Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.

Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.

Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.

Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.

Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.

Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.

Gilbert Rose

dimanche 9 janvier 2011

L'inconnu dans la maison...

     Ce matin, en l'église de Ancy-sur-Moselle, a été commémoré le quarantième anniversaire de la disparition de Raymond Mondon.

     C'était un ami de mon père, né à Arry. "La complicité du canton d'Ars....", avait-il coutume de dire...

     On connaît les actions de résistance de Raymond Mondon. Mon père n'était pas un résistant actif. Mais c'est chez lui, dans l'arrière salle du bar d'Alsace, à Nancy, que se réunissait régulièrement, après le couvre-feu, un groupement de farouches opposants à l'occupation, dont quelques membres du Groupe Mobile de Réserve de Nancy.

     Je me souviens que ces soirs-là, jeune garçon romantique, j'étais fébrile dans mon lit, imaginant des complots aventureux dans lesquels j'étais le héros.

     Un soir, je remarquai une effervescence inhabituelle au cours d'une de ces réunions. Le lendemain, ma mère me chargea de porter un plateau-repas à une personne se trouvant dans une chambre du dernier étage.

     L'homme que je rencontrai alors, un résistant recherché par la Gestapo, était Raymond Mondon. Emprisonné par les Allemands, il venait de s'évader.... Il resta deux jours et disparut... Lorsque je posais des questions à mes parents, ils me répondaient évasivement. Je savais seulement que je devais garder le secret, ce que je fis.

     Raymond Mondon était maire de Metz lorsque je fus engagé à l'orchestre de la ville en 1950. Alors, mon père me dévoila l'identité de l'inconnu de la maison, avenue de Strasbourg.

     Lors de nos rencontres, Raymond Mondon ne manquait jamais de me rappeler le jeune garçon innocent et timide qui venait le sustenter.

     Je ne suis pas né dans le canton d'Ars, mais il y avait tout de même une certaine complicité entre nous....

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire