la petite nef était d'une exquise fraîcheur qui contrastait agréablement avec la lourdeur précoce de cette matinée d'été.
Je devais, le soir même, donner un concert en ce lieu, avec mon ensemble Les Instruments anciens de Lorraine, invité par l'association Les Amis du Château de Lunéville, récital enregistré par Radio-Lorraine-Champagne.
Je sortis ma viole de son étui et jouai quelques notes, afin de tester cet endroit inconnu. Ce fut un enchantement... L'acoustique était idéale et surtout inattendue. En effet, dans ce genre d'édifice, la résonance est quelquefois trop longue, ce qui m'oblige à modifier le tempo de certaines oeuvres, et rend l'interprétation nerveuse. J'étais tranquillisé. Ce soir, pensais-je, nous allons jouer en nous plongeant dans l'intimité de la musique, oubliant les soucis techniques et matériels qui faussent souvent une bonne exécution.
Ce concert fut le premier d'une longue série d'autres prestations qui se déroulèrent dans la chapelle jusqu'en 1969. Bien entendu, dès le début de ces visites au château, j'ai souhaité interpréter des oeuvres ayant été créées ou jouées à Lunéville. Le compositeur qui m'est venu d'abord à l'esprit fut Henry Desmarest, surintendant du duc Léopold de 1707 à 1737. Celui-ci, figurant déjà sur le programme de 1957, était encore inconnu, et c'est à Lunéville qu'il fut redécouvert, car figurant à chacun de mes récitals, sous forme d'extraits d'ouvrages lyriques ou religieux, avec ou sans chanteurs.
Aujourd'hui, grâce à l'excellent ouvrage que Michel Antoine lui consacra en 1965 puis à l'édition et l'exécution de ses oeuvres principales par le Centre de musique baroque de Versailles, la musique de Desmarest est connue de tous.
On peut lire la suite dans Les Cahiers du Château de Lunéville n° 6, à paraître incessamment, sous le titre La musique à la cour de Lunéville au XVIIIe siècle.
Les éditions des précédentes années étant fort intéressantes, celle de 2010 le sera sans doute tout autant. De plus, Les Cahiers sont vendus au bénéfice de la réfection du château.
Faites en l'acquisition...
Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.
Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.
Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.
Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.
Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.
Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.
Gilbert Rose
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