J'ai promis de raconter certaines mésaventures non souhaitées, se produisant inopinément lors de représentations lyriques. Je n'ai pas vécu celle-ci, je l'ai lue dans un journal autrichien de l'époque.
En décembre 1875, Richard Wagner fit représenter son Tannhaüser à l'Opéra impérial de Vienne.
Au cours du second tableau de l'oeuvre, de retour du Venusberg, Tannhaüser, traversant la forêt du Wartburg, y rencontre le Landgraf Herman et ses chevaliers Wolfram, Walther et leur suite. Ceux-ci, revenant de la chasse, entraient en scène à cheval, suivis d'une nombreuse meute de chiens.
En mettant pied-à-terre, l'un d'eux eut la maladresse de poser le pied sur la patte d'un des molosses, lequel écoutait pacifiquement la musique du maître.
Hurlant de douleur, la pauvre bête fut immédiatement imitée par ses congénères et ce fut un concert de hurlements et aboiements furibonds qui ne s'acheva qu'après de très longues minutes, sous les éclats de rire du public.
J'ignore comment on parvint à faire taire la meute, mais à la représentation suivante, elle avait mystérieusement disparue....
Aujourd'hui, on supprime également les chevaux,... sans doute de peur qu'ils hennissent....
Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.
Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.
Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.
Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.
Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.
Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.
Gilbert Rose
dimanche 27 novembre 2011
lundi 21 novembre 2011
L'égalité des sexes en musique.
Périodiquement, dans la presse, il est question de la regrettable inégalité de salaire entre femmes et hommes. C'était le cas ce matin dans mon quotidien.
Dans ma profession de musicien, ce problème n'a jamais existé...
Lorsqu'un poste se libère dans un orchestre ou un conservatoire, un concours est ouvert, au cours duquel les lauréats interprètent sur leur instrument et derrière un paravent, les morceaux de musique imposés.
Le meilleur instrumentiste est admis par le jury, quelque soit son sexe. Comme le montant du traitement est indiqué au préalable sur l'avis de concours, il est automatiquement appliqué au lauréat reçu, homme ou femme.
Aujourd'hui, dans les orchestres, l'équilibre des genres existe dans tous les pupitres. Mais je me souviens qu'à mon arrivée à Metz en 1950, il n'y avait que trois femmes à l'Orchestre du Conservatoire, alors qu'à l'orchestre de la Radio de Sarrebruck, il n'y en avait aucune, même pas à la harpe.
Par contre, à mes débuts à Nancy, il existait déjà une certaine parité parmi les cordes. Un peu plus tard, dans ce même orchestre, tous les violonistes était des femmes,.... sauf Lionel.
Je tiens à vous rassurer, il ne gagnait pas moins que ses partenaires féminines.....
Dans ma profession de musicien, ce problème n'a jamais existé...
Lorsqu'un poste se libère dans un orchestre ou un conservatoire, un concours est ouvert, au cours duquel les lauréats interprètent sur leur instrument et derrière un paravent, les morceaux de musique imposés.
Le meilleur instrumentiste est admis par le jury, quelque soit son sexe. Comme le montant du traitement est indiqué au préalable sur l'avis de concours, il est automatiquement appliqué au lauréat reçu, homme ou femme.
Aujourd'hui, dans les orchestres, l'équilibre des genres existe dans tous les pupitres. Mais je me souviens qu'à mon arrivée à Metz en 1950, il n'y avait que trois femmes à l'Orchestre du Conservatoire, alors qu'à l'orchestre de la Radio de Sarrebruck, il n'y en avait aucune, même pas à la harpe.
Par contre, à mes débuts à Nancy, il existait déjà une certaine parité parmi les cordes. Un peu plus tard, dans ce même orchestre, tous les violonistes était des femmes,.... sauf Lionel.
Je tiens à vous rassurer, il ne gagnait pas moins que ses partenaires féminines.....
lundi 14 novembre 2011
Encore une histoire de cloches
Hier soir, sur Arte, j'ai écouté et admiré un remarquable harpiste. J'ai bien dit "un". On est habitué à ne voir derrière cet instrument éolien, que de "jeunes personnes", comme on disait jadis pour désigner des demoiselles. Si bien qu'aujourd'hui, entendre un homme s'exprimer sur une harpe nous semble extravagant.
Il se nomme Xavier de Maistre, est soliste au Philharmonique de Vienne, et joue divinement de son instrument.
Comme pour la profession des secrétaires, la gent féminine a investi celle des harpistes, alors que pour l'un et l'autre de ces états, au XIXe siècle, il n'y avait que des hommes.
L'un de ces harpistes du siècle avant-dernier, fort célèbre dans toute l'Europe, avait pris l'habitude de se produire à Metz entre 1849 et 1861. Il obtenait toujours un grand succès, surtout lorsqu'il jouait son oeuvre très populaire "La danse des Sylphes". Il s'agit de Félix Godefroy (1818-1897), également compositeur et de nationalité belge.
Moderne, il jouait sur une harpe chromatique.
Le 22 février 1856, dans le grand salon de l'Hôtel de Ville de Metz, tandis qu'il interprétait sa pièce orientale "Le réveil des Fées", l'horloge de la ville se fit entendre. D'habitude on stoppait le mécanisme lorsqu'il y avait concert...
Par un hasard extraordinaire, la cloche municipale était dans la tonalité du morceau. Godefroy alors, très habilement, adapta son tempo à celui de l'accompagnement inattendu.
Malheureusement, une modulation obligea le virtuose à interrompre son jeu pendant un court instant, pour éviter des frottements harmoniques trop cacophoniques. Tout cela au milieu des sourires de l'assistance.
Godefroy donna un second concert le 27 février, mais sans le carillon..... Dommage.....
Il se nomme Xavier de Maistre, est soliste au Philharmonique de Vienne, et joue divinement de son instrument.
Comme pour la profession des secrétaires, la gent féminine a investi celle des harpistes, alors que pour l'un et l'autre de ces états, au XIXe siècle, il n'y avait que des hommes.
L'un de ces harpistes du siècle avant-dernier, fort célèbre dans toute l'Europe, avait pris l'habitude de se produire à Metz entre 1849 et 1861. Il obtenait toujours un grand succès, surtout lorsqu'il jouait son oeuvre très populaire "La danse des Sylphes". Il s'agit de Félix Godefroy (1818-1897), également compositeur et de nationalité belge.
Moderne, il jouait sur une harpe chromatique.
Le 22 février 1856, dans le grand salon de l'Hôtel de Ville de Metz, tandis qu'il interprétait sa pièce orientale "Le réveil des Fées", l'horloge de la ville se fit entendre. D'habitude on stoppait le mécanisme lorsqu'il y avait concert...
Par un hasard extraordinaire, la cloche municipale était dans la tonalité du morceau. Godefroy alors, très habilement, adapta son tempo à celui de l'accompagnement inattendu.
Malheureusement, une modulation obligea le virtuose à interrompre son jeu pendant un court instant, pour éviter des frottements harmoniques trop cacophoniques. Tout cela au milieu des sourires de l'assistance.
Godefroy donna un second concert le 27 février, mais sans le carillon..... Dommage.....
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