A mon arrivée à Metz en 1950, la ville était en pleine renaissance musicale, après la fin de la guerre. Un nouvel orchestre s'était formé et de jeunes compositeurs étaient programmés par le directeur Henri Graebert.
Parmi eux, le fils d'un médecin célèbre de la ville, Paul Boisselet était un précurseur, expérimentant les harmonies nouvelles de la musique concrète. Mais contrairement à Pierre Schaeffer qui, au même moment, créait ses oeuvres à partir de bruitages et de séquences enregistrées puis manipulées, Paul Boisselet mêlait la sonorité réelle de l'orchestre aux sons électroacoustiques, y associant parfois le sérialisme.
En 1950, Paul Boisselet dirigea sa Symphonie Rouge au théâtre de Metz, avec l'orchestre de la ville et un imposant dispositif électronique. J'étais au pupitre de percussion ; la partition était fort chargée en instruments nouveaux qu'il fallut se procurer.
Parmi ceux-ci, une sirène ! Aujourd'hui tous les orchestres possèdent cet instrument, mais à l'époque, personne encore n'avait utilisé une sirène dans une oeuvre musicale. Il fallut absolument en trouver une.
Quelqu'un pensa à la sirène signalant les alertes pendant la guerre, située sur le toit du théâtre. Elle était assez conséquente, constituée, si je m'en souviens bien, d'un large caisson pesant, de forme rectangulaire, et surmontée de quatre haut-parleurs évasés comme des pavillons de cors de chasse, dirigés vers les points cardinaux. Elle fonctionnait à l'électricité.
Les machinistes du théâtre la démontèrent, la descendirent et l'installèrent sur la scène, derrière l'estrade de l'orchestre, invisible du public. Mon pupitre étant situé au sommet de l'estrade, j'étais bien placé pour indiquer aux machinistes le moment de leur intervention.
Au cours des répétitions, tout se passa comme prévu. Le son de la sirène était peut-être un peu fort, mais on ne pouvait pas l'atténuer. Les machinistes étaient très contents d'être devenus des musiciens d'orchestre !
Le jour du concert, je fis le signe convenu pour démarrer le son de la sirène, puis celui qui devait le stopper. Mais surprise, elle ne s'arrêta pas. je réitérai mon geste avec davantage d'insistance, nenni ! la sirène continuait à hurler !
Me retournant brusquement, je m' aperçus que la sirène était bloquée et que les machinistes ne parvenaient plus à la contrôler. Elle beugla ainsi jusqu'à la fin de l'oeuvre, et on ne put entendre le solo de violon de Gabriel Soudant, qui formait sa conclusion.
Dans la salle ce fut un beau charivari ! On se serait cru au Théâtre des Champs-Elysées, à la création du Sacre du Printemps en 1913.
Le public était déjà sorti du théâtre que la sirène sonnait encore...
La semaine suivante, la Symphonie Rouge était jouée salle Poirel à Nancy. Vital Lahana a interprété son solo de violon dans le calme le plus parfait, car on n'avait pas trouvé de sirène dans la ville...
Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.
Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.
Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.
Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.
Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.
Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.
Gilbert Rose
lundi 30 décembre 2013
samedi 23 novembre 2013
L'avait-on oublié ?
Depuis le 1er janvier 2013, il ne se passe pas un jour sans qu'un studio de radio ou de télévision, sans qu'un journal ou un magazine n'évoque le bicentenaire de la naissance de Richard Wagner et de Giuseppe Verdi. Tant mieux !
Depuis le début de cette année 2013, les Anglais sont restés silencieux, observant attentivement les célébrations et commémorations organisées dans le monde en l'honneur de ces deux célébrités musicales universelles, y participant même à l'occasion.
Et puis, en ce mois de novembre, le 22 exactement, ils nous révèlent un centenaire les touchant de très près, celui de Benjamin Britten, né en 1913, un des rares compositeurs ayant développé, après Purcell, des qualités exceptionnelles pour l'écriture musicale.
Comme ils ont dû souffrir durant ces onze mois ! A tel point qu'ils ont oublié le 450e anniversaire de la naissance de John Dowland, autre célébrité anglaise, né en 1563.
En France, nous aurions pu penser au 250e anniversaire de la mort de Hotteterre et au 50e du décès de Francis Poulenc.
A Metz, plus modestement, notre mémoire a occulté le bicentenaire de la naissance du chansonnier-compositeur né en cette ville le 10 janvier 1813, Pierre-Alexis Dalès, lequel effectua une belle carrière dans la capitale, ainsi que le bicentenaire du décès de la célèbre harpiste messine Anne-Marguerite Steckler, que l'on continue à nommer à tord Anne-Marie, décédée à Londres le 15 novembre 1813.
"La reconnaissance a la mémoire courte", a pourtant prévenu Benjamin Constant.
Depuis le début de cette année 2013, les Anglais sont restés silencieux, observant attentivement les célébrations et commémorations organisées dans le monde en l'honneur de ces deux célébrités musicales universelles, y participant même à l'occasion.
Et puis, en ce mois de novembre, le 22 exactement, ils nous révèlent un centenaire les touchant de très près, celui de Benjamin Britten, né en 1913, un des rares compositeurs ayant développé, après Purcell, des qualités exceptionnelles pour l'écriture musicale.
Comme ils ont dû souffrir durant ces onze mois ! A tel point qu'ils ont oublié le 450e anniversaire de la naissance de John Dowland, autre célébrité anglaise, né en 1563.
En France, nous aurions pu penser au 250e anniversaire de la mort de Hotteterre et au 50e du décès de Francis Poulenc.
A Metz, plus modestement, notre mémoire a occulté le bicentenaire de la naissance du chansonnier-compositeur né en cette ville le 10 janvier 1813, Pierre-Alexis Dalès, lequel effectua une belle carrière dans la capitale, ainsi que le bicentenaire du décès de la célèbre harpiste messine Anne-Marguerite Steckler, que l'on continue à nommer à tord Anne-Marie, décédée à Londres le 15 novembre 1813.
"La reconnaissance a la mémoire courte", a pourtant prévenu Benjamin Constant.
mardi 22 octobre 2013
Elle a craché dans la soupe...
Un matin de cette semaine, j'ai écouté sur France-Musique, une interview de Natalie Dessay, accompagnée du compositeur Michel Legrand. On savait déjà que le célèbre soprano avait décidé de quitter le lyrique pour le théâtre et la chanson.
Mais je ne m'attendais pas à entendre la diva dire autant de misères sur l'opéra et ses interprètes. Elle a oublié, sans doute, que depuis une vingtaine d'années, elle a vécu de cet art, sous une avalanche de succès tant mérités.
Durant vingt minutes, j'ai subi tristement ses diatribes, approuvées discrètement par Michel Legrand. Pour lui je comprends, il n'a jamais été intéressé par l'opéra.
Mais notre cantatrice à l'immense talent n'a pas eu raison d'encourager ses admirateurs à déserter les théâtres lyriques, maintenant qu'elle n'y est plus. Ses camarades chanteurs ont du apprécier..., eux qui n'hésitent jamais à promouvoir leur art grâce à leur virtuosité.
Il faut être raisonnable ! les ouvrages lyriques procurent tout de même d'autres émotions que les chansons, aussi plaisantes soient-elles.
Chantonnez, Madame ! et laissez-nous dans notre sublime émotivité. Nous regretterons seulement votre absence...
P.S. Heureusement, le lendemain matin, dans la même émission, le directeur du théâtre de Strasbourg a tenté de renverser la vapeur... A-t-il réussi ?
Mais je ne m'attendais pas à entendre la diva dire autant de misères sur l'opéra et ses interprètes. Elle a oublié, sans doute, que depuis une vingtaine d'années, elle a vécu de cet art, sous une avalanche de succès tant mérités.
Durant vingt minutes, j'ai subi tristement ses diatribes, approuvées discrètement par Michel Legrand. Pour lui je comprends, il n'a jamais été intéressé par l'opéra.
Mais notre cantatrice à l'immense talent n'a pas eu raison d'encourager ses admirateurs à déserter les théâtres lyriques, maintenant qu'elle n'y est plus. Ses camarades chanteurs ont du apprécier..., eux qui n'hésitent jamais à promouvoir leur art grâce à leur virtuosité.
Il faut être raisonnable ! les ouvrages lyriques procurent tout de même d'autres émotions que les chansons, aussi plaisantes soient-elles.
Chantonnez, Madame ! et laissez-nous dans notre sublime émotivité. Nous regretterons seulement votre absence...
P.S. Heureusement, le lendemain matin, dans la même émission, le directeur du théâtre de Strasbourg a tenté de renverser la vapeur... A-t-il réussi ?
vendredi 20 septembre 2013
Être chrétien en Syrie...
Il n'est pas très confortable d'être chrétien en Syrie... On s'en aperçoit aujourd'hui mais cette scabreuse situation dure depuis fort longtemps.
Au point que Napoléon III intervint militairement dans ce pays en 1860, après un massacre de plus de 20 000 chrétiens... A cette époque, seuls étaient tués les hommes et les enfants de sexe masculin.
Cette expédition militaire française, qui dura six mois, permit l'émancipation des chrétiens hors de l'occupation ottomane. Mais la misère était grande parmi les rescapés, en majorité des femmes et des enfants.
Aussi, un immense élan de solidarité se leva dans toute la France pour venir en aide à ces malheureux.
A Metz, la société chorale l'Orphéon, dirigée par Édouard Mouzin, organisa un grand concert sur le kiosque de l'Esplanade, au bénéfice des chrétiens de Syrie, avec le concours de la Sainte-Cécile, conduite par Justin Baudot. Deux chorales du duché de Luxembourg se joignirent aux chanteurs messins, celles de Diekirch et de Grevenmaker.
Pour la partie instrumentale, les musiques militaires des 4e et 9e régiments d'artillerie, du 1r régiment du génie et du 35e de ligne, furent sollicitées pour accompagner cette masse chorale.
Le dimanche 9 septembre 1860, les participants messins accueillirent les Luxembourgeois à la gare ( l'ancienne évidemment), puis toute la troupe défila jusqu'à l'Orangerie du Jardin botanique, situé à ce moment en Jurue, où ils répétèrent leur programme commun.
Un banquet suivit à l'Hôtel du Nord, rue Pierre-Hardie, et enfin le concert se déroula l' après-midi, au cours duquel les généreux musiciens et chanteurs se taillèrent un succès triomphal devant une foule innombrable.
La recette au profit des chrétiens de Syrie fut considérable.
On ne fait jamais appel en vain à la générosité des Lorrains.
Au point que Napoléon III intervint militairement dans ce pays en 1860, après un massacre de plus de 20 000 chrétiens... A cette époque, seuls étaient tués les hommes et les enfants de sexe masculin.
Cette expédition militaire française, qui dura six mois, permit l'émancipation des chrétiens hors de l'occupation ottomane. Mais la misère était grande parmi les rescapés, en majorité des femmes et des enfants.
Aussi, un immense élan de solidarité se leva dans toute la France pour venir en aide à ces malheureux.
A Metz, la société chorale l'Orphéon, dirigée par Édouard Mouzin, organisa un grand concert sur le kiosque de l'Esplanade, au bénéfice des chrétiens de Syrie, avec le concours de la Sainte-Cécile, conduite par Justin Baudot. Deux chorales du duché de Luxembourg se joignirent aux chanteurs messins, celles de Diekirch et de Grevenmaker.
Pour la partie instrumentale, les musiques militaires des 4e et 9e régiments d'artillerie, du 1r régiment du génie et du 35e de ligne, furent sollicitées pour accompagner cette masse chorale.
Le dimanche 9 septembre 1860, les participants messins accueillirent les Luxembourgeois à la gare ( l'ancienne évidemment), puis toute la troupe défila jusqu'à l'Orangerie du Jardin botanique, situé à ce moment en Jurue, où ils répétèrent leur programme commun.
Un banquet suivit à l'Hôtel du Nord, rue Pierre-Hardie, et enfin le concert se déroula l' après-midi, au cours duquel les généreux musiciens et chanteurs se taillèrent un succès triomphal devant une foule innombrable.
La recette au profit des chrétiens de Syrie fut considérable.
On ne fait jamais appel en vain à la générosité des Lorrains.
mardi 27 août 2013
Le sifflet à roulette
Lorsque je fus engagé à l'orchestre de Metz en 1950 en qualité de timbalier, le pupitre de percussion ne comprenait qu'un seul exécutant, Lucien Gilbert.
Ce personnage assez curieux, cordonnier de profession, ne savait pas lire la musique. Il avait été batteur dans des orchestres de bals populaires et avait toujours joué d'instinct.
J'ignore comment il procédait pour placer à temps les coups de cymbales dont il était chargé. Bien sûr, dès qu'un rythme particulier apparaissait sur la partition, il ne pouvait plus jouer.
Le chef d'orchestre Henri Graebert, le connaissant bien, lui adressait un geste de sa baguette lorsqu'il devait intervenir.
Lors d'un concert, le Divertissement de Jacques Ibert était au programme. Dans le final, il y a une intervention d'un sifflet à roulette, qui fut confiée à Lucien Gilbert. Ce n'était pas bien compliqué : à trois reprises, sur un signe du chef, il devait souffler dans cet instrument strident durant deux secondes.
Au cours des répétitions, tout se passa le mieux du monde et notre musicien était fier d'avoir réussi à interpréter cette originale partition.
Le jour du concert, lorsque commença le final, Lucien Gilbert était debout derrière son pupitre de percussion, sifflet à la bouche, attendant le signal du chef. Lorsque le moment de l'intervention arriva,... rien ! Silence du sifflet, malgré les gestes encourageants et désespérés du chef d'orchestre.
Je me tournai vivement vers l'interprète... Il tenait son sifflet dans sa bouche, mais son visage était rouge vif et ses yeux écarquillés, prêts à sortir de leurs orbites !
En prenant sa respiration avant de souffler, il avait avalé la roulette, laquelle, coincée dans sa gorge, commençait à l'étouffer.
Heureusement, son voisin de pupitre, ayant compris ce qui se passait, lui envoya une grande claque dans le dos, ce qui fit resurgir la roulette qui dégringola le long des gradins de l'orchestre jusqu'aux pieds du chef.
Ce jour-la, on n'entendit pas le sifflet à roulette de Jacques Ibert. Mais avouez que cet accident du travail est inattendu et que Paul Moreira pourrait ajouter une séquence à son film-documentaire Travailler à en mourir.
Ce personnage assez curieux, cordonnier de profession, ne savait pas lire la musique. Il avait été batteur dans des orchestres de bals populaires et avait toujours joué d'instinct.
J'ignore comment il procédait pour placer à temps les coups de cymbales dont il était chargé. Bien sûr, dès qu'un rythme particulier apparaissait sur la partition, il ne pouvait plus jouer.
Le chef d'orchestre Henri Graebert, le connaissant bien, lui adressait un geste de sa baguette lorsqu'il devait intervenir.
Lors d'un concert, le Divertissement de Jacques Ibert était au programme. Dans le final, il y a une intervention d'un sifflet à roulette, qui fut confiée à Lucien Gilbert. Ce n'était pas bien compliqué : à trois reprises, sur un signe du chef, il devait souffler dans cet instrument strident durant deux secondes.
Au cours des répétitions, tout se passa le mieux du monde et notre musicien était fier d'avoir réussi à interpréter cette originale partition.
Le jour du concert, lorsque commença le final, Lucien Gilbert était debout derrière son pupitre de percussion, sifflet à la bouche, attendant le signal du chef. Lorsque le moment de l'intervention arriva,... rien ! Silence du sifflet, malgré les gestes encourageants et désespérés du chef d'orchestre.
Je me tournai vivement vers l'interprète... Il tenait son sifflet dans sa bouche, mais son visage était rouge vif et ses yeux écarquillés, prêts à sortir de leurs orbites !
En prenant sa respiration avant de souffler, il avait avalé la roulette, laquelle, coincée dans sa gorge, commençait à l'étouffer.
Heureusement, son voisin de pupitre, ayant compris ce qui se passait, lui envoya une grande claque dans le dos, ce qui fit resurgir la roulette qui dégringola le long des gradins de l'orchestre jusqu'aux pieds du chef.
Ce jour-la, on n'entendit pas le sifflet à roulette de Jacques Ibert. Mais avouez que cet accident du travail est inattendu et que Paul Moreira pourrait ajouter une séquence à son film-documentaire Travailler à en mourir.
mercredi 14 août 2013
Les Instruments Anciens de Lorraine (suite)
Très vite la formation en quatuor s'avéra la plus agréable et surtout la plus pratique pour exécuter la musique des compositeurs de la Cour ducale de Lorraine.
Avec 2 violes d'amour, viole de gambe et clavecin, nous avons dévoilé des auteurs talentueux et méconnus. Henri Desmarest, surintendant de la musique du duc Léopold, Louis-Maurice de La Pierre, son successeur auprès du duc Stanislas, ainsi que le violoncelliste de l'électeur de Bavière Maximilien, émigré à Luxembourg, Felice Evariste Dall Abaco. Ce dernier compositeur, ami de Desmarest, a dédié plusieurs sonates à Léopod.
A partir de 1957 et durant plus de vingt ans, nous avons donné chaque année 4 à 5 concerts d'abonnement à Metz, 2 ou 3 à Nancy et une dizaine dans la chapelle du château de Lunéville, sans parler des tournées en France et à l'étranger.
Pour exécuter le répertoire lyrique de Desmarest et les cantatilles de La Pierre, nous avons souvent fait appel à un artiste du chant. Ainsi le contralto messin Marie-Antoinette Jungmann, les barytons Jacques Herbillon et Henri Huvenne. Le soprano roumain Maria Posa a débuté sa carrière avec nous, tandis que le ténor Georges Génin la terminait.
Et puis, --on a aujourd'hui oublié ses débuts--, le contre-ténor Henri Ledroit, que j'ai découvert dans la classe de chant de Henri Huvenne au conservatoire de Nancy. Durant toute une année, ce merveilleux artiste a participé à tous nos concerts, avant d'entreprendre une carrière internationale trop courte, terminée brutalement par son décès en 1988.
D'autres chanteurs ont partagé avec nous les joies de la musique ancienne, avec davantage de complicité et aussi d'affection. Je les évoquerai lors d'un prochain billet.
Avec 2 violes d'amour, viole de gambe et clavecin, nous avons dévoilé des auteurs talentueux et méconnus. Henri Desmarest, surintendant de la musique du duc Léopold, Louis-Maurice de La Pierre, son successeur auprès du duc Stanislas, ainsi que le violoncelliste de l'électeur de Bavière Maximilien, émigré à Luxembourg, Felice Evariste Dall Abaco. Ce dernier compositeur, ami de Desmarest, a dédié plusieurs sonates à Léopod.
A partir de 1957 et durant plus de vingt ans, nous avons donné chaque année 4 à 5 concerts d'abonnement à Metz, 2 ou 3 à Nancy et une dizaine dans la chapelle du château de Lunéville, sans parler des tournées en France et à l'étranger.
Pour exécuter le répertoire lyrique de Desmarest et les cantatilles de La Pierre, nous avons souvent fait appel à un artiste du chant. Ainsi le contralto messin Marie-Antoinette Jungmann, les barytons Jacques Herbillon et Henri Huvenne. Le soprano roumain Maria Posa a débuté sa carrière avec nous, tandis que le ténor Georges Génin la terminait.
Et puis, --on a aujourd'hui oublié ses débuts--, le contre-ténor Henri Ledroit, que j'ai découvert dans la classe de chant de Henri Huvenne au conservatoire de Nancy. Durant toute une année, ce merveilleux artiste a participé à tous nos concerts, avant d'entreprendre une carrière internationale trop courte, terminée brutalement par son décès en 1988.
D'autres chanteurs ont partagé avec nous les joies de la musique ancienne, avec davantage de complicité et aussi d'affection. Je les évoquerai lors d'un prochain billet.
mardi 30 juillet 2013
Les Instruments Anciens de Lorraine
Lorsqu'il apprit que je jouais de la viole d'amour, mon maître Francis Casadesus m'incita à développer cette activité. En effet, depuis le décès de son frère Henri l'année précédente (1947), plus personne n'utilisait cet instrument particulier en France.
Pour m'encourager, il me permit, après chaque leçon, de recopier le répertoire musical de la Société des Instruments anciens que dirigeait Henri Casadesus.
C'est ainsi que je commençai à me produire sur la viole d'amour, à Nancy d'abord avec le flûtiste Daniel Roux et la pianiste Monique Vincent (il n'y avait pas de clavecin dans la ville à cette époque). Nous avons fait plusieurs émissions à Radio-Nancy.
Puis à Metz avec Albert Ehrmann à la flûte et Marcel Mercier au clavecin. Ce dernier instrument, un Neupert, avait été acquis par le Conservatoire de Metz en 1905, sous l'Annexion.
Très vite Paul Noël nous rejoignit au hautbois, puis Ferdinand Berbuto à la viole de gambe. C'est ainsi que naquit l'Ensemble de Musique et d'Instruments Anciens de Lorraine, qui devint très vite Les Instruments Anciens de Lorraine.
Je consacrerai mes billets de l'été à ce groupe musical, ses artistes permanents et occasionnels, son répertoire et ses concerts.
Pour m'encourager, il me permit, après chaque leçon, de recopier le répertoire musical de la Société des Instruments anciens que dirigeait Henri Casadesus.
C'est ainsi que je commençai à me produire sur la viole d'amour, à Nancy d'abord avec le flûtiste Daniel Roux et la pianiste Monique Vincent (il n'y avait pas de clavecin dans la ville à cette époque). Nous avons fait plusieurs émissions à Radio-Nancy.
Puis à Metz avec Albert Ehrmann à la flûte et Marcel Mercier au clavecin. Ce dernier instrument, un Neupert, avait été acquis par le Conservatoire de Metz en 1905, sous l'Annexion.
Très vite Paul Noël nous rejoignit au hautbois, puis Ferdinand Berbuto à la viole de gambe. C'est ainsi que naquit l'Ensemble de Musique et d'Instruments Anciens de Lorraine, qui devint très vite Les Instruments Anciens de Lorraine.
Je consacrerai mes billets de l'été à ce groupe musical, ses artistes permanents et occasionnels, son répertoire et ses concerts.
lundi 22 juillet 2013
Nos calmes campagnes...
Le pays messin est formé d'un grand nombre de villages paisibles où il fait bon vivre dans de vieilles demeures de pierres, fraîches et apaisantes, entourées de parcs aux grands arbres centenaires, ou en des lotissements plus récents, dont les petits jardins à la végétation rapide, cachent une intimité reposante.
Il n'en fut pas toujours ainsi...
Durant plusieurs siècles, ces calmes villages du pays messin furent l'objet de luttes sanglantes entre la ville de Metz et le duché de Lorraine. Selon qu'ils appartenaient à l'un ou l'autre camp, nos pauvres villages étaient constamment attaqués, saccagés, et les villageois bien malmenés...
Ainsi en février 1490, le duc René II, installé à Sainte-Ruffine, envoya sa soldatesque prendre d'assaut l'église fortifiée d'Ancy avant de passer les habitants au fil de l'épée. Puis il ravagea et incendia toute la campagne, de Pouilly et Verny à Lacquenexy, poussant même jusqu'à Courcelles, Glatigny et Talange.
Les lansquenets lorrains coupèrent les oreilles aux femmes de Scy, avant de les chasser, toutes nues, jusqu'aux portes de Metz.
Evidemment, les Messins se vengèrent en brûlant un grand nombre de villages appartenant au duc : Arry, Pagny, Vandières furent saccagés.
Puis, comme à l'accoutumée, on signa la paix... jusqu'au prochain conflit...
Non, nos villages en pays messin n'ont pas toujours baigné dans la sérénité... Alors profitons-en !
Il n'en fut pas toujours ainsi...
Durant plusieurs siècles, ces calmes villages du pays messin furent l'objet de luttes sanglantes entre la ville de Metz et le duché de Lorraine. Selon qu'ils appartenaient à l'un ou l'autre camp, nos pauvres villages étaient constamment attaqués, saccagés, et les villageois bien malmenés...
Ainsi en février 1490, le duc René II, installé à Sainte-Ruffine, envoya sa soldatesque prendre d'assaut l'église fortifiée d'Ancy avant de passer les habitants au fil de l'épée. Puis il ravagea et incendia toute la campagne, de Pouilly et Verny à Lacquenexy, poussant même jusqu'à Courcelles, Glatigny et Talange.
Les lansquenets lorrains coupèrent les oreilles aux femmes de Scy, avant de les chasser, toutes nues, jusqu'aux portes de Metz.
Evidemment, les Messins se vengèrent en brûlant un grand nombre de villages appartenant au duc : Arry, Pagny, Vandières furent saccagés.
Puis, comme à l'accoutumée, on signa la paix... jusqu'au prochain conflit...
Non, nos villages en pays messin n'ont pas toujours baigné dans la sérénité... Alors profitons-en !
mardi 11 juin 2013
Au début était l'Orchestre régional...
En 1974, l'Orchestre de Radio-Strasbourg fut supprimé ; la plupart des musiciens de cet ensemble symphonique vinrent à Metz pour former, avec l'Orchestre municipal de cette ville, un grand orchestre régional.
Les débuts de cette nouvelle formation musicale ne furent pas très faciles sur le plan artistique, mais aussi sur l' aspect humain. Il fallut préserver la place de chacun dans la hiérarchie des pupitres et respecter la personnalité sensible des musiciens.
Le nouveau directeur Michel Tabachnik y réussit à merveille, mêlant à ses talents de chef d'orchestre, ceux de diplomate et de négociateur.
Parmi les nouveaux arrivés à Metz, un flûtiste possédait une taille très en dessous de la moyenne. Amateur de grosses cylindrées, il avait fait allonger les tiges des pédales de sa voiture, car sans l'aide d'un épais coussin, il ne voyait pas la route.
Je l'avais engagé dans le groupe de musique contemporaine avec lequel nous donnions des concerts éducatifs dans les écoles de la région messine. Un jour, nous avons joué dans une école maternelle ; il revint des toilettes avec une physionomie particulièrement réjouie.
Il finit par monter sur sa chaise.....
Les débuts de cette nouvelle formation musicale ne furent pas très faciles sur le plan artistique, mais aussi sur l' aspect humain. Il fallut préserver la place de chacun dans la hiérarchie des pupitres et respecter la personnalité sensible des musiciens.
Le nouveau directeur Michel Tabachnik y réussit à merveille, mêlant à ses talents de chef d'orchestre, ceux de diplomate et de négociateur.
Parmi les nouveaux arrivés à Metz, un flûtiste possédait une taille très en dessous de la moyenne. Amateur de grosses cylindrées, il avait fait allonger les tiges des pédales de sa voiture, car sans l'aide d'un épais coussin, il ne voyait pas la route.
Je l'avais engagé dans le groupe de musique contemporaine avec lequel nous donnions des concerts éducatifs dans les écoles de la région messine. Un jour, nous avons joué dans une école maternelle ; il revint des toilettes avec une physionomie particulièrement réjouie.
" C'est la première fois que je trouve un urinoir à ma taille !", nous dit-il.Une autre fois, à l'issue d'un concert d'orchestre au cours duquel il avait interprété un solo assez difficile, le chef d'orchestre l'engagea à se lever pour saluer le public, avec des gestes insistants ... ne remarquant pas qu'il était déjà debout depuis un moment...
Il finit par monter sur sa chaise.....
jeudi 30 mai 2013
La viole d'amour
Je ne puis avec certitude indiquer l'année exacte... Peut-être 1946... 47 ?
Avec Claude Viant, condisciple de la classe d'alto de Gaston Stoltz au Conservatoire de Nancy, nous étions descendus dans la cave de cette école, dont la porte habituellement fermée, était ce jour-la entrouverte.
La curiosité seule avait guidé nos pas, car c'était un lieu que nous ne connaissions absolument pas. Ce sous-sol était assez vaste et particulièrement sale. Nous terminions notre visite, lorsque soudain, je remarquai, derrière un énorme tas de charbon, un vieil étui d'instrument, recouvert de poussière.
Notre envie de savoir nous fit ouvrir cette boite noire en bois, et nous découvrîmes un curieux instrument ressemblant vaguement à un alto, plus grand pourtant, et d'une forme bizarre. En effet, plus épais et plus long, il possédait une large touche, des ouïes allongées, quatorze chevilles, et, à la place de la volute, une tête de femme aux yeux bandés.
Vite, nous remontâmes de la cave, emportant notre trouvaille, pressés d'aller la montrer à notre professeur. Celui-ci, étonné, nous apprit le nom de cet instrument, une viole d'amour, et nous avoua sa disparition depuis plusieurs années et ses vaines recherches.
Gaston Stoltz nous proposa de nous l'enseigner. Claude se récusa, mais je fus très intéressé par l'intention de notre professeur.
Et c'est ainsi que j' appris à jouer de ce merveilleux instrument grâce auquel, plus tard, je donnai une multitude de concerts, en France et à l' étranger, avec l'ensemble Les Instruments Anciens de Lorraine (2 violes d'amour, viole de gambe, clavecin), aujourd'hui disparu.
Quand je pense que Voltaire a dit qu'il n'y a point de hasard...
Avec Claude Viant, condisciple de la classe d'alto de Gaston Stoltz au Conservatoire de Nancy, nous étions descendus dans la cave de cette école, dont la porte habituellement fermée, était ce jour-la entrouverte.
La curiosité seule avait guidé nos pas, car c'était un lieu que nous ne connaissions absolument pas. Ce sous-sol était assez vaste et particulièrement sale. Nous terminions notre visite, lorsque soudain, je remarquai, derrière un énorme tas de charbon, un vieil étui d'instrument, recouvert de poussière.
Notre envie de savoir nous fit ouvrir cette boite noire en bois, et nous découvrîmes un curieux instrument ressemblant vaguement à un alto, plus grand pourtant, et d'une forme bizarre. En effet, plus épais et plus long, il possédait une large touche, des ouïes allongées, quatorze chevilles, et, à la place de la volute, une tête de femme aux yeux bandés.
Vite, nous remontâmes de la cave, emportant notre trouvaille, pressés d'aller la montrer à notre professeur. Celui-ci, étonné, nous apprit le nom de cet instrument, une viole d'amour, et nous avoua sa disparition depuis plusieurs années et ses vaines recherches.
Gaston Stoltz nous proposa de nous l'enseigner. Claude se récusa, mais je fus très intéressé par l'intention de notre professeur.
Et c'est ainsi que j' appris à jouer de ce merveilleux instrument grâce auquel, plus tard, je donnai une multitude de concerts, en France et à l' étranger, avec l'ensemble Les Instruments Anciens de Lorraine (2 violes d'amour, viole de gambe, clavecin), aujourd'hui disparu.
Quand je pense que Voltaire a dit qu'il n'y a point de hasard...
lundi 20 mai 2013
Histoire de mon village.
Depuis quelques décennies, dans beaucoup de villages lorrains, des érudits locaux férus d'Histoire, ont consacré de longues heures à fouiller le passé de leurs ancêtres et sont ainsi parvenus à écrire l'historique de leur commune.
Souvent il y a profusion de documents et le résultat de ces recherches fastidieuses se concrétise en un fort volume édité à compte d'auteur, que tous les habitants du lieu s'empressent d'acquérir.
D'autres fois, les annales du village sont enfouies dans des méandres compliqués et il est nécessaire d'entreprendre de longs travaux savants pour parvenir à débroussailler l'Histoire.
Il arrive, et c'est le cas de mon village de Pouilly en Moselle, que des documents indispensables se soient perdus au fil du temps, et qu'il faille déployer des ruses de détective habile pour les retrouver.
Pensez donc ! Il y a 16 communes en France qui portent le nom de Pouilly, sans compter les hameaux et les fermes isolées. Presque toutes, y compris la mienne, ont possédé une seigneurie au cours de l'Histoire...
Ce qui est déjà acquis, et les fouilles réalisées il y a quelques années au lieu-dit Chêvre-Haie le prouvent, c'est que le site de Pouilly était déjà habité au néolithique, car des tombes y ont été découvertes, contenant, outre les restes humains, des vases de la période campaniforme, ayant une origine rhénane.
C'est un bon début... Il n'y a plus qu'à découvrir la suite de l'histoire de Pouilly au travers des trois ou quatre millénaires qui nous séparent de cette époque lointaine...
Souvent il y a profusion de documents et le résultat de ces recherches fastidieuses se concrétise en un fort volume édité à compte d'auteur, que tous les habitants du lieu s'empressent d'acquérir.
D'autres fois, les annales du village sont enfouies dans des méandres compliqués et il est nécessaire d'entreprendre de longs travaux savants pour parvenir à débroussailler l'Histoire.
Il arrive, et c'est le cas de mon village de Pouilly en Moselle, que des documents indispensables se soient perdus au fil du temps, et qu'il faille déployer des ruses de détective habile pour les retrouver.
Pensez donc ! Il y a 16 communes en France qui portent le nom de Pouilly, sans compter les hameaux et les fermes isolées. Presque toutes, y compris la mienne, ont possédé une seigneurie au cours de l'Histoire...
Ce qui est déjà acquis, et les fouilles réalisées il y a quelques années au lieu-dit Chêvre-Haie le prouvent, c'est que le site de Pouilly était déjà habité au néolithique, car des tombes y ont été découvertes, contenant, outre les restes humains, des vases de la période campaniforme, ayant une origine rhénane.
C'est un bon début... Il n'y a plus qu'à découvrir la suite de l'histoire de Pouilly au travers des trois ou quatre millénaires qui nous séparent de cette époque lointaine...
vendredi 26 avril 2013
Anniversaire.
Aujourd'hui est un jour anniversaire important et populaire à la fois.
Il y a 221 ans, un jeune capitaine du génie, accessoirement musicien et poète, en garnison à Strasbourg, à l'issue d'une soirée patriotique, festive et maçonnique au domicile du maire de la ville, et après avoir été incité par les convives, composa le Chant de guerre de l'Armée du Rhin.
Rouget de l'Isle y passa la nuit !
Et le 26 avril 1792, toujours chez le baron Dietrich, cet air guerrier fut chanté par le maître de maison, accompagné au piano-forte par son épouse. Ce fut l'enthousiasme parmi les invités, les mêmes que la veille, dont le maréchal Luckner, le colonel Ihler, les capitaines Sorbier et Meguier, le directeur de l'artillerie Ravel de Puycontal, peut-être le lieutenant Richepanse et bien d'autres.
Après des péripéties aussi bizarres qu'inattendues, mais connues de tous, ces couplets patriotiques, tour à tour adulés, maudits, interdits, acclamés, moqués, deviendront beaucoup plus tard, sous la IIIe République, notre hymne national sous le nom de La Marseillaise.
Vous pensez peut-être que ce jeune compositeur reçut les honneurs les plus glorieux et qu'il vécut dans l'opulence ?
Détrompez-vous ! L'existence de Rouget de l'Isle se déroula misérablement, dans les marasmes les plus sordides ; emprisonné, ruiné, dégradé, rien ne lui fut épargné.
Une lueur de joie, pourtant en 1830, lorsque Berlioz orchestra si merveilleusement La Marseillaise.
Rouget de l'Isle mourut six ans plus tard, oublié de tous, sauf de quelques rares amis fidèles, le général Blein et la famille Voiart.
Il y a des services si grands qu'on ne peut les payer que par l'ingratitude. (Alexandre Dumas fils).
Il y a 221 ans, un jeune capitaine du génie, accessoirement musicien et poète, en garnison à Strasbourg, à l'issue d'une soirée patriotique, festive et maçonnique au domicile du maire de la ville, et après avoir été incité par les convives, composa le Chant de guerre de l'Armée du Rhin.
Rouget de l'Isle y passa la nuit !
Et le 26 avril 1792, toujours chez le baron Dietrich, cet air guerrier fut chanté par le maître de maison, accompagné au piano-forte par son épouse. Ce fut l'enthousiasme parmi les invités, les mêmes que la veille, dont le maréchal Luckner, le colonel Ihler, les capitaines Sorbier et Meguier, le directeur de l'artillerie Ravel de Puycontal, peut-être le lieutenant Richepanse et bien d'autres.
Après des péripéties aussi bizarres qu'inattendues, mais connues de tous, ces couplets patriotiques, tour à tour adulés, maudits, interdits, acclamés, moqués, deviendront beaucoup plus tard, sous la IIIe République, notre hymne national sous le nom de La Marseillaise.
Vous pensez peut-être que ce jeune compositeur reçut les honneurs les plus glorieux et qu'il vécut dans l'opulence ?
Détrompez-vous ! L'existence de Rouget de l'Isle se déroula misérablement, dans les marasmes les plus sordides ; emprisonné, ruiné, dégradé, rien ne lui fut épargné.
Une lueur de joie, pourtant en 1830, lorsque Berlioz orchestra si merveilleusement La Marseillaise.
Rouget de l'Isle mourut six ans plus tard, oublié de tous, sauf de quelques rares amis fidèles, le général Blein et la famille Voiart.
Il y a des services si grands qu'on ne peut les payer que par l'ingratitude. (Alexandre Dumas fils).
lundi 1 avril 2013
Les cloches sont de retour
Les cloches de Metz ont effectué le voyage pour Rome selon la tradition de Pâques. Malgré son grand âge (408 ans), la vieille Mutte a participé également à l'expédition, dont elle connaît si bien le chemin.
Mais elles sont revenues ! Heureusement, car il y a belle lurette qu'on n'en fabrique plus dans la cité. Le dernier fondeur de cloches messin, François-Joseph Goussel, avait son usine rue des Jardins.
Né le 30 mars 1825, il était célèbre dans le monde entier. Parmi les 2 946 cloches qu'il a fondues, disséminées en France, 1 324 sont en Lorraine, 4 à New York, 3 au Pérou, 2 à Tunis et 1 à Chypre. Il a d'ailleurs été primé à l'Exposition Universelle de Metz en 1861 et à celle de Paris en 1863.
Saviez-vous qu'entre 1384 et 1491, il y avait à Metz 79 maîtres bombardiers (fabricants de canons), dont presque la moitié étaient également fondeurs de cloches ? C'est Lorédan Larchey qui le dit ; cet archiviste messin du XIXe siècle en savait quelque chose, puisqu'avant de faire l'École des Chartes, il était canonnier au 7e Régiment d'artillerie.
Et le terme "canon" possède tant de significations, depuis les règles définies d'une discipline jusqu'aux arts et la religion, en passant par le verre de vin rouge...
NB : Ceci n'est pas un poisson d'avril !
Mais elles sont revenues ! Heureusement, car il y a belle lurette qu'on n'en fabrique plus dans la cité. Le dernier fondeur de cloches messin, François-Joseph Goussel, avait son usine rue des Jardins.
Né le 30 mars 1825, il était célèbre dans le monde entier. Parmi les 2 946 cloches qu'il a fondues, disséminées en France, 1 324 sont en Lorraine, 4 à New York, 3 au Pérou, 2 à Tunis et 1 à Chypre. Il a d'ailleurs été primé à l'Exposition Universelle de Metz en 1861 et à celle de Paris en 1863.
Saviez-vous qu'entre 1384 et 1491, il y avait à Metz 79 maîtres bombardiers (fabricants de canons), dont presque la moitié étaient également fondeurs de cloches ? C'est Lorédan Larchey qui le dit ; cet archiviste messin du XIXe siècle en savait quelque chose, puisqu'avant de faire l'École des Chartes, il était canonnier au 7e Régiment d'artillerie.
Et le terme "canon" possède tant de significations, depuis les règles définies d'une discipline jusqu'aux arts et la religion, en passant par le verre de vin rouge...
NB : Ceci n'est pas un poisson d'avril !
dimanche 17 mars 2013
J'ai eu peur...
La semaine dernière s'est déroulé au Caveau des Trinitaires de Metz, le Festival des musiques lycéennes. Au cours de cette manifestation, se sont fait entendre (le mot n'est pas de trop !), plusieurs groupes de musiciens déchaînés à extérioriser de leurs instruments les décibels les plus intenses, au moyen de sons bruyants et laids.
J'ai alors plaint les malheureux professeurs d'éducation musicale qui ne parvenaient pas, tels des capitaines dépassés par la tempête, à canaliser le trop plein d'énergies sauvages et primitives issues de cerveaux tourmentés et irréfléchis.
Et puis hier, j'ai lu dans le Républicain Lorrain, que le véritable concert des Lycées allait se dérouler à la fin du mois de mars, avec un programme plus sensé, plus culturel, même s'il reste révolutionnaire. Alors je demande pardon aux professeurs que j'avais si mal jugés.
Il paraît que l'organisation de ce concert existe depuis 22 ans à Metz.
Pourtant c'est bien le jeudi 14 avril 1870 qu'eut lieu le premier concert du Lycée de Metz, dont la critique parut dans Le Messin du dimanche suivant :
"Pendant plus de deux heures, un grand nombre de morceaux de violon, de violoncelle et de piano, ont été exécutés par les élèves qui s'en sont acquittés avec une expression parfaite, un rythme excellent, une grande finesse d'exécution. Entre tous, on a particulièrement applaudi les jeunes : Duréault, Dimanche, Durget, Levy, Durasey, Joubert, etc... qui se sont comportés en véritables artistes".
Les professeurs étaient Morhange, Pinon, Priou et Pierné, père de Gabriel, qui dirigeait la chorale du Lycée.
Le succès fut tel, que le proviseur organisa un second concert le 23 juin, avec un programme entièrement renouvelé.
Il fallait le faire ! ... Bravo les lycéens !...
J'ai alors plaint les malheureux professeurs d'éducation musicale qui ne parvenaient pas, tels des capitaines dépassés par la tempête, à canaliser le trop plein d'énergies sauvages et primitives issues de cerveaux tourmentés et irréfléchis.
Et puis hier, j'ai lu dans le Républicain Lorrain, que le véritable concert des Lycées allait se dérouler à la fin du mois de mars, avec un programme plus sensé, plus culturel, même s'il reste révolutionnaire. Alors je demande pardon aux professeurs que j'avais si mal jugés.
Il paraît que l'organisation de ce concert existe depuis 22 ans à Metz.
Pourtant c'est bien le jeudi 14 avril 1870 qu'eut lieu le premier concert du Lycée de Metz, dont la critique parut dans Le Messin du dimanche suivant :
"Pendant plus de deux heures, un grand nombre de morceaux de violon, de violoncelle et de piano, ont été exécutés par les élèves qui s'en sont acquittés avec une expression parfaite, un rythme excellent, une grande finesse d'exécution. Entre tous, on a particulièrement applaudi les jeunes : Duréault, Dimanche, Durget, Levy, Durasey, Joubert, etc... qui se sont comportés en véritables artistes".
Les professeurs étaient Morhange, Pinon, Priou et Pierné, père de Gabriel, qui dirigeait la chorale du Lycée.
Le succès fut tel, que le proviseur organisa un second concert le 23 juin, avec un programme entièrement renouvelé.
Il fallait le faire ! ... Bravo les lycéens !...
mercredi 13 mars 2013
Tempête de neige et musique (suite)
Ainsi que je l'ai dit dans mon précédent billet, il neigeait très fort sur Metz, le dimanche 13 mars 1870, comme aujourd'hui dans le nord du pays.
Gavarni, le critique musical du Messin, avait promis de se rendre à Montigny, pour assister au concert donné par la Société Philharmonique des Ateliers du Chemin de fer.
Il pestait contre la tempête de neige qui le retardait dans sa marche et risquait de lui faire manquer le spectacle. Il arriva enfin, mouillé, essoufflé et put entendre les artistes qui s'y sont produits.
Dans son article du dimanche suivant, Le Messin ne paraissant qu'une fois par semaine, il vanta les mérites de l'harmonie qui exécuta Martha, Le Bouquet de valses et Le Rendez-vous de chasse, "car depuis le dernier concert, de grands progrès ont été obtenus et nous en félicitons vivement MM. Kerne et Lalevée, ainsi que les élèves parmi lesquels nous avons entendu quelques bons solistes."
Gavarni cite Mlle Agathe Bouchez, 1r prix de piano à l'École de musique de Metz, qui joua une fantaisie sur Le Trouvère et participa à un quatuor dont l'auteur n'a pas été cité, avec Morhange, violon, Pop, alto et Pruvot, violoncelle, tous trois musiciens au théâtre de Metz.
Les louanges de Gavarni allèrent aussi aux chœurs, conduits par Chevillon et Levasseur. "Aussi bien pour La Saint-Hubert, moins de chance pour Le Chant des travailleurs, mais que voulez-vous ! La Retraite et Les Buveurs ayant déjà passé par ces gosiers généreux, la mæstria du chant final s'en est trouvée quelque peu diminuée."
Heureuse époque où, pour la musique, on bravait les intempéries...
Gavarni, le critique musical du Messin, avait promis de se rendre à Montigny, pour assister au concert donné par la Société Philharmonique des Ateliers du Chemin de fer.
Il pestait contre la tempête de neige qui le retardait dans sa marche et risquait de lui faire manquer le spectacle. Il arriva enfin, mouillé, essoufflé et put entendre les artistes qui s'y sont produits.
Dans son article du dimanche suivant, Le Messin ne paraissant qu'une fois par semaine, il vanta les mérites de l'harmonie qui exécuta Martha, Le Bouquet de valses et Le Rendez-vous de chasse, "car depuis le dernier concert, de grands progrès ont été obtenus et nous en félicitons vivement MM. Kerne et Lalevée, ainsi que les élèves parmi lesquels nous avons entendu quelques bons solistes."
Gavarni cite Mlle Agathe Bouchez, 1r prix de piano à l'École de musique de Metz, qui joua une fantaisie sur Le Trouvère et participa à un quatuor dont l'auteur n'a pas été cité, avec Morhange, violon, Pop, alto et Pruvot, violoncelle, tous trois musiciens au théâtre de Metz.
Les louanges de Gavarni allèrent aussi aux chœurs, conduits par Chevillon et Levasseur. "Aussi bien pour La Saint-Hubert, moins de chance pour Le Chant des travailleurs, mais que voulez-vous ! La Retraite et Les Buveurs ayant déjà passé par ces gosiers généreux, la mæstria du chant final s'en est trouvée quelque peu diminuée."
Heureuse époque où, pour la musique, on bravait les intempéries...
vendredi 1 mars 2013
Quand les cheminots font de la musique...
Il est sérieusement question, actuellement, de la disparition des Ateliers-SNCF de Montigny-lès-Metz, présents dans la cité depuis au moins 160 années, et qui ont contribué à l'envol de la population.
En 1868, le directeur des Ateliers, M. Dietz, autorisa au sein de la Compagnie, la création d'une fanfare, placée sous la direction de Auguste Kern, ajusteur. Ce dernier avait appris à jouer de la clarinette à l'École de musique de Metz, dans la classe de Nicolas Casse.
Les musiciens donnèrent leur premier concert le dimanche 22 novembre, dans le vaste atelier de peinture, avec un programme composé de valses, polkas, quadrilles, et même la cavatine de Hernani, jouée au piston par Guermer.
L'année suivante, au concert du 14 mars 1869, il y avait 1 500 personnes pour écouter la musique dans l'atelier de peinture. En plus de la fanfare, un orphéon était né, qui a exécuté les chœurs difficiles des Chasseurs du Freischütz et des Soldats de Faust, sous la direction de Chevillon.
Enfin, pour le concert du dimanche 13 mars 1870, la modeste fanfare s'était transformée en harmonie, sous le nom de Société Philharmonique des Ateliers du Chemin de fer.
Pendant qu'au dehors une tempête de neige recouvrait les rues, les musiciens et les chanteurs développèrent un riche programme, témoin de leurs progrès rapides.
A la fin du concert, la couche de neige était tellement épaisse, que le directeur mit gracieusement un train à la disposition des auditeurs, afin de les ramener à Metz.
La guerre et l'annexion qui suivit stoppa net l'élan des cheminots-musiciens des Ateliers de Montigny, car tous les ouvriers furent rapatriés "en France".
Dommage... ils étaient si bien lancés...
En 1868, le directeur des Ateliers, M. Dietz, autorisa au sein de la Compagnie, la création d'une fanfare, placée sous la direction de Auguste Kern, ajusteur. Ce dernier avait appris à jouer de la clarinette à l'École de musique de Metz, dans la classe de Nicolas Casse.
Les musiciens donnèrent leur premier concert le dimanche 22 novembre, dans le vaste atelier de peinture, avec un programme composé de valses, polkas, quadrilles, et même la cavatine de Hernani, jouée au piston par Guermer.
L'année suivante, au concert du 14 mars 1869, il y avait 1 500 personnes pour écouter la musique dans l'atelier de peinture. En plus de la fanfare, un orphéon était né, qui a exécuté les chœurs difficiles des Chasseurs du Freischütz et des Soldats de Faust, sous la direction de Chevillon.
Enfin, pour le concert du dimanche 13 mars 1870, la modeste fanfare s'était transformée en harmonie, sous le nom de Société Philharmonique des Ateliers du Chemin de fer.
Pendant qu'au dehors une tempête de neige recouvrait les rues, les musiciens et les chanteurs développèrent un riche programme, témoin de leurs progrès rapides.
A la fin du concert, la couche de neige était tellement épaisse, que le directeur mit gracieusement un train à la disposition des auditeurs, afin de les ramener à Metz.
La guerre et l'annexion qui suivit stoppa net l'élan des cheminots-musiciens des Ateliers de Montigny, car tous les ouvriers furent rapatriés "en France".
Dommage... ils étaient si bien lancés...
dimanche 24 février 2013
Quelle famille !
Aujourd'hui le Républicain Lorrain consacre une page au village lorrain Retonfey, et, bien évidemment, évoque Ernest Auricoste de Lazarque qui en fut maire à la fin du XIXe siècle, mais dont la famille n'est pas originaire d'Auvergne.
En effet, le père d'Ernest, Eugène est né à Villeréal en pays d'Agenais, aujourd'hui Lot-et-Garonne, en 1786. Lieutenant-colonel d'artillerie, il jouait fort bien du violoncelle et appartenait à la Société Philharmonique de Metz depuis 1827. Il fut même violoncelle-solo en 1830 et effectua son dernier concert le 8 juin 1839.
Le grand-père d'Ernest, Jean-Baptiste, mort à Villeréal en 1793, a épousé Marguerite Bontemps et non pas Anne-Adrienne Blaise de Rozerieulles, laquelle s'est unie à son autre grand-père, maternel celui-la, Frédéric-Ernest-Alexandre de Bony de Lavergne.
Pour en revenir à Ernest Auricoste de Lazarque, comme l'indique l'auteur de l'article, il est décédé en son château de Retonfey, au moment-même où ses confrères de l'Académie de Metz l'élisaient à la présidence de leur compagnie, le jeudi 26 avril 1894.
Ah... que l'histoire est compliquée...
En effet, le père d'Ernest, Eugène est né à Villeréal en pays d'Agenais, aujourd'hui Lot-et-Garonne, en 1786. Lieutenant-colonel d'artillerie, il jouait fort bien du violoncelle et appartenait à la Société Philharmonique de Metz depuis 1827. Il fut même violoncelle-solo en 1830 et effectua son dernier concert le 8 juin 1839.
Le grand-père d'Ernest, Jean-Baptiste, mort à Villeréal en 1793, a épousé Marguerite Bontemps et non pas Anne-Adrienne Blaise de Rozerieulles, laquelle s'est unie à son autre grand-père, maternel celui-la, Frédéric-Ernest-Alexandre de Bony de Lavergne.
Pour en revenir à Ernest Auricoste de Lazarque, comme l'indique l'auteur de l'article, il est décédé en son château de Retonfey, au moment-même où ses confrères de l'Académie de Metz l'élisaient à la présidence de leur compagnie, le jeudi 26 avril 1894.
Ah... que l'histoire est compliquée...
mardi 19 février 2013
Mardi-gras...
Actuellement, c'est la période des grandes fêtes carnavalesques et dans certaines villes, au Nord ou au Sud, de Dunkerque à Nice, de brillantes cavalcades se déroulent pour la plus grande joie des habitants et des touristes.
Les citadins de Metz n'ont pas l'exubérance des Niçois et ne cultivent pas le citron comme à Menton.
Pourtant, il fut un temps où se déroulèrent dans les rues de Metz des défilés de carnaval pour lesquels on se déguisait, on chantait et dansait sous le fallacieux prétexte d'entrer en Carême.
C'était dans un autre siècle : lorsque les Prussiens entrèrent dans Metz le 29 octobre 1870, débutant une annexion de 48 années, ils supprimèrent toutes les associations culturelles.
Très vite, des familles entières quittèrent Metz, afin de demeurer françaises. Les autres, ceux qui ne pouvaient partir, se terrèrent chez eux, attendant craintivement les événements et peut-être des jours meilleurs.
Les premiers immigrés allemands arrivés à Metz, s'installèrent dans une ville morne, languissante de morosité, une cité sans âme, sans chaleur.
Alors, pour donner vie à leur nouveau domicile, ils créèrent une association carnavalesque qu'ils baptisèrent Schnurrdiburr (pouvant se traduire par Badaboum), du nom d'un ouvrage de Wilhelm Busch, humoriste allemand inventeur de la bande dessinée moderne, paru en 1869.
Fondée le 18 septembre 1871, cette association populaire prépara le carnaval de février 1872, qui fut assez modeste.
Mais au cours des années d'annexion, ces fêtes devinrent plus importantes et leur réputation dépassa les limites régionales... vers l'Est, malgré la non-participation des habitants indigènes.
Inutile de dire qu'à la libération de 1918, la Schnurrdiburr fut interdite.
Aujourd'hui, si vous souhaitez assister à une cavalcade de carnaval en Lorraine, il vous faut aller à Sarreguemines. Bon Mardi-gras !
Les citadins de Metz n'ont pas l'exubérance des Niçois et ne cultivent pas le citron comme à Menton.
Pourtant, il fut un temps où se déroulèrent dans les rues de Metz des défilés de carnaval pour lesquels on se déguisait, on chantait et dansait sous le fallacieux prétexte d'entrer en Carême.
C'était dans un autre siècle : lorsque les Prussiens entrèrent dans Metz le 29 octobre 1870, débutant une annexion de 48 années, ils supprimèrent toutes les associations culturelles.
Très vite, des familles entières quittèrent Metz, afin de demeurer françaises. Les autres, ceux qui ne pouvaient partir, se terrèrent chez eux, attendant craintivement les événements et peut-être des jours meilleurs.
Les premiers immigrés allemands arrivés à Metz, s'installèrent dans une ville morne, languissante de morosité, une cité sans âme, sans chaleur.
Alors, pour donner vie à leur nouveau domicile, ils créèrent une association carnavalesque qu'ils baptisèrent Schnurrdiburr (pouvant se traduire par Badaboum), du nom d'un ouvrage de Wilhelm Busch, humoriste allemand inventeur de la bande dessinée moderne, paru en 1869.
Fondée le 18 septembre 1871, cette association populaire prépara le carnaval de février 1872, qui fut assez modeste.
Mais au cours des années d'annexion, ces fêtes devinrent plus importantes et leur réputation dépassa les limites régionales... vers l'Est, malgré la non-participation des habitants indigènes.
Inutile de dire qu'à la libération de 1918, la Schnurrdiburr fut interdite.
Aujourd'hui, si vous souhaitez assister à une cavalcade de carnaval en Lorraine, il vous faut aller à Sarreguemines. Bon Mardi-gras !
samedi 19 janvier 2013
La contrebasse à 5 cordes.
Dans le Républicain Lorrain d'hier, au bas de la page 4 du 2d feuillet, on peut admirer une photo avec, au premier plan, une magnifique contrebasse à 5 cordes. On a même l'impression qu'elle est jouée par le nouvel administrateur de l'Orchestre Philharmonique de Lorraine.
Je me souviens lorsque l'Orchestre de Metz-- qui était municipal-- a fait l'acquisition de cet instrument pour la première fois. Il y a bien longtemps...
C'est à mon ami Jacques, second soliste, que fut confié cet instrument bien utile.
En effet, dans la musique classique, les contrebasses doublaient souvent les violoncelles à l'octave inférieure. Or, ceux-ci descendent jusqu'à la note Do (la corde la plus basse), alors que la contrebasse n'atteint que le Mi.
Les contrebassistes étaient obligés de transposer pour deux notes manquantes, ce qui créait des vides sonores insupportables et une gymnastique inconfortable pour l'instrumentiste.
Alors, au XIXe siècle, quelqu'un eut cette excellente idée d'utiliser l'instrument auquel on avait ajouté une 5e corde grave, le Do.
Le fameux contrebassiste autrichien Johannes Sperger en possédait déjà une à la fin du XVIIIe siècle, du luthier vénitien Domenico Montagnana.
L'instrument est plus difficile à jouer car les cordes étant très rapprochées, l'archet risque souvent de déraper. Mon ami Jacques était un virtuose de la contrebasse à 5 cordes.
Jadis, dans les orchestres, l'artiste qui tenait cet instrument gagnait 10% de plus que ses collègues de pupitre. J'ignore ce qu'il en est aujourd'hui ; mais si les musiciens d'orchestre étaient rétribués au nombre de cordes de leur instrument, peut-être y aurait-il davantage de harpes...
Je me souviens lorsque l'Orchestre de Metz-- qui était municipal-- a fait l'acquisition de cet instrument pour la première fois. Il y a bien longtemps...
C'est à mon ami Jacques, second soliste, que fut confié cet instrument bien utile.
En effet, dans la musique classique, les contrebasses doublaient souvent les violoncelles à l'octave inférieure. Or, ceux-ci descendent jusqu'à la note Do (la corde la plus basse), alors que la contrebasse n'atteint que le Mi.
Les contrebassistes étaient obligés de transposer pour deux notes manquantes, ce qui créait des vides sonores insupportables et une gymnastique inconfortable pour l'instrumentiste.
Alors, au XIXe siècle, quelqu'un eut cette excellente idée d'utiliser l'instrument auquel on avait ajouté une 5e corde grave, le Do.
Le fameux contrebassiste autrichien Johannes Sperger en possédait déjà une à la fin du XVIIIe siècle, du luthier vénitien Domenico Montagnana.
L'instrument est plus difficile à jouer car les cordes étant très rapprochées, l'archet risque souvent de déraper. Mon ami Jacques était un virtuose de la contrebasse à 5 cordes.
Jadis, dans les orchestres, l'artiste qui tenait cet instrument gagnait 10% de plus que ses collègues de pupitre. J'ignore ce qu'il en est aujourd'hui ; mais si les musiciens d'orchestre étaient rétribués au nombre de cordes de leur instrument, peut-être y aurait-il davantage de harpes...
samedi 12 janvier 2013
N'oublions pas Gabriel Pierné
Mon ami Georges Masson ne manque jamais une occasion de promouvoir les compositeurs lorrains. Ainsi, Gabriel Pierné fait l'objet de ses soins les plus attentionnés.
Dernièrement, il a prononcé à l'Académie Nationale de Metz, une communication au cours de laquelle il a développé avec enthousiasme les grands traits de l'existence du compositeur messin, dont on célébrera cette année le 150e anniversaire de sa naissance.
Gabriel Pierné est aujourd'hui un compositeur trop méconnu et pas suffisamment interprété.
Au Conservatoire de Paris, dans la classe de solfège de Lavignac, il obtint en 1874 une 1e médaille, alors que Debussy ne décrochait que la 3e.
En 1877 Debussy dépassa Pierné avec un 2d prix de piano, que ce dernier n'atteignit qu'en 1878.
Mais en 1879, Pierné bénéficia d'un 1r prix de piano, pendant que Debussy obtenait la même récompense, mais en classe d'accompagnement.
En ce qui concerne la fugue et le contrepoint, Pierné a obtenu un 1r prix en 1881, Debussy un 2d accessit en 1882.
Durant leur existence, ils ont été de grands amis, et le chef d'orchestre Gabriel Pierné créa de nombreuses œuvres de Claude Debussy à la tête de l'Orchestre Colonne.
A la lecture des résultats des concours du Conservatoire de Paris, on remarquera également qu'en 1874, Debussy et la fille de l'ancien directeur de l'École de musique de Metz, Édouard Mouzin, obtenaient tous deux un 2d accessit de piano, l'un chez Marmontel, l'autre chez Delaborde. L'année suivante, Cécile Mouzin et son prestigieux camarade d'études étaient toujours à égalité avec chacun un 1r accessit.
A partir de 1876, Cécile Mouzin s'étant mariée, ne put poursuivre ses études au Conservatoire. Mais n'imaginez surtout pas qu'elle aurait pu détrôner notre Claude de France, alors que Gabriel...
Dernièrement, il a prononcé à l'Académie Nationale de Metz, une communication au cours de laquelle il a développé avec enthousiasme les grands traits de l'existence du compositeur messin, dont on célébrera cette année le 150e anniversaire de sa naissance.
Gabriel Pierné est aujourd'hui un compositeur trop méconnu et pas suffisamment interprété.
Au Conservatoire de Paris, dans la classe de solfège de Lavignac, il obtint en 1874 une 1e médaille, alors que Debussy ne décrochait que la 3e.
En 1877 Debussy dépassa Pierné avec un 2d prix de piano, que ce dernier n'atteignit qu'en 1878.
Mais en 1879, Pierné bénéficia d'un 1r prix de piano, pendant que Debussy obtenait la même récompense, mais en classe d'accompagnement.
En ce qui concerne la fugue et le contrepoint, Pierné a obtenu un 1r prix en 1881, Debussy un 2d accessit en 1882.
Durant leur existence, ils ont été de grands amis, et le chef d'orchestre Gabriel Pierné créa de nombreuses œuvres de Claude Debussy à la tête de l'Orchestre Colonne.
A la lecture des résultats des concours du Conservatoire de Paris, on remarquera également qu'en 1874, Debussy et la fille de l'ancien directeur de l'École de musique de Metz, Édouard Mouzin, obtenaient tous deux un 2d accessit de piano, l'un chez Marmontel, l'autre chez Delaborde. L'année suivante, Cécile Mouzin et son prestigieux camarade d'études étaient toujours à égalité avec chacun un 1r accessit.
A partir de 1876, Cécile Mouzin s'étant mariée, ne put poursuivre ses études au Conservatoire. Mais n'imaginez surtout pas qu'elle aurait pu détrôner notre Claude de France, alors que Gabriel...
samedi 5 janvier 2013
Mon premier baiser...
Je ne puis oublier le jour de mon premier baiser, car c'est celui de la libération de Nancy. J'avais 14 ans.
Le 15 septembre 1944, les habitants de la ville étaient dans la rue, également avenue de Strasbourg, où demeuraient mes parents, car c'est par cette voie que les Américains sont arrivés.
Tout le quartier était en liesse, les gens criaient, sautaient de joie, dansaient, acclamaient les libérateurs.
J'étais au milieu de cette foule ivre de bonheur, admirant les chars qui passaient devant mes yeux émerveillés, avec sur la caisse, des GI lançant vers les bras tendus, chocolat et chewing-gum.
Dans la joie générale, une jeune voisine, épouse d'un gendarme ami de mes parents, m'empoigna par les épaules et m'entraîna dans une danse effrénée.
Brusquement, au paroxysme du bonheur, elle me prit la tête à deux mains et m'embrassa sur la bouche. Un vrai baiser !
Dès qu'elle me lâcha, je suis resté abasourdi devant ce geste inattendu, ne voyant plus ni la foule ni les Américains, leurs cris s'estompant en rumeur lointaine.
Pardon ? Vous voulez savoir également quand pour la première fois.....
Ah non ! ça c'est un secret... tout de même...
Le 15 septembre 1944, les habitants de la ville étaient dans la rue, également avenue de Strasbourg, où demeuraient mes parents, car c'est par cette voie que les Américains sont arrivés.
Tout le quartier était en liesse, les gens criaient, sautaient de joie, dansaient, acclamaient les libérateurs.
J'étais au milieu de cette foule ivre de bonheur, admirant les chars qui passaient devant mes yeux émerveillés, avec sur la caisse, des GI lançant vers les bras tendus, chocolat et chewing-gum.
Dans la joie générale, une jeune voisine, épouse d'un gendarme ami de mes parents, m'empoigna par les épaules et m'entraîna dans une danse effrénée.
Brusquement, au paroxysme du bonheur, elle me prit la tête à deux mains et m'embrassa sur la bouche. Un vrai baiser !
Dès qu'elle me lâcha, je suis resté abasourdi devant ce geste inattendu, ne voyant plus ni la foule ni les Américains, leurs cris s'estompant en rumeur lointaine.
Pardon ? Vous voulez savoir également quand pour la première fois.....
Ah non ! ça c'est un secret... tout de même...
mercredi 2 janvier 2013
Bonne année...
Le 31 décembre 2012 à 19 heures, le Républicain Lorrain daté du 1r janvier 2013 était à ma porte. C'est merveilleux, non ?
Je me suis souvenu du film américain de René Clair (1944), "C'est arrivé demain". Un homme qui découvre qu'il vient d'acheter le journal du lendemain...
Dans le rappel des événements importants qui se sont déroulés à Metz, j'ai cherché la page Culture, que j'ai trouvée en 14e position (la page, pas la culture).
J'ai alors découvert avec stupéfaction qu'en littérature, musique, théâtre, peinture et autres arts, il ne s'était rien passé à Metz durant l'année 2012 !!!
Absolument rien... J'eus alors une pensée émue pour le maire-adjoint à la Culture de la Ville de Metz, si dynamique, si entreprenant. Comme il doit être triste...
Pourtant j'ai bien l'impression (et pas seulement) que le Théâtre de Metz, l'Arsenal, l'Orchestre National de Lorraine, l'Eté du livre, les Expositions de peintures (musées de Metz, Centre Pompidou et privées), et toutes les associations culturelles, petites ou grandes, musicales et artistiques, ont vécu et oeuvré durant cette année...
Notre journal a également omis d'annoncer la Légion d'Honneur décernée à Jacques Mercier...
C'est France-Musique qui me l'a appris ce matin : "Jacques Mercier, directeur de l'Orchestre d'Ile-de-France". Curieux, il est à la tête de l'Orchestre National de Lorraine depuis dix ans, au moins...
On ne nous dit pas tout, dirait quelqu'un...
Je me suis souvenu du film américain de René Clair (1944), "C'est arrivé demain". Un homme qui découvre qu'il vient d'acheter le journal du lendemain...
Dans le rappel des événements importants qui se sont déroulés à Metz, j'ai cherché la page Culture, que j'ai trouvée en 14e position (la page, pas la culture).
J'ai alors découvert avec stupéfaction qu'en littérature, musique, théâtre, peinture et autres arts, il ne s'était rien passé à Metz durant l'année 2012 !!!
Absolument rien... J'eus alors une pensée émue pour le maire-adjoint à la Culture de la Ville de Metz, si dynamique, si entreprenant. Comme il doit être triste...
Pourtant j'ai bien l'impression (et pas seulement) que le Théâtre de Metz, l'Arsenal, l'Orchestre National de Lorraine, l'Eté du livre, les Expositions de peintures (musées de Metz, Centre Pompidou et privées), et toutes les associations culturelles, petites ou grandes, musicales et artistiques, ont vécu et oeuvré durant cette année...
Notre journal a également omis d'annoncer la Légion d'Honneur décernée à Jacques Mercier...
C'est France-Musique qui me l'a appris ce matin : "Jacques Mercier, directeur de l'Orchestre d'Ile-de-France". Curieux, il est à la tête de l'Orchestre National de Lorraine depuis dix ans, au moins...
On ne nous dit pas tout, dirait quelqu'un...
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