Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.

Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.

Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.

Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.

Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.

Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.

Gilbert Rose

jeudi 11 novembre 2010

La bigamie, mode d'emploi...

     Dans le cadre du Festival du film italien de Villerupt, le Républicain Lorrain du 7 novembre, à propos d'une oeuvre de Luca Lucini, a titré un article :"L'Art de se marier plutôt quatre fois qu'une".

     J'ai immédiatement fait le rapprochement avec un musicien messin, violoneux plutôt que violoniste, maître de danse vivant au XVIIIe siècle. Il m'a, en effet, donné du fil à retordre dans mes recherches généalogiques.

     Jean-Baptiste BARGALAS, né en 1747, épousa Barbe FLORENCE en 1767. Je découvris un second mariage en 1773 avec Elisabeth DUPUY. Je cherchai alors, tout naturellement, la date du décès de sa première femme, et je m' aperçus avec surprise, que celle-ci ne décéda qu'en 1778.

     Mon étonnement devint stupeur lorsque je tombai sur un troisième mariage  en 1783 avec Louise BECK, puis un quatrième l'année suivante avec Elisabeth PEGUINNE.

     Il convola quatre fois du vivant de ses précédentes épousées ! Bargalas était bigame !

     Vous paraissez perplexe, cher lecteur, devant la désinvolture de notre joueur de violon et vous vous demandez comment cela a-t-il été possible.

     C'est fort simple. A cette époque l'état civil n'existait pas, seuls les registres paroissiaux recensaient les naissances, mariages et décès.

     Il suffisait à Bargalas de choisir à chaque fois sa nouvelle épouse dans une paroisse différente et d'y déménager. Les braves curés de cette époque n'avaient pas l'habitude de se communiquer le contenu de leurs registres paroissiaux.

     Il eut plusieurs enfants de ses quatre mariages. Son frère Nicolas, également violoneux, épousa aussi plusieurs femmes. Mais lui, attendit patiemment leur décès avant de convoler à nouveau.

     Cher lecteur, ne montrez pas ce billet à n'importe qui, il pourrait susciter d'inquiétantes initiatives.....

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