Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.

Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.

Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.

Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.

Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.

Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.

Gilbert Rose

samedi 5 janvier 2013

Mon premier baiser...

     Je ne puis oublier le jour de mon premier baiser, car c'est celui de la libération de Nancy. J'avais 14 ans.

     Le 15 septembre 1944, les habitants de la ville étaient dans la rue, également avenue de Strasbourg, où demeuraient mes parents, car c'est par cette voie que les Américains sont arrivés.

     Tout le quartier était en liesse, les gens criaient, sautaient de joie, dansaient, acclamaient les libérateurs.

     J'étais au milieu de cette foule ivre de bonheur, admirant les chars qui passaient devant mes yeux émerveillés, avec sur la caisse, des GI lançant vers les bras tendus, chocolat et chewing-gum.

     Dans la joie générale, une jeune voisine, épouse d'un gendarme ami de mes parents, m'empoigna par les épaules et m'entraîna dans une danse effrénée.

     Brusquement, au paroxysme du bonheur, elle me prit la tête à deux mains et m'embrassa sur la bouche. Un vrai baiser !

     Dès qu'elle me lâcha, je suis resté abasourdi devant ce geste inattendu, ne voyant plus ni la foule ni les Américains, leurs cris s'estompant en rumeur lointaine.

     Pardon ? Vous voulez savoir également quand pour la première fois.....

     Ah non ! ça c'est un secret... tout de même...

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