Jusqu'à présent je n'avais jamais inséré une image dans mon blog, ignorant la manière de procéder. Un de mes fils me l'ayant indiqué, cette première photographie a provoqué un appel téléphonique de Véronique.
Véronique, que j'ai connu enfant, est la fille de Marie-Louise Tillion-Reghem, qui jouait la 1re viole d'amour dans mon ensemble Les Instruments Anciens de Lorraine.
J'ai ainsi obtenu des nouvelles de ma talentueuse partenaire, que j'avais perdu de vue depuis des années. Demeurant dans le Charolais, elle a atteint le bel âge de 92 ans, sous la tendre protection de ses enfants.
Cet appel a fait remonter ma pensée dans un temps très ancien, lorsque le père de Véronique, le virtuose Léon Tillion était professeur de violon au Conservatoire de Metz où il a formé un grand nombre de concertistes, dont certains occupent encore aujourd'hui les premières places parmi les violonistes français.
Je pense surtout à Jean Lenert, professeur au Conservatoire supérieur de musique de Paris ; mais il y en eut d'autres... comme Ami Flammer...
En ce temps déjà lointain, Marie-Louise et Léon Tillion étaient de grands serviteurs de la musique, qu'ils pratiquaient avec sincérité, enthousiasme et beaucoup de sentiments.
C'était une période durant laquelle de nombreux élèves, premiers prix du Conservatoire de Metz entraient au Conservatoire de Paris grâce au dévouement de leurs maîtres messins. Violon, flûte, clarinette, percussion...
Ils sont depuis devenus célèbres... Mais savez-vous qu'aucun, dans sa biographie, ne cite son premier professeur, le guide initial de sa carrière...? Aucun sauf Jean Lenert.
Curieux pour des musiciens, sensibles de nature...
Berlioz l'avait déjà remarqué, qui écrivait : "L'ingratitude est l'indépendance du cœur", alors que Frédéric Dard trouve cela très normal lorsqu'il dit : "L'ingratitude est un gain de temps".
Vous comprenez pourquoi l'appel de Véronique, qui n'était pas mon élève, m'a néanmoins chauffé le cœur...
Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.
Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.
Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.
Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.
Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.
Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.
Gilbert Rose
vendredi 21 mars 2014
dimanche 16 mars 2014
Les Instruments Anciens de Lorraine
Aux violes d'amour, Marie-Louise Tillion-Reghem et moi-même, à la viole de gambe, Ferdinand Berbuto et au clavecin, Danielle Wolgensinger. L'image a été prise dans le grand salon de l'Hôtel de Ville de Metz.
mardi 4 mars 2014
Il y a 160 ans... la Crimée.
Une fois encore, depuis l'antique Tauride qui recueillit l'infortunée Iphigénie, la presqu'île de Crimée est à nouveau au centre de l'actualité.
Elle a coûté fort cher aux habitants de Metz durant la guerre que Napoléon III y a mené de 1854 à 1856. Beaucoup sont morts au combat et d'autres, peut-être plus nombreux, terrassés par le choléra.
Parmi eux quelques musiciens : Jean-Auguste-Émile Léré, caporal de 29 ans. Il jouait de la contrebasse à l'orchestre de l'École de musique. Blessé devant Eupatoria, il mourut de ses blessures le 23 mars 1855.
Pierre-Eugène Tellier, 44 ans, était chef de bataillon mais aussi violoniste. Il tomba lors de la prise de la Tour de Malakoff le 8 septembre 1855. Blessé au même endroit et au même moment, Vincent-Léon-Auguste Souty, chef d'escadron, mourut quatre jours plus tard à Sébastopol. Il jouait aussi du violon.
A Metz on connaissait le misérable état des combattants de l'armée française engagée dans cette guerre. Aussi, Édouard Mouzin, directeur de l'École de musique, organisa à leur bénéfice, un grand concert donné au théâtre le 5 mars 1855, il y aura 159 ans demain. Accompagnés par l'orchestre de son école, les 150 choristes de l'Orphéon, de récente création, chantèrent une cantate de la composition du maître, Metz, pour voix, chœurs et orchestre. Les solistes étaient Eugène Pierné et son épouse, parents de Gabriel, pas encore né.
Ce concert était fort long, car on y entendit également la Pastorale et de nombreux autres morceaux exécutés par les professeurs de l'École de musique, mais aussi la prestation commune des quatre musiques militaires à ce moment en garnison à Metz.
Le 7 octobre de la même année, fut créée une autre cantate de Mouzin, dont le titre était Sébastopol, pour ténor, basse, chœurs et orchestre. Auparavant, durant la Foire de Mai qui se déroulait cette année-là sur la place de la Comédie, on vit pour la première foi au milieu des boutiques habituelles, un nouvel établissement servant des boissons, glaces et gaufres, avec un orchestre de sept musiciens.
Et savez-vous comment se nommait cette nouvelle échoppe ? Tout simplement Le Café de Sébastopol... Actualité oblige... on a davantage de décence aujourd'hui... enfin je crois...
Elle a coûté fort cher aux habitants de Metz durant la guerre que Napoléon III y a mené de 1854 à 1856. Beaucoup sont morts au combat et d'autres, peut-être plus nombreux, terrassés par le choléra.
Parmi eux quelques musiciens : Jean-Auguste-Émile Léré, caporal de 29 ans. Il jouait de la contrebasse à l'orchestre de l'École de musique. Blessé devant Eupatoria, il mourut de ses blessures le 23 mars 1855.
Pierre-Eugène Tellier, 44 ans, était chef de bataillon mais aussi violoniste. Il tomba lors de la prise de la Tour de Malakoff le 8 septembre 1855. Blessé au même endroit et au même moment, Vincent-Léon-Auguste Souty, chef d'escadron, mourut quatre jours plus tard à Sébastopol. Il jouait aussi du violon.
A Metz on connaissait le misérable état des combattants de l'armée française engagée dans cette guerre. Aussi, Édouard Mouzin, directeur de l'École de musique, organisa à leur bénéfice, un grand concert donné au théâtre le 5 mars 1855, il y aura 159 ans demain. Accompagnés par l'orchestre de son école, les 150 choristes de l'Orphéon, de récente création, chantèrent une cantate de la composition du maître, Metz, pour voix, chœurs et orchestre. Les solistes étaient Eugène Pierné et son épouse, parents de Gabriel, pas encore né.
Ce concert était fort long, car on y entendit également la Pastorale et de nombreux autres morceaux exécutés par les professeurs de l'École de musique, mais aussi la prestation commune des quatre musiques militaires à ce moment en garnison à Metz.
Le 7 octobre de la même année, fut créée une autre cantate de Mouzin, dont le titre était Sébastopol, pour ténor, basse, chœurs et orchestre. Auparavant, durant la Foire de Mai qui se déroulait cette année-là sur la place de la Comédie, on vit pour la première foi au milieu des boutiques habituelles, un nouvel établissement servant des boissons, glaces et gaufres, avec un orchestre de sept musiciens.
Et savez-vous comment se nommait cette nouvelle échoppe ? Tout simplement Le Café de Sébastopol... Actualité oblige... on a davantage de décence aujourd'hui... enfin je crois...
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