Que va donc devenir la basilique Saint-Vincent abandonnée par le culte ?
On en débat en ce moment dans les sphères municipales....(voir le RL du 25 janvier).
Peut-être la musique y aura-t-elle à nouveau sa place.... comme au XIXe siècle, lorsque l'abbé Pierre était le servant de la paroisse ( ça ne s'invente pas).
François Pierre, après avoir été vicaire à Thionville puis curé à Amanvillers, devint le célébrant de l'église Saint-Vincent en 1831. Il fut aumônier du lycée voisin et demeurait au 7 de la rue du Rempart-Belle-Isle. Plus tard, il devint chanoine à la cathédrale.
L'abbé Pierre n'était pas seulement un ecclésiastique, mais aussi compositeur de musique. Il a d'ailleurs enseigné l'harmonie et le piano à l'Ecole municipale de musique de la ville.
Tous les offices bénéficiaient d'une large partie musicale, au cours desquels l'organiste Pierre-Nicolas dit Charles Bour s'en donnait à coeur joie en interprétant la musique de son curé et la sienne sur l'orgue construit de bric et de broc par plusieurs facteurs successifs et enfin terminé en 1847 par Antoine Sauvage.
L'orchestre et les choeurs de l'Ecole de musique, dirigés par Victor Desvignes puis Edouard Mouzin, y célébraient toutes les fêtes, surtout celles de Sainte-Cécile ; depuis 1854, ils jouaient tous les ans la Messe solennelle éponyme de Ambroise Thomas. Cette année-là, ce furent 70 musiciens et 130 choristes qui emplirent la nef des brillantes envolées contrapuntiques du compositeur messin.
Le fameux ténor de l'Opéra de Paris, Claude Marié, a chanté à Saint-Vincent, en 1838, lorsqu'il débutait sa carrière à Metz.
Je n'aurais garde d'oublier les concerts plus récents auxquels j'ai participé avec l'Orchestre de Metz et la chorale de l'ALAM, sous la direction de Jacques Pernoo ou de Jean-Sébastien Bereaud.
Reverrons-nous ces grands moments musicaux dans l'église devenue basilique Saint-Vincent ?
Je le souhaite de tout coeur. Si mon voeux se réalise, je crains que ce ne soit sans moi.....
Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.
Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.
Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.
Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.
Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.
Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.
Gilbert Rose
samedi 29 janvier 2011
jeudi 20 janvier 2011
Un chef en colère....
Demain soir à l'Arsenal de Metz, l'ONL, dirigé par Jacques Mercier, va rejouer la Symphonie Fantastique de Hector Berlioz. Ce chef-d'oeuvre romantique remporte toujours beaucoup de succès.
Je me souviens d'une exécution que l'Orchestre de Metz a donnée à Trèves sous la direction de Jacques Pernoo. C'était le jeudi 29 septembre 1960, dans l'ancienne salle de concert au centre de la ville.
La partie de cloches (sol et do), très importante dans le final, est aujourd'hui exécutée sur de véritables campaniles en bronze, fort lourdes, louées avec les partitions.
Mais à cette époque, les orchestres ne disposaient que de cloches tubulaires pendues à un tréteau en bois. L'instrumentiste frappait les tubes d'une main à l'aide d'un marteau, tandis qu'il arrêtait le son avec l'autre main, en tirant sur une cordelette reliée à un étouffoir renforcé d'un feutre dur.
Pour donner davantage d'éclat à cette partie fondamentale de l'oeuvre, le timbalier, responsable du pupitre de percussion, imagina de doubler les deux cloches (2 sol, 2 do). Les mains étant ainsi occupées, on avait lié l'étouffoir en position de résonance. Le résultat donna entière satisfaction au chef d'orchestre, l'instrument sonnant avec plus d'ampleur.
Le jour du concert à Trèves, lorsque l'instrumentiste, jeune élève de la classe de percussion du conservatoire, frappa les premières notes, en soliste, sur un geste majestueux du chef, la ligature de l'étouffoir, sans doute fragilisée lors du transport, céda et celui-ci retomba sur les tubes......
Stupéfait, le jeune néophyte resta paralysé, les deux marteaux levés, en entendant un bruit sourd de ferraille à la place de la sonorité brillante et harmonieuse qu'il attendait.
Sans les cloches ce passage de la Fantastique n'a plus aucun sens, un silence insupportable remplaçant l'annonce solennelle du Dies Irae. Il fallut arrêter l'orchestre, réparer l'étouffoir et reprendre à cet endroit pour finir l'oeuvre. Le public murmurait et Pernoo était blême....
A la fin du concert, escamoté par les musiciens prudents, le malheureux percussionniste disparut très vite... Mais le timbalier, responsable de cette riche idée, n'eut pas le temps de ranger ses baguettes.
Pernoo le rattrapa et porta sur lui l'éclat de sa colère réfrénée durant la dernière page de la symphonie. Il reçut une volée de cris et autres vociférations plus sonores et moins harmonieux que de vraies cloches.
(c'est peut-être de là que vient l'expression : se faire sonner les cloches!)
A ce moment, le violoncelle solo Gaston Renezé-Emery, dont une corde de son instrument s'était rompue à peu près au même moment que l'incident, passa innocemment à côté du groupe. En l'apercevant, Pernoo, au paroxysme de la fureur s'écria :
"Vous!.... vous!.... je vous interdis de casser une corde!!!!!"
Sénéque l'avait bien dit :"La colère est incapable de discerner le juste et le vrai".
Je me souviens d'une exécution que l'Orchestre de Metz a donnée à Trèves sous la direction de Jacques Pernoo. C'était le jeudi 29 septembre 1960, dans l'ancienne salle de concert au centre de la ville.
La partie de cloches (sol et do), très importante dans le final, est aujourd'hui exécutée sur de véritables campaniles en bronze, fort lourdes, louées avec les partitions.
Mais à cette époque, les orchestres ne disposaient que de cloches tubulaires pendues à un tréteau en bois. L'instrumentiste frappait les tubes d'une main à l'aide d'un marteau, tandis qu'il arrêtait le son avec l'autre main, en tirant sur une cordelette reliée à un étouffoir renforcé d'un feutre dur.
Pour donner davantage d'éclat à cette partie fondamentale de l'oeuvre, le timbalier, responsable du pupitre de percussion, imagina de doubler les deux cloches (2 sol, 2 do). Les mains étant ainsi occupées, on avait lié l'étouffoir en position de résonance. Le résultat donna entière satisfaction au chef d'orchestre, l'instrument sonnant avec plus d'ampleur.
Le jour du concert à Trèves, lorsque l'instrumentiste, jeune élève de la classe de percussion du conservatoire, frappa les premières notes, en soliste, sur un geste majestueux du chef, la ligature de l'étouffoir, sans doute fragilisée lors du transport, céda et celui-ci retomba sur les tubes......
Stupéfait, le jeune néophyte resta paralysé, les deux marteaux levés, en entendant un bruit sourd de ferraille à la place de la sonorité brillante et harmonieuse qu'il attendait.
Sans les cloches ce passage de la Fantastique n'a plus aucun sens, un silence insupportable remplaçant l'annonce solennelle du Dies Irae. Il fallut arrêter l'orchestre, réparer l'étouffoir et reprendre à cet endroit pour finir l'oeuvre. Le public murmurait et Pernoo était blême....
A la fin du concert, escamoté par les musiciens prudents, le malheureux percussionniste disparut très vite... Mais le timbalier, responsable de cette riche idée, n'eut pas le temps de ranger ses baguettes.
Pernoo le rattrapa et porta sur lui l'éclat de sa colère réfrénée durant la dernière page de la symphonie. Il reçut une volée de cris et autres vociférations plus sonores et moins harmonieux que de vraies cloches.
(c'est peut-être de là que vient l'expression : se faire sonner les cloches!)
A ce moment, le violoncelle solo Gaston Renezé-Emery, dont une corde de son instrument s'était rompue à peu près au même moment que l'incident, passa innocemment à côté du groupe. En l'apercevant, Pernoo, au paroxysme de la fureur s'écria :
"Vous!.... vous!.... je vous interdis de casser une corde!!!!!"
Sénéque l'avait bien dit :"La colère est incapable de discerner le juste et le vrai".
mardi 18 janvier 2011
Un bicentenaire attendu...
En cette année 2011, on célébrera un peu partout le second centenaire de la naissance de Franz Liszt.
Peut-être qu'à Nancy et à Metz on se souviendra qu'il vint y dévoiler son prodigieux talent.
Depuis leur duel pianistique de 1835, là où était passé Thalberg, Liszt ne pouvait manquer de se produire. Le premier ayant donné un concert à Metz le 4 juin 1845, son rival ne tarda guère à suivre son exemple.
Revenant de Bonn où avait eu lieu l'inauguration du buste de Beethoven, pour lequel il avait si généreusement contribué par ses concerts, il se préparait à prendre ses fonctions de maître de chapelle à Weimar... quatre ans plus tard.
Après s'être produit à Nancy, Liszt arriva à Metz pour deux concerts les 19 et 21 novembre 1845. Il joua d'abord un concerto de Weber, accompagné par la Société Philharmonique sous la direction de Victor Desvignes. Seul, il interpréta la Tarentelle de Rossini, une Mazurka de Chopin, la Polonaise extraite des Puritains de Bellini et des oeuvres de sa composition : Fantaisie sur des motifs de la Norma, Fête villageoise et Grand galop chromatique.
Vous me croirez si vous le voulez, les Messins n'ont pas aimé !
Le critique musical de L'Indépendant de la Moselle écrivit le lundi 24 novembre : "... il a étonné, beaucoup étonné, mais pas charmé". Il poursuivait : "Il a fait des choses prodigieuses ( tout de même !), admirables de dextérité ; mais est-ce donc de la dextérité que l'on demande à la musique ?"
Ainsi, les effets acrobatiques et les traits fulgurants du pianiste hongrois ont déplu aux mélomanes de Metz qui restèrent "sous le coup d'une froide surprise" et n'ont ressenti "ni recueillement, ni enthousiasme, ni admiration".
Dur, dur .... je crois que le public messin n'a pas compris que le virtuose qui l'a désappointé venait de révolutionner la technique du piano, comme Beethoven l'avait déjà fait cinquante ans plus tôt. Habitués à des interprétations plus académiques, les Messins accueillaient régulièrement des pianistes comme Emile Prudent, fort connu de son vivant et dont l'oubli aujourd'hui est peut-être dû aux audaces de Liszt.
N'empêche ! Le Maître s'en est souvenu, car il ne revint jamais jouer à Metz.
Par contre, lorsqu'il passait dans la région, il ne manquait pas de rendre visite à Camille Durutte qu'il honorait de son estime et dont il approuvait les innovations harmoniques.
Peut-être qu'à Nancy et à Metz on se souviendra qu'il vint y dévoiler son prodigieux talent.
Depuis leur duel pianistique de 1835, là où était passé Thalberg, Liszt ne pouvait manquer de se produire. Le premier ayant donné un concert à Metz le 4 juin 1845, son rival ne tarda guère à suivre son exemple.
Revenant de Bonn où avait eu lieu l'inauguration du buste de Beethoven, pour lequel il avait si généreusement contribué par ses concerts, il se préparait à prendre ses fonctions de maître de chapelle à Weimar... quatre ans plus tard.
Après s'être produit à Nancy, Liszt arriva à Metz pour deux concerts les 19 et 21 novembre 1845. Il joua d'abord un concerto de Weber, accompagné par la Société Philharmonique sous la direction de Victor Desvignes. Seul, il interpréta la Tarentelle de Rossini, une Mazurka de Chopin, la Polonaise extraite des Puritains de Bellini et des oeuvres de sa composition : Fantaisie sur des motifs de la Norma, Fête villageoise et Grand galop chromatique.
Vous me croirez si vous le voulez, les Messins n'ont pas aimé !
Le critique musical de L'Indépendant de la Moselle écrivit le lundi 24 novembre : "... il a étonné, beaucoup étonné, mais pas charmé". Il poursuivait : "Il a fait des choses prodigieuses ( tout de même !), admirables de dextérité ; mais est-ce donc de la dextérité que l'on demande à la musique ?"
Ainsi, les effets acrobatiques et les traits fulgurants du pianiste hongrois ont déplu aux mélomanes de Metz qui restèrent "sous le coup d'une froide surprise" et n'ont ressenti "ni recueillement, ni enthousiasme, ni admiration".
Dur, dur .... je crois que le public messin n'a pas compris que le virtuose qui l'a désappointé venait de révolutionner la technique du piano, comme Beethoven l'avait déjà fait cinquante ans plus tôt. Habitués à des interprétations plus académiques, les Messins accueillaient régulièrement des pianistes comme Emile Prudent, fort connu de son vivant et dont l'oubli aujourd'hui est peut-être dû aux audaces de Liszt.
N'empêche ! Le Maître s'en est souvenu, car il ne revint jamais jouer à Metz.
Par contre, lorsqu'il passait dans la région, il ne manquait pas de rendre visite à Camille Durutte qu'il honorait de son estime et dont il approuvait les innovations harmoniques.
dimanche 9 janvier 2011
L'inconnu dans la maison...
Ce matin, en l'église de Ancy-sur-Moselle, a été commémoré le quarantième anniversaire de la disparition de Raymond Mondon.
C'était un ami de mon père, né à Arry. "La complicité du canton d'Ars....", avait-il coutume de dire...
On connaît les actions de résistance de Raymond Mondon. Mon père n'était pas un résistant actif. Mais c'est chez lui, dans l'arrière salle du bar d'Alsace, à Nancy, que se réunissait régulièrement, après le couvre-feu, un groupement de farouches opposants à l'occupation, dont quelques membres du Groupe Mobile de Réserve de Nancy.
Je me souviens que ces soirs-là, jeune garçon romantique, j'étais fébrile dans mon lit, imaginant des complots aventureux dans lesquels j'étais le héros.
Un soir, je remarquai une effervescence inhabituelle au cours d'une de ces réunions. Le lendemain, ma mère me chargea de porter un plateau-repas à une personne se trouvant dans une chambre du dernier étage.
L'homme que je rencontrai alors, un résistant recherché par la Gestapo, était Raymond Mondon. Emprisonné par les Allemands, il venait de s'évader.... Il resta deux jours et disparut... Lorsque je posais des questions à mes parents, ils me répondaient évasivement. Je savais seulement que je devais garder le secret, ce que je fis.
Raymond Mondon était maire de Metz lorsque je fus engagé à l'orchestre de la ville en 1950. Alors, mon père me dévoila l'identité de l'inconnu de la maison, avenue de Strasbourg.
Lors de nos rencontres, Raymond Mondon ne manquait jamais de me rappeler le jeune garçon innocent et timide qui venait le sustenter.
Je ne suis pas né dans le canton d'Ars, mais il y avait tout de même une certaine complicité entre nous....
C'était un ami de mon père, né à Arry. "La complicité du canton d'Ars....", avait-il coutume de dire...
On connaît les actions de résistance de Raymond Mondon. Mon père n'était pas un résistant actif. Mais c'est chez lui, dans l'arrière salle du bar d'Alsace, à Nancy, que se réunissait régulièrement, après le couvre-feu, un groupement de farouches opposants à l'occupation, dont quelques membres du Groupe Mobile de Réserve de Nancy.
Je me souviens que ces soirs-là, jeune garçon romantique, j'étais fébrile dans mon lit, imaginant des complots aventureux dans lesquels j'étais le héros.
Un soir, je remarquai une effervescence inhabituelle au cours d'une de ces réunions. Le lendemain, ma mère me chargea de porter un plateau-repas à une personne se trouvant dans une chambre du dernier étage.
L'homme que je rencontrai alors, un résistant recherché par la Gestapo, était Raymond Mondon. Emprisonné par les Allemands, il venait de s'évader.... Il resta deux jours et disparut... Lorsque je posais des questions à mes parents, ils me répondaient évasivement. Je savais seulement que je devais garder le secret, ce que je fis.
Raymond Mondon était maire de Metz lorsque je fus engagé à l'orchestre de la ville en 1950. Alors, mon père me dévoila l'identité de l'inconnu de la maison, avenue de Strasbourg.
Lors de nos rencontres, Raymond Mondon ne manquait jamais de me rappeler le jeune garçon innocent et timide qui venait le sustenter.
Je ne suis pas né dans le canton d'Ars, mais il y avait tout de même une certaine complicité entre nous....
mercredi 5 janvier 2011
Un défilé patriotique...
Je ne me souviens plus quel événement particulier nous avons fêté ce soir-là. C'était en été 1944... peut-être le débarquement...
Les parents de Daniel, le flûtiste, étant absents, nous avons occupé la maison.... une bonne dizaine d'amis, élèves musiciens.
Lorsque nous nous retrouvions ainsi, chacun apportait ce qu'il pouvait, surtout du liquide, car pour la nourriture,... c'était la restriction.
D'abord, nous avons fait de la musique, laquelle, au fil du temps qui passait et des bouteilles qui se vidaient, devenait de plus en plus cacophonique.
Qui en a eu l'idée ? je l'ignore. Mais vers deux heures du matin, nous avons décidé de défiler dans les rues de Nancy en jouant la marche militaire de Bentayoux, "Alsace-Lorraine", conduits par le trompettiste Guy Pierre...... sous l'occupation et le couvre-feu !
Quel vacarme nous fîmes ! Quelques lumières commençaient à s'allumer derrière les vitres teintées et les volets clos.
Ce qui devait arriver se produisit : une patrouille de police, prévenue, vint nous stopper net dans notre élan musico-patriotique. On nous emmena au poste, en face de la chapelle de notre lycée (Henri-Poincaré).
On nous enferma dans plusieurs cellules, où nous continuâmes à jouer et brailler "vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine !" Les policiers, excédés et ne pouvant nous calmer, finirent par nous flanquer dehors, ... mais en gardant nos instruments, que nos parents récupérèrent le lendemain.
Privés de notre moyen familier d'expression, peut-être un peu dégrisés, nous décidâmes de rentrer chacun chez soi.... assez fiers de nous.
On a beaucoup parlé de cet événement le lendemain dans la ville, mais il n'y eu pas d'enquête de la part des occupants, les braves policiers nancéiens ayant minimisé l'aventure...
Mais avec les parents -- je ne vous dis pas ! -- ce fut une autre affaire......
Les parents de Daniel, le flûtiste, étant absents, nous avons occupé la maison.... une bonne dizaine d'amis, élèves musiciens.
Lorsque nous nous retrouvions ainsi, chacun apportait ce qu'il pouvait, surtout du liquide, car pour la nourriture,... c'était la restriction.
D'abord, nous avons fait de la musique, laquelle, au fil du temps qui passait et des bouteilles qui se vidaient, devenait de plus en plus cacophonique.
Qui en a eu l'idée ? je l'ignore. Mais vers deux heures du matin, nous avons décidé de défiler dans les rues de Nancy en jouant la marche militaire de Bentayoux, "Alsace-Lorraine", conduits par le trompettiste Guy Pierre...... sous l'occupation et le couvre-feu !
Quel vacarme nous fîmes ! Quelques lumières commençaient à s'allumer derrière les vitres teintées et les volets clos.
Ce qui devait arriver se produisit : une patrouille de police, prévenue, vint nous stopper net dans notre élan musico-patriotique. On nous emmena au poste, en face de la chapelle de notre lycée (Henri-Poincaré).
On nous enferma dans plusieurs cellules, où nous continuâmes à jouer et brailler "vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine !" Les policiers, excédés et ne pouvant nous calmer, finirent par nous flanquer dehors, ... mais en gardant nos instruments, que nos parents récupérèrent le lendemain.
Privés de notre moyen familier d'expression, peut-être un peu dégrisés, nous décidâmes de rentrer chacun chez soi.... assez fiers de nous.
On a beaucoup parlé de cet événement le lendemain dans la ville, mais il n'y eu pas d'enquête de la part des occupants, les braves policiers nancéiens ayant minimisé l'aventure...
Mais avec les parents -- je ne vous dis pas ! -- ce fut une autre affaire......
mardi 4 janvier 2011
Concert de Nouvel An
Enfin on a joué du Waldteufel à Metz !
Hélas, pas une de ses merveilleuses suites de valses (il en écrivit plus de 200), mais un galop, "Prestissimo", aussi rapide qu'éphémère. Cette pièce figurait au programme du concert de Nouvel An de l'ONL à l'Arsenal.
Je suis surpris qu'en France on préfère toujours les Strauss viennois à ce talentueux compositeur. Ni Napoléon III, ni la reine Victoria ne se sont trompés à son sujet, en l'attachant à leur service.
Son oeuvre la plus populaire est la valse "Espana", pâle copie de la rapsodie de son ami Chabrier, alors que "Amour et Printemps" et "Les Patineurs", pour ne citer qu'eux, sont de véritables chefs-d'oeuvre, aux mélodies élégantes et chatoyantes, dans un style purement français rappelant quelquefois la grâce de Gounod.
C'est à l'orchestre du Lycée Henri-Poincaré de Nancy que je découvris ce compositeur inventif, Gaston Stoltz le programmant souvent.
Contrairement à son père et ses oncles, Emile Waldteufel n'est jamais venu à Metz. Dommage, il aurait pu y rencontrer Antoine Freyberger, l'organiste de l'église Saint-Martin, lequel écrivit plusieurs suites de valses dans le même style que lui. L'une d'elle, "Souvenir de Hombourg", fut jouée à Montigny le 13 octobre 1995 par la talentueuse et regrettée pianiste Marianne Bellot.
Peut-être Waldteufel sera-t-il à nouveau programmé l'an prochain ?
Aurais-je la patience d'attendre .....?
Hélas, pas une de ses merveilleuses suites de valses (il en écrivit plus de 200), mais un galop, "Prestissimo", aussi rapide qu'éphémère. Cette pièce figurait au programme du concert de Nouvel An de l'ONL à l'Arsenal.
Je suis surpris qu'en France on préfère toujours les Strauss viennois à ce talentueux compositeur. Ni Napoléon III, ni la reine Victoria ne se sont trompés à son sujet, en l'attachant à leur service.
Son oeuvre la plus populaire est la valse "Espana", pâle copie de la rapsodie de son ami Chabrier, alors que "Amour et Printemps" et "Les Patineurs", pour ne citer qu'eux, sont de véritables chefs-d'oeuvre, aux mélodies élégantes et chatoyantes, dans un style purement français rappelant quelquefois la grâce de Gounod.
C'est à l'orchestre du Lycée Henri-Poincaré de Nancy que je découvris ce compositeur inventif, Gaston Stoltz le programmant souvent.
Contrairement à son père et ses oncles, Emile Waldteufel n'est jamais venu à Metz. Dommage, il aurait pu y rencontrer Antoine Freyberger, l'organiste de l'église Saint-Martin, lequel écrivit plusieurs suites de valses dans le même style que lui. L'une d'elle, "Souvenir de Hombourg", fut jouée à Montigny le 13 octobre 1995 par la talentueuse et regrettée pianiste Marianne Bellot.
Peut-être Waldteufel sera-t-il à nouveau programmé l'an prochain ?
Aurais-je la patience d'attendre .....?
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