Le 26 mai 1944, Philippe Pétain vint à Nancy et on sait qu'il y fut bien accueilli. Curieusement, la foule était aussi enthousiaste quatre mois plus tard, lors de la visite du général de Gaulle.
Mais, comme le disait à l'époque le chansonnier Noël-Noël, ce n'était sûrement pas les mêmes....
Lors de la réception de Pétain à l'Hôtel de Ville, l'Orchestre du Conservatoire fut pressenti pour exécuter quelques morceaux appropriés et l'incontournable Maréchal nous voilà !
Le directeur Alfred Bachelet étant décédé le 10 février précédent, ce fut mon professeur Gaston Stoltz qui dirigea l'orchestre, et me demanda de le remplacer au pupitre d'alto.
Nous étions installés sur la galerie qui surplombe le Grand Salon, côté ouest. De cet emplacement, on a une vue plongeante sur l'ensemble du salon, et je pus ainsi observer le déroulement de la cérémonie, très banale, discours et rafraîchissements. Mais pour moi c'était la première fois......
Je croyais que ma participation à cette cérémonie était bénévole, comme pour les Concerts du Conservatoire donnés salle Poirel.
Pas du tout ! Mon professeur m'avait inscrit sur la liste des musiciens supplémentaires rétribués. Comme je l'ignorais, je ne suis pas allé chercher mon gain.
Il me fut envoyé plus tard, sous forme de mandat : 14 fr. 50 (15 fr. moins les frais d'envoi). Ce fut mon premier cachet de musicien.... grâce au maréchal Pétain....
Il ne faut pas m'en tenir rigueur, car le 27 septembre suivant, j'ai encore gagné 15 fr., grâce, cette fois, au général de Gaulle.............. Mon 2d cachet.......
Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.
Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.
Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.
Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.
Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.
Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.
Gilbert Rose
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