Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.

Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.

Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.

Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.

Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.

Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.

Gilbert Rose

vendredi 21 mars 2014

Un appel du passé...

     Jusqu'à présent je n'avais jamais inséré une image dans mon blog, ignorant la manière de procéder. Un de mes fils me l'ayant indiqué, cette première photographie a provoqué un appel téléphonique de Véronique.

     Véronique, que j'ai connu enfant, est la fille de Marie-Louise Tillion-Reghem, qui jouait la 1re viole d'amour dans mon ensemble Les Instruments Anciens de Lorraine.

     J'ai ainsi obtenu des nouvelles de ma talentueuse partenaire, que j'avais perdu de vue depuis des années. Demeurant dans le Charolais, elle a atteint le bel âge de 92 ans, sous la tendre protection de ses enfants.

     Cet appel a fait remonter ma pensée dans un temps très ancien, lorsque le père de Véronique, le virtuose Léon Tillion était professeur de violon au Conservatoire de Metz où il a formé un grand nombre de concertistes, dont certains occupent encore aujourd'hui les premières places parmi les violonistes français.

     Je pense surtout à Jean Lenert, professeur au Conservatoire supérieur de musique de Paris ; mais il y en eut d'autres... comme Ami Flammer...

     En ce temps déjà lointain, Marie-Louise et Léon Tillion étaient de grands serviteurs de la musique, qu'ils pratiquaient avec sincérité, enthousiasme et beaucoup de sentiments.

     C'était une période durant laquelle de nombreux élèves, premiers prix du Conservatoire de Metz entraient au Conservatoire de Paris grâce au dévouement de leurs maîtres messins. Violon, flûte, clarinette, percussion...

     Ils sont depuis devenus célèbres... Mais savez-vous qu'aucun, dans sa biographie, ne cite son premier professeur, le guide initial de sa carrière...? Aucun sauf Jean Lenert.

    Curieux pour des musiciens, sensibles de nature...

     Berlioz l'avait déjà remarqué, qui écrivait : "L'ingratitude est l'indépendance du cœur", alors que Frédéric Dard trouve cela très normal lorsqu'il dit : "L'ingratitude est un gain de temps".

     Vous comprenez pourquoi l'appel de Véronique, qui n'était pas mon élève, m'a néanmoins chauffé le cœur...

  

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