Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.

Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.

Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.

Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.

Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.

Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.

Gilbert Rose

mardi 4 septembre 2012

C'est la rentrée...

     Ce matin, j'ai lu dans mon quotidien, qu'en Lorraine, 363 486 élèves vont rentrer à l'école aujourd'hui, ainsi que 31 814 enseignants. Si je sais encore calculer, cela donne 11, 4 élèves par professeur...

     Je croyais les classes surchargées... Oui je sais, tous les enseignants ne donnent pas de cours... Mais tout de même...

     Lorsque j'étais enfant, je me souviens que nous étions 40 dans la classe, et la maîtresse était toujours souriante. Mes fils me disent que nous ne vivons plus à la même époque. Je veux bien les croire...

     Au lycée Henri-Poincaré de Nancy, le nombre d'élèves par classe avoisinait également ce chiffre. J'en ai la preuve en regardant mes vieilles photos de classes, de la 6me à la terminale.

     Dans la salle de sciences naturelles, il y avait quatre rangs de cinq tables doubles. Le professeur, monsieur Jolibois, ne pouvant retenir le nom des élèves de toutes les classes dont il avait la charge, donnait à chacun un matricule : une lettre pour la rangée et un chiffre pour la place dans la rangée.

     "A5, levez-vous ! ... C'est très bien, B7."

     Ah... monsieur Jolibois... c'était un plaisantin. Au début de l'année, il posait toujours la même question : "Quel est l'endroit le plus sale du corps humain ?" Personne n'osait répondre et on se regardait en catimini, avec des sourires entendus.

     Le professeur attendait en promenant son regard au-dessus des têtes. Lorsqu'enfin un courageux osait prononcer à demi voix le mot court que tout le monde avait au bord des lèvres, il s'exclamait, tonitruant et triomphant : "Non monsieur ! Ce n'est pas ce que vous dîtes, c'est la bouche !" Et il nous donnait un cours sur l'hygiène de notre cavité buccale.

     Avec le professeur de mathématiques, c'était moins drôle.  Ayant une très forte corpulence et des difficultés à marcher, il remplaçait ses chaussures par des pantoufles en arrivant en classe.

     Heureusement pour nous, car lorsqu'il interrogeait un élève, ce dernier devait se tenir debout à côté de son siège. Le professeur avançait lentement vers lui jusqu'à ce qu'il ait répondu. Alors il rebroussait chemin.

     Si la réponse n'était pas trouvée au moment où il arrivait près de l'élève, il lui montait sur le pied en se tenant à une mèche de cheveux ! C'était doublement douloureux !

     Je me souviens encore de ma terreur en voyant approcher cette énorme masse et que je n'avais aucune idée de la solution. La sueur coulait le long de mon front... il faut dire que je n'étais pas fort en maths...

     Dieu merci, il y avait toujours un bon copain qui me soufflait la réponse et m'évitait ainsi le supplice des orteils écrasés.

     D'autres souvenirs de ce temps de rentrée des classes me viennent à l'esprit aujourd'hui.

     Je vous les conterai l'année prochaine à pareille époque... peut-être...

  

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