Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.

Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.

Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.

Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.

Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.

Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.

Gilbert Rose

mercredi 13 mars 2013

Tempête de neige et musique (suite)

     Ainsi que je l'ai dit dans mon précédent billet, il neigeait très fort sur Metz, le dimanche 13 mars 1870, comme aujourd'hui dans le nord du pays.

     Gavarni, le critique musical du Messin, avait promis de se rendre à Montigny, pour assister au concert donné par la Société Philharmonique des Ateliers du Chemin de fer.

     Il pestait contre la tempête de neige qui le retardait dans sa marche et risquait de lui faire manquer le spectacle. Il arriva enfin, mouillé,  essoufflé et put entendre les artistes qui s'y sont produits.
 
     Dans son article du dimanche suivant, Le Messin ne paraissant qu'une fois par semaine, il vanta les mérites de l'harmonie qui exécuta Martha, Le Bouquet de valses et Le Rendez-vous de chasse, "car depuis le dernier concert, de grands progrès ont été obtenus et nous en félicitons vivement MM. Kerne et Lalevée, ainsi que les élèves parmi lesquels nous avons entendu quelques bons solistes."

     Gavarni cite Mlle Agathe Bouchez, 1r prix de piano à l'École de musique de Metz, qui joua une fantaisie sur Le Trouvère et participa à un quatuor dont l'auteur n'a pas été cité, avec Morhange, violon, Pop, alto et Pruvot, violoncelle, tous trois musiciens au théâtre de Metz.

     Les louanges de Gavarni allèrent aussi aux chœurs, conduits par Chevillon et Levasseur. "Aussi bien pour La Saint-Hubert, moins de chance pour Le Chant des travailleurs, mais que voulez-vous ! La Retraite et Les Buveurs ayant déjà passé par ces gosiers généreux, la mæstria du chant final s'en est trouvée quelque peu diminuée."

     Heureuse époque où, pour la musique, on bravait les intempéries...

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