Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.

Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.

Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.

Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.

Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.

Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.

Gilbert Rose

vendredi 1 mars 2013

Quand les cheminots font de la musique...

     Il est sérieusement question, actuellement, de la disparition des Ateliers-SNCF de Montigny-lès-Metz, présents dans la cité depuis au moins 160 années, et qui ont contribué à l'envol de la population.

     En 1868, le directeur des Ateliers, M. Dietz, autorisa au sein de la Compagnie, la création d'une fanfare, placée sous la direction de Auguste Kern, ajusteur. Ce dernier avait appris à jouer de la clarinette à l'École de musique de Metz, dans la classe de Nicolas Casse.

     Les musiciens donnèrent leur premier concert le dimanche 22 novembre, dans le vaste atelier de peinture, avec un programme composé de valses, polkas, quadrilles, et même la cavatine de Hernani, jouée au piston par Guermer.

     L'année suivante, au concert du 14 mars 1869, il y avait 1 500 personnes pour écouter la musique dans l'atelier de peinture. En plus de la fanfare, un orphéon était né, qui a exécuté les chœurs difficiles des Chasseurs du Freischütz et des Soldats de Faust, sous la direction de Chevillon.

     Enfin, pour le concert du dimanche 13 mars 1870, la modeste fanfare s'était transformée en harmonie, sous le nom de Société Philharmonique des Ateliers du Chemin de fer.

     Pendant qu'au dehors une tempête de neige recouvrait les rues, les musiciens et les chanteurs développèrent un riche programme, témoin de leurs progrès rapides.

     A la fin du concert, la couche de neige était tellement épaisse, que le directeur mit gracieusement un train à la disposition des auditeurs, afin de les ramener à Metz.

     La guerre et l'annexion qui suivit stoppa net l'élan des cheminots-musiciens des Ateliers de Montigny, car tous les ouvriers furent rapatriés "en France".

     Dommage... ils étaient si bien lancés...

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