Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.

Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.

Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.

Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.

Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.

Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.

Gilbert Rose

jeudi 31 mars 2011

Poisson d'avril....

     C'est demain le 1r avril....Que de plaisanteries en perspective....

     Grâce à l'une d'elles, la Lorraine resta un état indépendant plus longtemps que ne le souhaita Richelieu.

     Nicolas-François de Lorraine, cardinal et évêque de Toul sans avoir été ordonné, frère du duc Charles IV, épousa sa cousine Claude, après s'être lui-même accordé une dispense.... Ainsi il empêcha Richelieu de donner à cette princesse, fille du duc Henri II, un époux français qui, au nom de sa femme, eût revendiqué la Lorraine.

     Il n'y avait pas de temps à perdre. Le mariage fut décidé, célébré et consommé en une seule journée, le 8 mars 1634. Le Pape, consulté, avait donné son accord.

     En apprenant la nouvelle, le maréchal de La Force, furieux d'avoir été dupé, fit arrêter les nouveaux époux et les enferma dans Nancy, occupée par les Français.

     Claude et Nicolas-François parvinrent à s'évader le 1r avril au soir, déguisés en paysans. Au détour d'une ruelle, une villageoise les reconnut malgré leur déguisement, et s'empressa d'alerter les soldats de la garde.

     Ceux-ci rirent à gorge déployée, croyant qu'on voulait leur faire un poisson d'avril. Plus la paysanne jurait qu'elle disait la vérité, moins on la prenait au sérieux.

     Lorsqu'on s'aperçut de la réalité de l'évasion, les fugitifs étaient loin.....

     J'ai moi-même participé à une galéjade du 1r avril, à l'époque durant laquelle sévissait la maladie de la vache folle. J'ai téléphoné à une amie directrice de musée, de la part des ministres de la Culture et de la Santé, lui demandant de bien vouloir retirer au plus vite des cimaises, toutes les toiles représentant des bovins,  et de les enfermer dans la réserve, par prudence sanitaire.

     Elle resta un moment silencieuse, se demandant sans doute si, en haut lieu, on n'était pas tombé sur la tête....

     Elle a fini par reconnaître le timbre de ma voix,..... et eut l'indulgence d'en rire....

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire