En cette année 2011, on célébrera un peu partout le second centenaire de la naissance de Franz Liszt.
Peut-être qu'à Nancy et à Metz on se souviendra qu'il vint y dévoiler son prodigieux talent.
Depuis leur duel pianistique de 1835, là où était passé Thalberg, Liszt ne pouvait manquer de se produire. Le premier ayant donné un concert à Metz le 4 juin 1845, son rival ne tarda guère à suivre son exemple.
Revenant de Bonn où avait eu lieu l'inauguration du buste de Beethoven, pour lequel il avait si généreusement contribué par ses concerts, il se préparait à prendre ses fonctions de maître de chapelle à Weimar... quatre ans plus tard.
Après s'être produit à Nancy, Liszt arriva à Metz pour deux concerts les 19 et 21 novembre 1845. Il joua d'abord un concerto de Weber, accompagné par la Société Philharmonique sous la direction de Victor Desvignes. Seul, il interpréta la Tarentelle de Rossini, une Mazurka de Chopin, la Polonaise extraite des Puritains de Bellini et des oeuvres de sa composition : Fantaisie sur des motifs de la Norma, Fête villageoise et Grand galop chromatique.
Vous me croirez si vous le voulez, les Messins n'ont pas aimé !
Le critique musical de L'Indépendant de la Moselle écrivit le lundi 24 novembre : "... il a étonné, beaucoup étonné, mais pas charmé". Il poursuivait : "Il a fait des choses prodigieuses ( tout de même !), admirables de dextérité ; mais est-ce donc de la dextérité que l'on demande à la musique ?"
Ainsi, les effets acrobatiques et les traits fulgurants du pianiste hongrois ont déplu aux mélomanes de Metz qui restèrent "sous le coup d'une froide surprise" et n'ont ressenti "ni recueillement, ni enthousiasme, ni admiration".
Dur, dur .... je crois que le public messin n'a pas compris que le virtuose qui l'a désappointé venait de révolutionner la technique du piano, comme Beethoven l'avait déjà fait cinquante ans plus tôt. Habitués à des interprétations plus académiques, les Messins accueillaient régulièrement des pianistes comme Emile Prudent, fort connu de son vivant et dont l'oubli aujourd'hui est peut-être dû aux audaces de Liszt.
N'empêche ! Le Maître s'en est souvenu, car il ne revint jamais jouer à Metz.
Par contre, lorsqu'il passait dans la région, il ne manquait pas de rendre visite à Camille Durutte qu'il honorait de son estime et dont il approuvait les innovations harmoniques.
Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.
Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.
Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.
Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.
Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.
Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.
Gilbert Rose
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