En ce jour, dernier de l'année, les orchestres du monde entier vont exécuter tout le répertoire viennois.
Les Strauss, père et fils, seront à l'honneur, quelquefois accompagnés de leur prédécesseur Joseph Lanner, ou de leurs successeurs les Alsaciens Waldteufel, Louis puis Emile, qui imposèrent la valse dans les soirées parisiennes au XIXe siècle.
Je suis certain que Jacques Offenbach ne sera pas oublié.
Mais qui pensera à jouer les valses et polkas de Auguste Couture né en 1858 à Devant-les-Ponts, surtout "La Tour Eiffel", grande valse dédiée à Gustave Eiffel, et celles de Gaston des Godins de Souhesmes qui, s'il est né à Vouziers en 1841, passa toute son existence à Metz après y avoir fait ses études ?
On ignorera également le Prussien Antoine Freyberger, né en 1810, arrivé à Metz en 1832 et naturalisé Français en 1843. Organiste à l'église Saint-Martin et professeur au collège Saint-Clément, il écrivit surtout de la musique religieuse ainsi que des valses construites comme les viennoises, mais avec l'esprit vif des parisiennes.
Savez-vous qu'en 1852 l'évêque de Metz recommandait aux jeunes filles de ne plus danser ni polka, ni schottisch, ni mazurka, car ces danses étaient, paraît-il, excessivement immorales ? Je crois que la valse elle-même était prohibée !
Des caricatures, alors, circulèrent dans la ville, mettant en scène et ridiculisant certaines personnes habituellement entourées du respect général.
Le peintre Joseph Hussenot fut soupçonné d'en être l'auteur, ce dont il se défendit avec énergie dans la presse locale.
Vous pensez bien que cette incitation du clergé ne fut pas suivie d'effet, et, Dieu merci, on peut encore jouer et danser la valse...
Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.
Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.
Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.
Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.
Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.
Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.
Gilbert Rose
lundi 31 décembre 2012
mercredi 19 décembre 2012
La fin du Monde...
Demain, paraît-il, serait notre dernier jour... une fois encore...
Au mois de mars 1857, les journaux de Metz l'avaient déjà annoncé pour le 13 juin !
En effet, les astrologues d'Outre-Rhin avaient indiqué qu'une comète se dirigeait dangereusement vers la Terre.
Malgré les dénégations du physicien français Jacques Babinet, les populations commencèrent à éprouver une certaine panique.
Heureusement, l'astrologue allemand qui avait fait cette prédiction découvrit que la comète menaçante avait changé de route et se dirigeait à présent vers une planète opposée à la nôtre. Ouf !
Remarquez qu'en Allemagne on n'y croyait pas vraiment, puisque c'est précisément le 13 juin 1857, qu'eut lieu à Mannheim, un grand rassemblement des sociétés musicales germaniques sous la direction du pianiste-compositeur Ferdinand Hiller, de Cologne, avec le concours de Madame Bochholtz-Falconi, cantatrice, et du violoniste virtuose Ferdinand Laub.
Ah ces Rhénans... ils voulaient peut-être partir en beauté... ou alors fêter l'événement en musique...
Au mois de mars 1857, les journaux de Metz l'avaient déjà annoncé pour le 13 juin !
En effet, les astrologues d'Outre-Rhin avaient indiqué qu'une comète se dirigeait dangereusement vers la Terre.
Malgré les dénégations du physicien français Jacques Babinet, les populations commencèrent à éprouver une certaine panique.
Heureusement, l'astrologue allemand qui avait fait cette prédiction découvrit que la comète menaçante avait changé de route et se dirigeait à présent vers une planète opposée à la nôtre. Ouf !
Remarquez qu'en Allemagne on n'y croyait pas vraiment, puisque c'est précisément le 13 juin 1857, qu'eut lieu à Mannheim, un grand rassemblement des sociétés musicales germaniques sous la direction du pianiste-compositeur Ferdinand Hiller, de Cologne, avec le concours de Madame Bochholtz-Falconi, cantatrice, et du violoniste virtuose Ferdinand Laub.
Ah ces Rhénans... ils voulaient peut-être partir en beauté... ou alors fêter l'événement en musique...
vendredi 7 décembre 2012
La critique s'éveille...
Enfin la critique musicale des journaux parisiens réagit contre l'ineptie d'un metteur en scène (ou soi-disant), lequel, pour des raisons "que la raison ignore", a dénaturé à l'envi, un chef-d'oeuvre de l'art lyrique.
Jusqu'à présent, seul le Républicain Lorrain, grâce à la plume de son journaliste responsable, s'essayait à faire des réserves sur ce sujet. Ses confrères l'ont rejoint.
On n'avait pas encore osé toucher à Carmen... Et bien c'est fait !
J'ignore le nom du responsable et ne veux point le connaître.
Mais le public de l'Opéra-Bastille n'a pas accepté, lors de la première, de voir saccager son opéra fétiche. Il a manifesté, paraît-il, bruyamment... et la critique lui a emboîté le pas.
Je sais que l'auteur de cette maladresse (je suis gentil) va se défendre en alléguant des exemples célèbres comme la première du Sacre du Printemps (c'est toujours ce qu'ils disent...). Mais les malheureux confondent la naissance d'une création pas encore comprise avec des déchirures suivies de raccommodages maladroits d'un pur chef-d'oeuvre qui n'en a nul besoin.
En tout cas, moi qui ai la chance de ne pas avoir vu le massacre, j'applaudis les critiques parisiens.
Pour parler d'autre chose, avez-vous remarqué la dernière publicité de la SNCF sur Internet ? Elle vous invite à visiter le Marché de Noël de Metz en Alsace !
... une nouvelle annexion...
Jusqu'à présent, seul le Républicain Lorrain, grâce à la plume de son journaliste responsable, s'essayait à faire des réserves sur ce sujet. Ses confrères l'ont rejoint.
On n'avait pas encore osé toucher à Carmen... Et bien c'est fait !
J'ignore le nom du responsable et ne veux point le connaître.
Mais le public de l'Opéra-Bastille n'a pas accepté, lors de la première, de voir saccager son opéra fétiche. Il a manifesté, paraît-il, bruyamment... et la critique lui a emboîté le pas.
Je sais que l'auteur de cette maladresse (je suis gentil) va se défendre en alléguant des exemples célèbres comme la première du Sacre du Printemps (c'est toujours ce qu'ils disent...). Mais les malheureux confondent la naissance d'une création pas encore comprise avec des déchirures suivies de raccommodages maladroits d'un pur chef-d'oeuvre qui n'en a nul besoin.
En tout cas, moi qui ai la chance de ne pas avoir vu le massacre, j'applaudis les critiques parisiens.
Pour parler d'autre chose, avez-vous remarqué la dernière publicité de la SNCF sur Internet ? Elle vous invite à visiter le Marché de Noël de Metz en Alsace !
... une nouvelle annexion...
jeudi 29 novembre 2012
Le Salon de musique... dans les salons
Ce dernier dimanche, je suis allé écouter un concert de musique de chambre à l'Arsenal de Metz.
A 11 heures le matin, quelle charmante idée...
Ce concert était donné par Le Salon de musique, un ensemble à géométrie variable fondé en 2006 par le violoncelliste Philippe Baudry.
N'étant pas critique musical, je ne parlerai pas des interprètes, tous virtuoses de haute noblesse instrumentale, ni des oeuvres, pourtant si bien choisies, Liszt, Schubert.
C'est une richesse pour la ville de Metz et ses habitants mélomanes, que ce Salon de musique. Ses interprètes proposent de jouer en des lieux inattendus, insolites parfois, ou tout simplement dans votre salon, comme autrefois.
En effet, au XIXe siècle, les virtuoses en tournée s'adressaient aux luthiers et facteurs d'instruments de la ville, pour être introduits chez les particuliers intéressés. Ces derniers organisaient alors des concerts dans leur salon.
Après s'être produits ainsi plusieurs fois, et si l'opération était un succès, ils donnaient alors des concerts publics au Théâtre ou à l'Hôtel de Ville.
Le préfet lui-même n'hésita pas à inviter des artistes, comme ce fut le cas pour les frères Waldteufel en 1817, et... Le Salon de musique de Metz aujourd'hui.
Liszt seul échappa à cette habitude, et ne se produisit en privé que chez le comte Camille Durutte, devant un public très restreint et après ses concerts publics.
Et voilà qu'aujourd'hui, grâce à Philippe Baudry et ses amis, ces bonnes vieilles coutumes se réveillent pour notre agrément.
D'ailleurs, l'Académie Nationale de Metz, cette vieille dame qui ne se trompe jamais, remettra demain son Grand Prix artistique à Philippe Baudry, lequel n'a pas fini de nous charmer.
A 11 heures le matin, quelle charmante idée...
Ce concert était donné par Le Salon de musique, un ensemble à géométrie variable fondé en 2006 par le violoncelliste Philippe Baudry.
N'étant pas critique musical, je ne parlerai pas des interprètes, tous virtuoses de haute noblesse instrumentale, ni des oeuvres, pourtant si bien choisies, Liszt, Schubert.
C'est une richesse pour la ville de Metz et ses habitants mélomanes, que ce Salon de musique. Ses interprètes proposent de jouer en des lieux inattendus, insolites parfois, ou tout simplement dans votre salon, comme autrefois.
En effet, au XIXe siècle, les virtuoses en tournée s'adressaient aux luthiers et facteurs d'instruments de la ville, pour être introduits chez les particuliers intéressés. Ces derniers organisaient alors des concerts dans leur salon.
Après s'être produits ainsi plusieurs fois, et si l'opération était un succès, ils donnaient alors des concerts publics au Théâtre ou à l'Hôtel de Ville.
Le préfet lui-même n'hésita pas à inviter des artistes, comme ce fut le cas pour les frères Waldteufel en 1817, et... Le Salon de musique de Metz aujourd'hui.
Liszt seul échappa à cette habitude, et ne se produisit en privé que chez le comte Camille Durutte, devant un public très restreint et après ses concerts publics.
Et voilà qu'aujourd'hui, grâce à Philippe Baudry et ses amis, ces bonnes vieilles coutumes se réveillent pour notre agrément.
D'ailleurs, l'Académie Nationale de Metz, cette vieille dame qui ne se trompe jamais, remettra demain son Grand Prix artistique à Philippe Baudry, lequel n'a pas fini de nous charmer.
jeudi 1 novembre 2012
Tempo, intonation et hypoacousie
Chaque matin, à 7 heures, je suis réveillé aux sons de France-Musique. Aujourd'hui, le présentateur habituel, sans doute en congé, était remplacé par un confrère possédant une voix au débit rapide (prestissimo) et à l'intonation exagérément fluctuante.
Commencées normalement, avec néanmoins de brusques mouvements ascendants, ses phrases se poursuivent d'une voix qui descend... descend... au fil des propos, jusqu'à ressembler au gargouillis d'une contrebasse à cinq cordes totalement épuisée.
Inutile de dire qu'on ne comprend absolument pas les fins de phrases, au moment où est annoncé le nom du compositeur dont on va entendre une oeuvre. C'est la surprise... On peut jouer aux devinettes...
On retrouve un certain apaisement lors des informations, les journalistes sachant parler correctement dans un micro. On les comprend parfaitement.
Je me souviens d'une époque ( bon ! on va m'accuser d'être un vieux râleur... mais je n'ai pas dit : de mon temps... alors ?), au cours de laquelle les présentateurs de radio possédaient une bonne élocution et savaient moduler leurs phrases modérément, sans excès.
Pourquoi ceux d'aujourd'hui n'ont-ils pas la même formation ?
Remarquez que le présentateur de ce matin allait au bout de ses phrases sans respirer (ceci explique cela), alors que d'autres, surtout les dames de la télévision, respirent à n'importe quel endroit de la phrase, entre un sujet et son adjectif, entre un verbe et son complément !
Consolons-nous, aucune jusqu'à présent n'a respiré au milieu d'un mot..., je ne l'ai pas encore entendu... mais qui sait...
Commencées normalement, avec néanmoins de brusques mouvements ascendants, ses phrases se poursuivent d'une voix qui descend... descend... au fil des propos, jusqu'à ressembler au gargouillis d'une contrebasse à cinq cordes totalement épuisée.
Inutile de dire qu'on ne comprend absolument pas les fins de phrases, au moment où est annoncé le nom du compositeur dont on va entendre une oeuvre. C'est la surprise... On peut jouer aux devinettes...
On retrouve un certain apaisement lors des informations, les journalistes sachant parler correctement dans un micro. On les comprend parfaitement.
Je me souviens d'une époque ( bon ! on va m'accuser d'être un vieux râleur... mais je n'ai pas dit : de mon temps... alors ?), au cours de laquelle les présentateurs de radio possédaient une bonne élocution et savaient moduler leurs phrases modérément, sans excès.
Pourquoi ceux d'aujourd'hui n'ont-ils pas la même formation ?
Remarquez que le présentateur de ce matin allait au bout de ses phrases sans respirer (ceci explique cela), alors que d'autres, surtout les dames de la télévision, respirent à n'importe quel endroit de la phrase, entre un sujet et son adjectif, entre un verbe et son complément !
Consolons-nous, aucune jusqu'à présent n'a respiré au milieu d'un mot..., je ne l'ai pas encore entendu... mais qui sait...
vendredi 19 octobre 2012
Le ou la... éternelle question...
En lisant mon quotidien chaque matin ou en écoutant les informations à la radio, j'ai de plus en plus l'impression que certains journalistes ont de la rancune envers les enseignants, au labeur pourtant fastidieux.
Ces derniers, dès l'école primaire, tentent, souvent avec succès, d'inculquer à leurs jeunes disciples, les richesses, mais aussi les difficultés de la langue française. Ce n'est pas facile...
Ainsi, depuis quelques mois, lorsque le nouveau ministre de la Justice est évoqué, c'est toujours sous la dénomination de "la Garde des Sceaux". Mais diable ! Pourquoi inflige-t-on à cette honorable dame une féminisation dégradante ?
Prenons garde de ne pas la désobliger...
A chaque fois ma pensée vagabonde... Je la vois à Waterloo, fusil à baïonnette en mains, aux côtés de Cambronne, lorsque la Garde mourut sans se rendre !
Ou bien j'imagine cette respectueuse femme, affublée d'un uniforme militaire, monter la garde, en sentinelle, devant une guérite, comme au 1r acte de Carmen. Est-elle alors de bonne ou de mauvaise garde ?
D'autres fois je l'imagine à l'hôpital, au chevet d'un patient, comme garde-malade...
Soyons sérieux. Le Garde des Sceaux était jadis chargé de la garde du sceaux royal et le terme "garde", dans ce cas et dans beaucoup d'autres, est du genre masculin. Nous n'y pouvons rien, c'est la grammaire de notre langue.
La moindre des choses serait de la respecter, ne serait-ce que pour ne pas troubler l'esprit des jeunes écoliers, tiraillés entre les compétences de leurs enseignants et les inepties du commun des mortels, aux connaissances moins sûres.
Pourquoi ne pas dire "la Gardienne des Sceaux" ? Mais on va imaginer les prisons... cela risque d'être encore plus désobligeant...
Ces derniers, dès l'école primaire, tentent, souvent avec succès, d'inculquer à leurs jeunes disciples, les richesses, mais aussi les difficultés de la langue française. Ce n'est pas facile...
Ainsi, depuis quelques mois, lorsque le nouveau ministre de la Justice est évoqué, c'est toujours sous la dénomination de "la Garde des Sceaux". Mais diable ! Pourquoi inflige-t-on à cette honorable dame une féminisation dégradante ?
Prenons garde de ne pas la désobliger...
A chaque fois ma pensée vagabonde... Je la vois à Waterloo, fusil à baïonnette en mains, aux côtés de Cambronne, lorsque la Garde mourut sans se rendre !
Ou bien j'imagine cette respectueuse femme, affublée d'un uniforme militaire, monter la garde, en sentinelle, devant une guérite, comme au 1r acte de Carmen. Est-elle alors de bonne ou de mauvaise garde ?
D'autres fois je l'imagine à l'hôpital, au chevet d'un patient, comme garde-malade...
Soyons sérieux. Le Garde des Sceaux était jadis chargé de la garde du sceaux royal et le terme "garde", dans ce cas et dans beaucoup d'autres, est du genre masculin. Nous n'y pouvons rien, c'est la grammaire de notre langue.
La moindre des choses serait de la respecter, ne serait-ce que pour ne pas troubler l'esprit des jeunes écoliers, tiraillés entre les compétences de leurs enseignants et les inepties du commun des mortels, aux connaissances moins sûres.
Pourquoi ne pas dire "la Gardienne des Sceaux" ? Mais on va imaginer les prisons... cela risque d'être encore plus désobligeant...
dimanche 30 septembre 2012
L'épouse du Président...
Depuis le début de cet été, le Conseil Général de la Moselle présente, à la Maison de Robert Schuman, une exposition sur les hymnes des pays de l'Union Européenne. Quelques conférenciers se sont exprimés à plusieurs reprises. Je fus l'un d'eux et, bien sûr, mes propos portaient sur la musique des hymnes.
J'ai évoqué les différentes tonalités avec lesquelles est écrite La Marseillaise, selon qu'elle est jouée par un orchestre symphonique ou une harmonie. Dans le premier cas elle est en la majeur, dans le second, en sib majeur.
Le 7 décembre 1898, fut inaugurée la nouvelle salle de l'Opéra-Comique de Paris, par le Président de la République Félix Faure. Pour l'occasion, quelqu'un imagina de faire entendre La Marseillaise à l'entrée du Président dans sa loge, interprétée par l'orchestre de l'Opéra-Comique et l'harmonie de la Garde républicaine, réunis.
Personne n'avait pensé que ces deux formations jouaient notre hymne national à un demi-ton de différence. Mais ce n'est pas tout...
Les loges d'avant-scène de l'Opéra-Comique ont été conçues par l'architecte Bernier, comme des puits profonds auxquels on accède par cinq petites marches étroites et sans aucune rampe.
Albert Carré en avisa le Président qui descendit avec précaution. Mais lorsque le directeur se tourna vers Madame Faure pour la prévenir, il était trop tard ! La malheureuse, ayant avancé le pied vers la première marche, elle ne trouva que le vide et s'étala lourdement au fond de la loge, dans un ramassis de vêtements froissés.
Alors que les personnes présentes se précipitaient pour aider la présidente à terre, La Marseillaise retentit dans une cacophonie épouvantable. Tout le monde se mit au garde-à-vous, laissant la malheureuse Madame Faure, empêtrée dans ses jupes et gênée par son embonpoint, se relever toute seule...
Elle émergea vers la fin de l'hymne, le visage empourpré, la robe froissée, le chapeau de travers, avec néanmoins un faible sourire protocolaire sur les lèvres.
Ce fut, je crois, la dernière sortie officielle du couple présidentiel, car Félix Faure mourut deux mois plus tard, dans les conditions singulières que vous savez...
J'ai évoqué les différentes tonalités avec lesquelles est écrite La Marseillaise, selon qu'elle est jouée par un orchestre symphonique ou une harmonie. Dans le premier cas elle est en la majeur, dans le second, en sib majeur.
Le 7 décembre 1898, fut inaugurée la nouvelle salle de l'Opéra-Comique de Paris, par le Président de la République Félix Faure. Pour l'occasion, quelqu'un imagina de faire entendre La Marseillaise à l'entrée du Président dans sa loge, interprétée par l'orchestre de l'Opéra-Comique et l'harmonie de la Garde républicaine, réunis.
Personne n'avait pensé que ces deux formations jouaient notre hymne national à un demi-ton de différence. Mais ce n'est pas tout...
Les loges d'avant-scène de l'Opéra-Comique ont été conçues par l'architecte Bernier, comme des puits profonds auxquels on accède par cinq petites marches étroites et sans aucune rampe.
Albert Carré en avisa le Président qui descendit avec précaution. Mais lorsque le directeur se tourna vers Madame Faure pour la prévenir, il était trop tard ! La malheureuse, ayant avancé le pied vers la première marche, elle ne trouva que le vide et s'étala lourdement au fond de la loge, dans un ramassis de vêtements froissés.
Alors que les personnes présentes se précipitaient pour aider la présidente à terre, La Marseillaise retentit dans une cacophonie épouvantable. Tout le monde se mit au garde-à-vous, laissant la malheureuse Madame Faure, empêtrée dans ses jupes et gênée par son embonpoint, se relever toute seule...
Elle émergea vers la fin de l'hymne, le visage empourpré, la robe froissée, le chapeau de travers, avec néanmoins un faible sourire protocolaire sur les lèvres.
Ce fut, je crois, la dernière sortie officielle du couple présidentiel, car Félix Faure mourut deux mois plus tard, dans les conditions singulières que vous savez...
mardi 4 septembre 2012
C'est la rentrée...
Ce matin, j'ai lu dans mon quotidien, qu'en Lorraine, 363 486 élèves vont rentrer à l'école aujourd'hui, ainsi que 31 814 enseignants. Si je sais encore calculer, cela donne 11, 4 élèves par professeur...
Je croyais les classes surchargées... Oui je sais, tous les enseignants ne donnent pas de cours... Mais tout de même...
Lorsque j'étais enfant, je me souviens que nous étions 40 dans la classe, et la maîtresse était toujours souriante. Mes fils me disent que nous ne vivons plus à la même époque. Je veux bien les croire...
Au lycée Henri-Poincaré de Nancy, le nombre d'élèves par classe avoisinait également ce chiffre. J'en ai la preuve en regardant mes vieilles photos de classes, de la 6me à la terminale.
Dans la salle de sciences naturelles, il y avait quatre rangs de cinq tables doubles. Le professeur, monsieur Jolibois, ne pouvant retenir le nom des élèves de toutes les classes dont il avait la charge, donnait à chacun un matricule : une lettre pour la rangée et un chiffre pour la place dans la rangée.
"A5, levez-vous ! ... C'est très bien, B7."
Ah... monsieur Jolibois... c'était un plaisantin. Au début de l'année, il posait toujours la même question : "Quel est l'endroit le plus sale du corps humain ?" Personne n'osait répondre et on se regardait en catimini, avec des sourires entendus.
Le professeur attendait en promenant son regard au-dessus des têtes. Lorsqu'enfin un courageux osait prononcer à demi voix le mot court que tout le monde avait au bord des lèvres, il s'exclamait, tonitruant et triomphant : "Non monsieur ! Ce n'est pas ce que vous dîtes, c'est la bouche !" Et il nous donnait un cours sur l'hygiène de notre cavité buccale.
Avec le professeur de mathématiques, c'était moins drôle. Ayant une très forte corpulence et des difficultés à marcher, il remplaçait ses chaussures par des pantoufles en arrivant en classe.
Heureusement pour nous, car lorsqu'il interrogeait un élève, ce dernier devait se tenir debout à côté de son siège. Le professeur avançait lentement vers lui jusqu'à ce qu'il ait répondu. Alors il rebroussait chemin.
Si la réponse n'était pas trouvée au moment où il arrivait près de l'élève, il lui montait sur le pied en se tenant à une mèche de cheveux ! C'était doublement douloureux !
Je me souviens encore de ma terreur en voyant approcher cette énorme masse et que je n'avais aucune idée de la solution. La sueur coulait le long de mon front... il faut dire que je n'étais pas fort en maths...
Dieu merci, il y avait toujours un bon copain qui me soufflait la réponse et m'évitait ainsi le supplice des orteils écrasés.
D'autres souvenirs de ce temps de rentrée des classes me viennent à l'esprit aujourd'hui.
Je vous les conterai l'année prochaine à pareille époque... peut-être...
Je croyais les classes surchargées... Oui je sais, tous les enseignants ne donnent pas de cours... Mais tout de même...
Lorsque j'étais enfant, je me souviens que nous étions 40 dans la classe, et la maîtresse était toujours souriante. Mes fils me disent que nous ne vivons plus à la même époque. Je veux bien les croire...
Au lycée Henri-Poincaré de Nancy, le nombre d'élèves par classe avoisinait également ce chiffre. J'en ai la preuve en regardant mes vieilles photos de classes, de la 6me à la terminale.
Dans la salle de sciences naturelles, il y avait quatre rangs de cinq tables doubles. Le professeur, monsieur Jolibois, ne pouvant retenir le nom des élèves de toutes les classes dont il avait la charge, donnait à chacun un matricule : une lettre pour la rangée et un chiffre pour la place dans la rangée.
"A5, levez-vous ! ... C'est très bien, B7."
Ah... monsieur Jolibois... c'était un plaisantin. Au début de l'année, il posait toujours la même question : "Quel est l'endroit le plus sale du corps humain ?" Personne n'osait répondre et on se regardait en catimini, avec des sourires entendus.
Le professeur attendait en promenant son regard au-dessus des têtes. Lorsqu'enfin un courageux osait prononcer à demi voix le mot court que tout le monde avait au bord des lèvres, il s'exclamait, tonitruant et triomphant : "Non monsieur ! Ce n'est pas ce que vous dîtes, c'est la bouche !" Et il nous donnait un cours sur l'hygiène de notre cavité buccale.
Avec le professeur de mathématiques, c'était moins drôle. Ayant une très forte corpulence et des difficultés à marcher, il remplaçait ses chaussures par des pantoufles en arrivant en classe.
Heureusement pour nous, car lorsqu'il interrogeait un élève, ce dernier devait se tenir debout à côté de son siège. Le professeur avançait lentement vers lui jusqu'à ce qu'il ait répondu. Alors il rebroussait chemin.
Si la réponse n'était pas trouvée au moment où il arrivait près de l'élève, il lui montait sur le pied en se tenant à une mèche de cheveux ! C'était doublement douloureux !
Je me souviens encore de ma terreur en voyant approcher cette énorme masse et que je n'avais aucune idée de la solution. La sueur coulait le long de mon front... il faut dire que je n'étais pas fort en maths...
Dieu merci, il y avait toujours un bon copain qui me soufflait la réponse et m'évitait ainsi le supplice des orteils écrasés.
D'autres souvenirs de ce temps de rentrée des classes me viennent à l'esprit aujourd'hui.
Je vous les conterai l'année prochaine à pareille époque... peut-être...
samedi 1 septembre 2012
Souvenirs des Rencontres...
Il m'est arrivé, quelquefois, d'évoquer les Rencontres Internationales de musique contemporaine de Metz, fondées en 1972 par Claude Lefebvre.
Pour beaucoup de mélomanes messins, ce fut la découverte d'un continent nouveau dans le monde de la musique, d'une terre semée d'idées révolutionnaires qui sommeillaient depuis quelque temps déjà et ne demandaient qu'un signal pour s'épanouir.
Ce signe, Claude Lefebvre, fort d'une science de l'écriture originale et d'idées bouillonnantes, l'a tracé dans l'historique de sa ville d'adoption, d'une manière définitive, lui donnant l'élan nécessaire, voire indispensable, pour qu'il marque à jamais plusieurs générations d'amoureux de l'art musical.
En écoutant aujourd'hui la musique qui faisait jadis grincer des dents, on se demande comment on a pu ne pas comprendre ces jeunes compositeurs que Claude invitait à Metz, et qui, tous, à leur manière, ont voulu nous faire partager leurs trouvailles et leur émoi dans un sentiment commun.
Il leur fallait du courage à ces jeunes créateurs aujourd'hui acceptés, pour oser nous faire entendre ces mélanges de sons issus de leur pensée profonde, et souvent emplis d'innovations surprenantes.
C'est nous qui avions tort ; ils ont défriché, en éclaireurs, un chemin difficile que nous n'avions plus qu'à suivre, en traînant quelquefois les pieds...
Les compositeurs plus anciens, ceux qu'on n'osait plus huer, participaient également aux Rencontres, Boulez, Xénakis, Stockhausen, Kagel...
Ce dernier était pince-sans-rire et on ne savait jamais s'il était sérieux ou non,... dans la vie comme dans ses oeuvres. Certaines d'entre elles ne contiennent aucune note de musique, comme Quatuor à corde ou Déménagement ; c'était du théâtre instrumental, disait-il.
Pourtant Mauricio Kagel était un compositeur solide, au bagage scientifique très développé, ouvert sur les musiques du monde, et surtout d'une grande inventivité.
A Metz, il a donné une conférence sur la déconstruction de la grande tradition harmonique, qui était sa préoccupation dans les années 1970.
Je n'ai rien compris...
A l'issue de sa communication, je l'ai ramené à son hôtel en voiture et j'en ai profité pour lui demander des explications, qu'il m'a fournies immédiatement avec calme et patience, et auxquelles je n'ai pas compris davantage !
Ne souhaitant pas passer pour un idiot, j'ai bêtement dit : Ah oui ! d'un air entendu, sans savoir s'il se moquait ou non...
Comment pouvais-je deviner qu'il était pire que Pierre Dac !
Pour beaucoup de mélomanes messins, ce fut la découverte d'un continent nouveau dans le monde de la musique, d'une terre semée d'idées révolutionnaires qui sommeillaient depuis quelque temps déjà et ne demandaient qu'un signal pour s'épanouir.
Ce signe, Claude Lefebvre, fort d'une science de l'écriture originale et d'idées bouillonnantes, l'a tracé dans l'historique de sa ville d'adoption, d'une manière définitive, lui donnant l'élan nécessaire, voire indispensable, pour qu'il marque à jamais plusieurs générations d'amoureux de l'art musical.
En écoutant aujourd'hui la musique qui faisait jadis grincer des dents, on se demande comment on a pu ne pas comprendre ces jeunes compositeurs que Claude invitait à Metz, et qui, tous, à leur manière, ont voulu nous faire partager leurs trouvailles et leur émoi dans un sentiment commun.
Il leur fallait du courage à ces jeunes créateurs aujourd'hui acceptés, pour oser nous faire entendre ces mélanges de sons issus de leur pensée profonde, et souvent emplis d'innovations surprenantes.
C'est nous qui avions tort ; ils ont défriché, en éclaireurs, un chemin difficile que nous n'avions plus qu'à suivre, en traînant quelquefois les pieds...
Les compositeurs plus anciens, ceux qu'on n'osait plus huer, participaient également aux Rencontres, Boulez, Xénakis, Stockhausen, Kagel...
Ce dernier était pince-sans-rire et on ne savait jamais s'il était sérieux ou non,... dans la vie comme dans ses oeuvres. Certaines d'entre elles ne contiennent aucune note de musique, comme Quatuor à corde ou Déménagement ; c'était du théâtre instrumental, disait-il.
Pourtant Mauricio Kagel était un compositeur solide, au bagage scientifique très développé, ouvert sur les musiques du monde, et surtout d'une grande inventivité.
A Metz, il a donné une conférence sur la déconstruction de la grande tradition harmonique, qui était sa préoccupation dans les années 1970.
Je n'ai rien compris...
A l'issue de sa communication, je l'ai ramené à son hôtel en voiture et j'en ai profité pour lui demander des explications, qu'il m'a fournies immédiatement avec calme et patience, et auxquelles je n'ai pas compris davantage !
Ne souhaitant pas passer pour un idiot, j'ai bêtement dit : Ah oui ! d'un air entendu, sans savoir s'il se moquait ou non...
Comment pouvais-je deviner qu'il était pire que Pierre Dac !
samedi 28 juillet 2012
Y a-t-il encore des compositeurs de musique en Angleterre ?
Si la réponse est oui, les organisateurs de la soirée d'ouverture des Jeux Olympiques de Londres les ont certainement oubliés.
Ils ont préféré mettre en exergue des groupes anglais spécialisés dans le primitivisme musical et le bruit excessif.
Pour que le vacarme soit total, ils ont invité plus de cent pseudo-percussionnistes qui frappaient sans interruption et le plus fort possible sur des tambours de toutes tailles.
Croyez-moi, ce n'est pas cela la percussion, j'en sais quelque chose !
Ceci dit, j'ai admiré les danseurs dans leur chorégraphie effrénée et sans doute harassante.
Lorsqu'un chef connu est apparu à la tête d'un orchestre anglais réputé, j'ai supposé un court instant qu'ils allaient interpréter une oeuvre spécialement écrite pour la circonstance. Ce fut une fausse espérance... Le maestro et ses musiciens s'étaient déplacés pour faire valoir un comique anglais par ailleurs amusant et talentueux.
Je n'en dirai pas davantage sur mes regrets, la soirée, sans valoir celle de Pékin, ayant été fort admirée... surtout par les Anglais.
Permettez-moi d'avoir une pensée pour Byrd, Purcell, Elgar, Britten, et beaucoup d'autres...
Messieurs les Anglais vous avez peut-être tiré les premiers, mais pas dans la cible...
Ils ont préféré mettre en exergue des groupes anglais spécialisés dans le primitivisme musical et le bruit excessif.
Pour que le vacarme soit total, ils ont invité plus de cent pseudo-percussionnistes qui frappaient sans interruption et le plus fort possible sur des tambours de toutes tailles.
Croyez-moi, ce n'est pas cela la percussion, j'en sais quelque chose !
Ceci dit, j'ai admiré les danseurs dans leur chorégraphie effrénée et sans doute harassante.
Lorsqu'un chef connu est apparu à la tête d'un orchestre anglais réputé, j'ai supposé un court instant qu'ils allaient interpréter une oeuvre spécialement écrite pour la circonstance. Ce fut une fausse espérance... Le maestro et ses musiciens s'étaient déplacés pour faire valoir un comique anglais par ailleurs amusant et talentueux.
Je n'en dirai pas davantage sur mes regrets, la soirée, sans valoir celle de Pékin, ayant été fort admirée... surtout par les Anglais.
Permettez-moi d'avoir une pensée pour Byrd, Purcell, Elgar, Britten, et beaucoup d'autres...
Messieurs les Anglais vous avez peut-être tiré les premiers, mais pas dans la cible...
mardi 19 juin 2012
Le passeur de Mireille
On jouait Mireille ce soir-la sur le théâtre de Nancy, sous la direction de Jésus Etcheverry. N'ayant aucune activité à Metz, je suis allé assister à la représentation.
Au 1r entracte, je me suis rendu en coulisse pour saluer mon ancien maître et ami. Il bavardait avec quelques artistes et le directeur du théâtre dont je tairai le nom, vous saurez pourquoi en fin de billet.
Je laisse la parole à Jésus qui évoquait une mésaventure concernant justement l'opéra Mireille, et à laquelle il avait assisté.
Au 2d tableau de l'acte III, l'action se déroule de nuit, sur une berge du Rhône. Ourrias hèle le passeur pour traverser le fleuve. Le metteur en scène avait prévu que la barque passe lentement au fond du plateau, de la cour au jardin.
Pour réaliser ce mouvement, une véritable barque montée sur roulettes, était tirée par deux machinistes, d'un côté à l'autre de la scène, à l'aide d'une corde (au théâtre on dit un fil). L'artiste jouant le rôle, debout dans l'embarcation, en mimait la conduite à l'aide d'une perche.
Un soir, les deux machinistes qui attendaient leur réplique, crurent l'avoir entendue et commencèrent à tirer sur la corde bien avant le moment opportun ; le passeur n'était pas encore monté à bord.
De l'autre côté de la scène, le régisseur, voyant la barge bouger, l'agrippa d'une main pour la retenir.
Les machinistes, sentant une résistance, s'appliquèrent à tirer un peu plus fermement.
Le régisseur, prévoyant la catastrophe, se cramponna désespérément, et à deux mains, à l'embarcation.
Les machinistes tirèrent alors avec davantage d'énergie, craignant manquer à leur tâche.
Le régisseur, à bout de résistance, ayant peur d'être entraîné, lâcha alors la barque, laquelle, brusquement libérée, traversa la scène à la vitesse d'un hors-bord et au bruit métallique et grinçant d'un vieux char à banc.
L'histoire ne se terminait pas à cet instant. Le passeur... il fallut bien qu'il passât, le passeur !
C'est ce qu'il fit, au moment venu, à pied, marchant sur les eaux du Rhône, sa perche à la main, mimant machinalement la conduite d'une embarcation fantôme, tout en chantant sa réplique !
Jésus cessa sa narration, tout le monde riait, tout le monde, sauf le directeur....
Alors, le chef d'orchestre se souvint, trop tard, -- il me l'a dit après le spectacle -- que le rôle du passeur était tenu ce jour-la par le directeur du théâtre, en début de carrière...
Heureusement, la sonnerie annonçant la fin de l'entracte retentit et dispersa le groupe... et Jésus Etcheverry revint tout de même à Nancy, diriger l'opéra...
Au 1r entracte, je me suis rendu en coulisse pour saluer mon ancien maître et ami. Il bavardait avec quelques artistes et le directeur du théâtre dont je tairai le nom, vous saurez pourquoi en fin de billet.
Je laisse la parole à Jésus qui évoquait une mésaventure concernant justement l'opéra Mireille, et à laquelle il avait assisté.
Au 2d tableau de l'acte III, l'action se déroule de nuit, sur une berge du Rhône. Ourrias hèle le passeur pour traverser le fleuve. Le metteur en scène avait prévu que la barque passe lentement au fond du plateau, de la cour au jardin.
Pour réaliser ce mouvement, une véritable barque montée sur roulettes, était tirée par deux machinistes, d'un côté à l'autre de la scène, à l'aide d'une corde (au théâtre on dit un fil). L'artiste jouant le rôle, debout dans l'embarcation, en mimait la conduite à l'aide d'une perche.
Un soir, les deux machinistes qui attendaient leur réplique, crurent l'avoir entendue et commencèrent à tirer sur la corde bien avant le moment opportun ; le passeur n'était pas encore monté à bord.
De l'autre côté de la scène, le régisseur, voyant la barge bouger, l'agrippa d'une main pour la retenir.
Les machinistes, sentant une résistance, s'appliquèrent à tirer un peu plus fermement.
Le régisseur, prévoyant la catastrophe, se cramponna désespérément, et à deux mains, à l'embarcation.
Les machinistes tirèrent alors avec davantage d'énergie, craignant manquer à leur tâche.
Le régisseur, à bout de résistance, ayant peur d'être entraîné, lâcha alors la barque, laquelle, brusquement libérée, traversa la scène à la vitesse d'un hors-bord et au bruit métallique et grinçant d'un vieux char à banc.
L'histoire ne se terminait pas à cet instant. Le passeur... il fallut bien qu'il passât, le passeur !
C'est ce qu'il fit, au moment venu, à pied, marchant sur les eaux du Rhône, sa perche à la main, mimant machinalement la conduite d'une embarcation fantôme, tout en chantant sa réplique !
Jésus cessa sa narration, tout le monde riait, tout le monde, sauf le directeur....
Alors, le chef d'orchestre se souvint, trop tard, -- il me l'a dit après le spectacle -- que le rôle du passeur était tenu ce jour-la par le directeur du théâtre, en début de carrière...
Heureusement, la sonnerie annonçant la fin de l'entracte retentit et dispersa le groupe... et Jésus Etcheverry revint tout de même à Nancy, diriger l'opéra...
dimanche 27 mai 2012
Un homme admirable...
La semaine passée, mêlé à une foule innombrable, j'étais à l'église Saint-Pierre de Nancy, afin de rendre un dernier et douloureux hommage à Alain Larcan.
Pour ses obsèques il avait souhaité une messe en latin selon la forme traditionnelle de la liturgie de l'Eglise catholique. Durant la célébration, je me suis souvenu de l'époque -- combien lointaine -- au cours de laquelle lui et moi servions les messes de l'abbé Constantin dans la chapelle du Lycée Henri Poincaré. Nous étions en 6me...
Alain avait une année de moins que moi et nous étions dans la même classe. Plus tard, il sauta à nouveau la 4me, prouvant ainsi sa supériorité intellectuelle.
J'ai constamment en mémoire le souvenir de l'attitude préférée d'Alain durant les récréations : alors que nous jouions dans la cour, il était assis sur le muret du cloître, toujours au même endroit, adossé à un pilier, un livre ouvert sur les genoux.
Alain était un élève modèle, 1er en toute matière, même en musique. Il jouait d'ailleurs du violoncelle à l'orchestre du Lycée que j'ai quelques fois évoqué dans mes billets, au même pupitre que Claude Huriet.
Pendant que je suivais une filière musicale, Alain fut le plus jeune agrégé de France en médecine, devenant le célèbre professeur reconnu par tous ses pairs, enseignant à l'Université de Nancy, chercheur prodigieux et infatigable. Il fut à l'origine du Samu, permettant ainsi le sauvetage de milliers de vies...
Nous nous étions retrouvés avec plaisir à l'Académie de Stanislas ; à chacune de nos séances, il intervenait, quelque soit le sujet traité, avec une pertinence admirable, apportant souvent des arguments auxquels le conférencier n'avait pas songé. Son érudition était prodigieuse.
A ses confrères il accordait une amitié cordiale et bienveillante.
Son sourire discret, aimable et prévenant nous manquera désormais...
Pour ses obsèques il avait souhaité une messe en latin selon la forme traditionnelle de la liturgie de l'Eglise catholique. Durant la célébration, je me suis souvenu de l'époque -- combien lointaine -- au cours de laquelle lui et moi servions les messes de l'abbé Constantin dans la chapelle du Lycée Henri Poincaré. Nous étions en 6me...
Alain avait une année de moins que moi et nous étions dans la même classe. Plus tard, il sauta à nouveau la 4me, prouvant ainsi sa supériorité intellectuelle.
J'ai constamment en mémoire le souvenir de l'attitude préférée d'Alain durant les récréations : alors que nous jouions dans la cour, il était assis sur le muret du cloître, toujours au même endroit, adossé à un pilier, un livre ouvert sur les genoux.
Alain était un élève modèle, 1er en toute matière, même en musique. Il jouait d'ailleurs du violoncelle à l'orchestre du Lycée que j'ai quelques fois évoqué dans mes billets, au même pupitre que Claude Huriet.
Pendant que je suivais une filière musicale, Alain fut le plus jeune agrégé de France en médecine, devenant le célèbre professeur reconnu par tous ses pairs, enseignant à l'Université de Nancy, chercheur prodigieux et infatigable. Il fut à l'origine du Samu, permettant ainsi le sauvetage de milliers de vies...
Nous nous étions retrouvés avec plaisir à l'Académie de Stanislas ; à chacune de nos séances, il intervenait, quelque soit le sujet traité, avec une pertinence admirable, apportant souvent des arguments auxquels le conférencier n'avait pas songé. Son érudition était prodigieuse.
A ses confrères il accordait une amitié cordiale et bienveillante.
Son sourire discret, aimable et prévenant nous manquera désormais...
mardi 24 avril 2012
L'Hymne Lorrain
Dans quelques jours, à la Maison de Robert Schuman à Scy-Chazelles, va s'ouvrir une exposition organisée par le Conseil Général de la Moselle : Europe en hymnes, des hymnes nationaux à l'hymne européen.
On peut se poser une question : la Lorraine possède-t-elle un hymne ?
Vous allez répondre oui, la Marche Lorraine de Louis Ganne.
Je suis désolé de vous contredire, cette oeuvre, que tous les habitants de notre région connaissent bien, ne répond pas à ma question.
Puisque vous donnez votre langue au chat, je vais vous dévoiler la vérité.
L'Hymne Lorrain a été écrit en 1932 par Félix Chevrier pour les paroles et Georges Lauweryns pour la musique. Illustré d'un dessin en couleur de Paul Colin, il était dédié, en hommage respectueux, à :
Monsieur Albert Lebrun, Président de la République, Lorrain.
Monsieur Raymond Poincaré, ancien Président de la République, Lorrain.
Monsieur le Maréchal Lyautey, Fondateur de l'Empire, Lorrain.
Tous les Grands Français qui sont l'orgueil de notre Lorraine.
Le vendredi 24 juin 1932, le Président de la République et madame Albert Lebrun ont reçu à l'Elysée les auteurs de cette oeuvre, Chevrier et Lauweryns, le peintre Paul Colin, ainsi que les dédicataires.
Vera Peeters, de l'Opéra-Comique, remit à Monsieur Albert Lebrun le premier exemplaire sur japon impérial, de l'Hymne Lorrain écrit en son honneur, avant de l'interpréter, accompagnée au piano par le compositeur.
Quelques jours plus tard, lors de la réception officielle donnée à l'Elysée par le couple présidentiel en l'honneur de la Fête Nationale, l'Hymne Lorrain fut à nouveau chanté par la même interprète.
Aujourd'hui, cet Hymne Lorrain est totalement oublié, ainsi que ses auteurs.Je ne saurais même pas vous dire quel était son style. Quel dommage....
Afin que mes amis de Meuse n'aient pas l'impression (une fois encore) d'être oubliés, je leur signale qu'une version pour piano seul existe sous le titre Les Chardons de Verdun.
On peut se poser une question : la Lorraine possède-t-elle un hymne ?
Vous allez répondre oui, la Marche Lorraine de Louis Ganne.
Je suis désolé de vous contredire, cette oeuvre, que tous les habitants de notre région connaissent bien, ne répond pas à ma question.
Puisque vous donnez votre langue au chat, je vais vous dévoiler la vérité.
L'Hymne Lorrain a été écrit en 1932 par Félix Chevrier pour les paroles et Georges Lauweryns pour la musique. Illustré d'un dessin en couleur de Paul Colin, il était dédié, en hommage respectueux, à :
Monsieur Albert Lebrun, Président de la République, Lorrain.
Monsieur Raymond Poincaré, ancien Président de la République, Lorrain.
Monsieur le Maréchal Lyautey, Fondateur de l'Empire, Lorrain.
Tous les Grands Français qui sont l'orgueil de notre Lorraine.
Le vendredi 24 juin 1932, le Président de la République et madame Albert Lebrun ont reçu à l'Elysée les auteurs de cette oeuvre, Chevrier et Lauweryns, le peintre Paul Colin, ainsi que les dédicataires.
Vera Peeters, de l'Opéra-Comique, remit à Monsieur Albert Lebrun le premier exemplaire sur japon impérial, de l'Hymne Lorrain écrit en son honneur, avant de l'interpréter, accompagnée au piano par le compositeur.
Quelques jours plus tard, lors de la réception officielle donnée à l'Elysée par le couple présidentiel en l'honneur de la Fête Nationale, l'Hymne Lorrain fut à nouveau chanté par la même interprète.
Aujourd'hui, cet Hymne Lorrain est totalement oublié, ainsi que ses auteurs.Je ne saurais même pas vous dire quel était son style. Quel dommage....
Afin que mes amis de Meuse n'aient pas l'impression (une fois encore) d'être oubliés, je leur signale qu'une version pour piano seul existe sous le titre Les Chardons de Verdun.
vendredi 30 mars 2012
Vous avez dit stochastique ?...
Je ne me souviens plus de la date exacte... au début des années 50...
Le directeur des Jeunesses Musicales de France, René Nicoly, avec lequel je travaillais quelquefois, me proposa un rendez-vous. Je m'y suis rendu. Lorsque j'entrai dans son bureau, il bavardait avec un visiteur qu'il me présenta. Je ne compris pas son nom, c'était un compositeur étranger.
Il avait une trentaine d'années et son aspect n'était pas très engageant. Vétu d'un pull taché et légèrement déchiré, son visage était sévère et marqué sur un côté d'une profonde cicatrice. Ce qui m'a frappé plus particulièrement, ce fut son absence totale de sourire...
Par contre, sa voix, fortement accentuée, possédait un timbre doux et chantant.
Nicoly nous proposa une double conférence à donner dans plusieurs villes de l'Est parisien, curieusement intitulée De la flûte à bec à la musique stochastique, avec des exemples musicaux.
Je me souviendrai toujours de la première au Conservatoire de Reims, où nous fûmes reçus par son directeur, mon ami Jacques Murgier. Je commençai la séance par une courte étude sur la musique instrumentale de la Renaissance, avec des illustrations à la flûte à bec.
Puis ce fut le tour du compositeur étranger. Lorsqu'il commença à parler, j'éprouvai les plus grandes difficultés à comprendre ses propos d'où sortaient des formules mathématiques complexes avec lesquelles j'ai toujours été fâché...
Mais quand il fit entendre l'enregistrement d'une de ses oeuvres (Metastasis, pour 61 instruments), je ne pus m'empêcher de penser : "Pauvre homme... il n'a aucune chance...". Le public rémois, si attentif durant ma propre communication, commença à chuchoter, puis, avec une progression rapide, manifesta assez bruyamment sa désapprobation.
Lui, sans s'émouvoir, sans élever la voix, expliquait calmement son parcours et le développement de son oeuvre. On finissait par l'écouter, mais sans comprendre le sens profond de ses propos. Ce fut ainsi à chaque séance...
A l'issue de cette soirée et après plusieurs autres, Iannis et moi avons bavardé. J'ai dit Iannis ? Et bien oui, il s'agit de Iannis Xenakis. Si j'ai tu son nom jusqu'à cette ligne, c'est parce que j'ai crains que vous ne vous moquiez de moi. En effet, mes maîtres, très conservateurs, ne m'avaient pas habitué à la musique de mon temps, laquelle m'était totalement inconnue.
Iannis m'a ouvert les portes d'un monde nouveau de sa voix douce et persuasive. Soir après soir, il m'expliqua comment il pouvait transformer ses sentiments en formules mathématiques, traduisant ensuite ces formules en signes musicaux conventionnels, lesquels, lus et interprétés par des instrumentistes, recréaient l'émotion originelle.
Voila comment j'ai approché la musique contemporaine grâce à laquelle j'ai éprouvé des sentiments nouveaux comme auditeur et comme interprète, car depuis j'ai souvent joué les oeuvres de Iannis Xenakis à la percussion, et l'ai même accompagné jusqu'au Polytope de Mycène en août 1978.
Depuis, Claude Lefebvre a complété mon éducation en me permettant de le seconder dans l'organisation des Rencontres Internationales de Musique Contemporaine de Metz, au cours desquelles les compositeurs les plus talentueux se sont fait entendre, y compris Iannis...
samedi 25 février 2012
De qui se moque-t-on ?
Cette semaine, la télévision retransmettait la remise de récompenses des Victoires de la Musique classique (pourquoi classique, puisqu'on y entend aussi de la musique baroque, romantique et contemporaine ?).
J'ai admiré le machiavélisme primaire avec lequel on a osé comparer une harpiste ne connaissant apparemment pas son texte, un altiste sans doute excellent, ayant choisi la transcription d'un lied de Schubert au tempo trop calme pour pouvoir exprimer ses qualités, et un tubiste transcendant de virtuosité dans une oeuvre d'aujourd'hui éblouissante.
Et cela sous le regard navré du bon Lodéon, relégué, malgré son talent, au rôle secondaire de simple dictionnaire vivant.
Un bon point (tout de même) remarqué dès le début de l'émission, le remplacement de madame Drucker. Mais son successeur est-il mieux choisi ?...
Et puis il y eut de bons moments : l'ardente sonorité de l'Orchestre National d'Ile-de-France, devenant discrète dans les accompagnements, les belles voix des jeunes chanteurs français, et surtout, pour finir la soirée, l'ensemble baroque de Nathalie Stutzmann, le chef aux gestes précis et le contralto au registre émouvant.
Quant à l'autre soirée des Victoires de la Musique (tout court), on en a vraiment peu entendu (de la musique). C'est un concours de criailleries et braillements en tous genres, dignes de ceux de ma concierge lorsqu'on salit ses escaliers ! Ou alors on entend de languissantes mélopées américaines produites par de curieux larinx nettement moins purs que celui du président Obama... lorsqu'il chante.
La langue française n'est utilisée que par les présentateurs..... et encore.
Je sais de qui on se moque.... et vous aussi....
J'ai admiré le machiavélisme primaire avec lequel on a osé comparer une harpiste ne connaissant apparemment pas son texte, un altiste sans doute excellent, ayant choisi la transcription d'un lied de Schubert au tempo trop calme pour pouvoir exprimer ses qualités, et un tubiste transcendant de virtuosité dans une oeuvre d'aujourd'hui éblouissante.
Et cela sous le regard navré du bon Lodéon, relégué, malgré son talent, au rôle secondaire de simple dictionnaire vivant.
Un bon point (tout de même) remarqué dès le début de l'émission, le remplacement de madame Drucker. Mais son successeur est-il mieux choisi ?...
Et puis il y eut de bons moments : l'ardente sonorité de l'Orchestre National d'Ile-de-France, devenant discrète dans les accompagnements, les belles voix des jeunes chanteurs français, et surtout, pour finir la soirée, l'ensemble baroque de Nathalie Stutzmann, le chef aux gestes précis et le contralto au registre émouvant.
Quant à l'autre soirée des Victoires de la Musique (tout court), on en a vraiment peu entendu (de la musique). C'est un concours de criailleries et braillements en tous genres, dignes de ceux de ma concierge lorsqu'on salit ses escaliers ! Ou alors on entend de languissantes mélopées américaines produites par de curieux larinx nettement moins purs que celui du président Obama... lorsqu'il chante.
La langue française n'est utilisée que par les présentateurs..... et encore.
Je sais de qui on se moque.... et vous aussi....
lundi 6 février 2012
Les grandes eaux....
Il y a quelques jours, j'étais à Nancy avec des amis de jeunesse et, au gré de notre conversation, nous évoquâmes l'inondation de la ville en 1947. A ce moment, mes parents demeuraient rue Saint-Georges, près de la Cathédrale.
J'en garde aujourd'hui encore un souvenir d'appétence, vous allez savoir pourquoi.
Le lundi matin 28 décembre, je pris le train pour Paris où je me rendais périodiquement pour y recevoir mes leçons d'alto chez Robert Boulay à Boulogne-Billancourt, et d'écriture chez Francis Casadesus, rue Vauvenargues.
Après mes cours, je passai la soirée dans ma famille parisienne, et le lendemain matin, après un copieux petit-déjeuner, je repris le train pour Nancy.
Je n'avais pas pris garde aux annonces affichées dans la gare de l'Est, aussi fus-je surpris par la lenteur du convoi et les arrêts fréquents en pleine nature, surtout après Châlons-sur-Marne. La campagne et de nombreuses localités étaient inondées par une crue importante de tous les cours d'eau.
Plusieurs itinéraires furent tentés pour joindre Nancy mais en vain. Le train passa même à Metz ! Je me souviens d'un long arrêt en aplomb d'une vaste place totalement inondée, au centre de laquelle se trouvait une voiture submergée et son conducteur debout sur le toit. J'ai su plus tard qu'il s'agissait de la place Mazelle.
Enfin, tard dans la nuit, nous arrivâmes à Nancy. J'étais affamé car depuis le petit-déjeuner de ma tante et sans argent, je n'avais rien mangé de la journée.....
Aussi, en rentrant à la maison, sans éveiller mes parents, je me précipitai dans la cuisine et ouvris le réfrigérateur. Vide ! La cave ! vite la cave où il y a des conserves !
Pas de lumière ? Qu'importe, j'irai dans l'obscurité !
Posant le pied sur la première marche descendante, je le retirai aussitôt, mouillé jusqu'à la cheville !
La cave était entièrement inondée..... Un petit ru traverse ce sous-sol, sortant d'un tunnel et entrant dans un autre après quelques mètres. C'est lui le responsable de notre cave submergée car je sus le lendemain que l'inondation des rues de la ville s'était arrêtée à deux pas de la maison.
Je restai donc affamé jusqu'au matin.....
Pour mon père, la grande perte était sa belle collection de vins de garde... Et bien elle résista !
Mais les étiquettes étaient décollées.....
Pendant longtemps, au cours des repas, mes parents procédèrent à des dégustation dites "à l'aveugle", entraînant d'âpres discutions.
Je crois que c'est de ces instants inoubliables que je reçus ma modeste éducation oenologique.
A quelque chose malheur est bon.......
J'en garde aujourd'hui encore un souvenir d'appétence, vous allez savoir pourquoi.
Le lundi matin 28 décembre, je pris le train pour Paris où je me rendais périodiquement pour y recevoir mes leçons d'alto chez Robert Boulay à Boulogne-Billancourt, et d'écriture chez Francis Casadesus, rue Vauvenargues.
Après mes cours, je passai la soirée dans ma famille parisienne, et le lendemain matin, après un copieux petit-déjeuner, je repris le train pour Nancy.
Je n'avais pas pris garde aux annonces affichées dans la gare de l'Est, aussi fus-je surpris par la lenteur du convoi et les arrêts fréquents en pleine nature, surtout après Châlons-sur-Marne. La campagne et de nombreuses localités étaient inondées par une crue importante de tous les cours d'eau.
Plusieurs itinéraires furent tentés pour joindre Nancy mais en vain. Le train passa même à Metz ! Je me souviens d'un long arrêt en aplomb d'une vaste place totalement inondée, au centre de laquelle se trouvait une voiture submergée et son conducteur debout sur le toit. J'ai su plus tard qu'il s'agissait de la place Mazelle.
Enfin, tard dans la nuit, nous arrivâmes à Nancy. J'étais affamé car depuis le petit-déjeuner de ma tante et sans argent, je n'avais rien mangé de la journée.....
Aussi, en rentrant à la maison, sans éveiller mes parents, je me précipitai dans la cuisine et ouvris le réfrigérateur. Vide ! La cave ! vite la cave où il y a des conserves !
Pas de lumière ? Qu'importe, j'irai dans l'obscurité !
Posant le pied sur la première marche descendante, je le retirai aussitôt, mouillé jusqu'à la cheville !
La cave était entièrement inondée..... Un petit ru traverse ce sous-sol, sortant d'un tunnel et entrant dans un autre après quelques mètres. C'est lui le responsable de notre cave submergée car je sus le lendemain que l'inondation des rues de la ville s'était arrêtée à deux pas de la maison.
Je restai donc affamé jusqu'au matin.....
Pour mon père, la grande perte était sa belle collection de vins de garde... Et bien elle résista !
Mais les étiquettes étaient décollées.....
Pendant longtemps, au cours des repas, mes parents procédèrent à des dégustation dites "à l'aveugle", entraînant d'âpres discutions.
Je crois que c'est de ces instants inoubliables que je reçus ma modeste éducation oenologique.
A quelque chose malheur est bon.......
dimanche 15 janvier 2012
Le Maître d'école...
Cette semaine, avec de nombreux amis, j'ai eu la grande peine d'assister aux obsèques d'un compagnon académicien, André Michel.
Notre président prononça des propos émouvants, évoquant la longue vie, les nombreuses actions et les belles qualités du confrère regretté ; le docteur Jouffroy rappela que notre ami disparu avait débuté sa vie active en qualité d'enseignant en école primaire.
J'ai alors pensé à un autre instituteur ayant appartenu également à notre compagnie, parti depuis bientôt dix ans, et pour lequel André Michel avait prononcé l'éloge, édité dans nos Mémoires de 2002.
Il s'agit de Jean Morette, jamais oublié, qui aimait à dire qu'il était maître d'école, titre auquel il tenait beaucoup. Et comme un authentique maître d'école d'antan, savait se pencher avec gentillesse et attachement vers les enfants qu'il éduquait, devinant ce qu'ils espéraient sans oser le dire, ce qu'ils demandaient en silence. Pour eux il a inventé mille accessoires pédagogiques grâce auxquels, émerveillés, ses jeunes disciples découvraient les mystères du langage, des sciences ou des arts, mieux qu'avec les plus savants manuels scolaires.
Il voulait, je le cite, leur donner des leçons de droiture, de courage et de patriotisme. Surtout, il leur a ouvert l'esprit sur toutes les Choses de la Nature.
Jean Morette était aussi un conteur et un artiste exceptionnels ; ses dessins sont et resteront inimitables. Il leur a consacré les plus précieuses minutes de sa vie. Durant les heures les plus graves, les plus douloureuses, au milieu d'une détresse infinie, il n'a cessé de dessiner, sur n'importe quel support, pourvu que le crayon y marque ce que ses yeux découvraient, ce que son âme contemplait. C'était durant sa captivité de 1940 à 1942.
Sa collaboration au Républicain Lorrain avec Victor Demange d'abord puis Marguerite Puhl-Demange, aura permis à tous les enfants des lecteurs, même ceux qui ne furent pas ses élèves, de découvrir l'histoire de la Lorraine tout en s'amusant.
La revue Le Pays de l'Orne a évoqué Jean Morette dans son numéro de novembre dernier, et L'Espace Education, Art et Culture de Moselle, organise la semaine prochaine, une exposition de ses oeuvres, l'associant à Albert Thiam.
Mercredi 18, une conférence est organisée par le CDDP de Moselle sur ces deux artistes. J'ai voulu m'y inscrire, malheureusement il n'y a plus de place disponible.
Dommage.... je resterai chez moi en pensant aux heureux moments partagés avec mes chers confrères André Michel et Jean Morette, mon ami....
Notre président prononça des propos émouvants, évoquant la longue vie, les nombreuses actions et les belles qualités du confrère regretté ; le docteur Jouffroy rappela que notre ami disparu avait débuté sa vie active en qualité d'enseignant en école primaire.
J'ai alors pensé à un autre instituteur ayant appartenu également à notre compagnie, parti depuis bientôt dix ans, et pour lequel André Michel avait prononcé l'éloge, édité dans nos Mémoires de 2002.
Il s'agit de Jean Morette, jamais oublié, qui aimait à dire qu'il était maître d'école, titre auquel il tenait beaucoup. Et comme un authentique maître d'école d'antan, savait se pencher avec gentillesse et attachement vers les enfants qu'il éduquait, devinant ce qu'ils espéraient sans oser le dire, ce qu'ils demandaient en silence. Pour eux il a inventé mille accessoires pédagogiques grâce auxquels, émerveillés, ses jeunes disciples découvraient les mystères du langage, des sciences ou des arts, mieux qu'avec les plus savants manuels scolaires.
Il voulait, je le cite, leur donner des leçons de droiture, de courage et de patriotisme. Surtout, il leur a ouvert l'esprit sur toutes les Choses de la Nature.
Jean Morette était aussi un conteur et un artiste exceptionnels ; ses dessins sont et resteront inimitables. Il leur a consacré les plus précieuses minutes de sa vie. Durant les heures les plus graves, les plus douloureuses, au milieu d'une détresse infinie, il n'a cessé de dessiner, sur n'importe quel support, pourvu que le crayon y marque ce que ses yeux découvraient, ce que son âme contemplait. C'était durant sa captivité de 1940 à 1942.
Sa collaboration au Républicain Lorrain avec Victor Demange d'abord puis Marguerite Puhl-Demange, aura permis à tous les enfants des lecteurs, même ceux qui ne furent pas ses élèves, de découvrir l'histoire de la Lorraine tout en s'amusant.
La revue Le Pays de l'Orne a évoqué Jean Morette dans son numéro de novembre dernier, et L'Espace Education, Art et Culture de Moselle, organise la semaine prochaine, une exposition de ses oeuvres, l'associant à Albert Thiam.
Mercredi 18, une conférence est organisée par le CDDP de Moselle sur ces deux artistes. J'ai voulu m'y inscrire, malheureusement il n'y a plus de place disponible.
Dommage.... je resterai chez moi en pensant aux heureux moments partagés avec mes chers confrères André Michel et Jean Morette, mon ami....
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