Cette semaine, avec de nombreux amis, j'ai eu la grande peine d'assister aux obsèques d'un compagnon académicien, André Michel.
Notre président prononça des propos émouvants, évoquant la longue vie, les nombreuses actions et les belles qualités du confrère regretté ; le docteur Jouffroy rappela que notre ami disparu avait débuté sa vie active en qualité d'enseignant en école primaire.
J'ai alors pensé à un autre instituteur ayant appartenu également à notre compagnie, parti depuis bientôt dix ans, et pour lequel André Michel avait prononcé l'éloge, édité dans nos Mémoires de 2002.
Il s'agit de Jean Morette, jamais oublié, qui aimait à dire qu'il était maître d'école, titre auquel il tenait beaucoup. Et comme un authentique maître d'école d'antan, savait se pencher avec gentillesse et attachement vers les enfants qu'il éduquait, devinant ce qu'ils espéraient sans oser le dire, ce qu'ils demandaient en silence. Pour eux il a inventé mille accessoires pédagogiques grâce auxquels, émerveillés, ses jeunes disciples découvraient les mystères du langage, des sciences ou des arts, mieux qu'avec les plus savants manuels scolaires.
Il voulait, je le cite, leur donner des leçons de droiture, de courage et de patriotisme. Surtout, il leur a ouvert l'esprit sur toutes les Choses de la Nature.
Jean Morette était aussi un conteur et un artiste exceptionnels ; ses dessins sont et resteront inimitables. Il leur a consacré les plus précieuses minutes de sa vie. Durant les heures les plus graves, les plus douloureuses, au milieu d'une détresse infinie, il n'a cessé de dessiner, sur n'importe quel support, pourvu que le crayon y marque ce que ses yeux découvraient, ce que son âme contemplait. C'était durant sa captivité de 1940 à 1942.
Sa collaboration au Républicain Lorrain avec Victor Demange d'abord puis Marguerite Puhl-Demange, aura permis à tous les enfants des lecteurs, même ceux qui ne furent pas ses élèves, de découvrir l'histoire de la Lorraine tout en s'amusant.
La revue Le Pays de l'Orne a évoqué Jean Morette dans son numéro de novembre dernier, et L'Espace Education, Art et Culture de Moselle, organise la semaine prochaine, une exposition de ses oeuvres, l'associant à Albert Thiam.
Mercredi 18, une conférence est organisée par le CDDP de Moselle sur ces deux artistes. J'ai voulu m'y inscrire, malheureusement il n'y a plus de place disponible.
Dommage.... je resterai chez moi en pensant aux heureux moments partagés avec mes chers confrères André Michel et Jean Morette, mon ami....
Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.
Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.
Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.
Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.
Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.
Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.
Gilbert Rose
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