Depuis quelques semaines je n'évoque plus mes souvenirs. Peut-être pensez-vous que je n'en ai plus.... que je les ai définitivement oubliés....
Non, le temps me manque , tout simplement.
Plus les ans passent, plus je suis sollicité pour effectuer des travaux de recherches liés à mon état de musicologue, de crainte sans doute, que je m'en aille avant d'avoir vidé mon sac mnémonique ou ma boite à Pandore (sans l'Espérance). Et je n'ai plus le temps de me remémorer mes jeunes années.....
Pourtant, depuis un mois, des événements ont fait émerger dans ma mémoire figée, des amis de naguère, oubliés, des actes éphémères sortis de mon esprit depuis longtemps. Je me suis aperçu récemment que des noms perdus pouvaient resurgir brusquement, en un instant aussi fugace qu'inattendu.
Ainsi, à l'Académie Nationale de Metz, mon confrère Ferdinand Stoll a prononcé récemment une communication sur le Théâtre du Peuple de Bussang. Pendant qu'il parlait, des images défilaient dans ma tête et lorsqu'il évoqua la fosse d'orchestre que Maurice Pottecher avait fait construire vers 1929, il y eut un déclic dans ma mémoire.
C'est durant l'été de 1948, chaque dimanche, qu'avec quelques amis de la classe de musique de chambre du conservatoire de Nancy, nous fûmes engagés au Théâtre du Peuple pour interpréter des quatuors entre les actes et les tableaux de la pièce de Maurice Pottecher, jouée et mise en scène par Pierre Richard-Wilm, avec Edwige Feuillère.
J'ai retrouvé le nom de cette comédie :"Mélusine et son mystère". Nous intervenions souvent, car cette pièce est écrite en 3 actes et 10 tableaux. Plusieurs amis de la classe de diction jouaient également sur scène, André Weber, Yvon Prévot et surtout Jacques Maginot, lequel fera partie de la troupe pendant plusieurs décennies.
Je me souviens de mon émoi en rencontrant Pierre Richard-Wilm, héros du film Le Comte de Monte-Christo, qui avait tant bouleversé mon enfance. Mon émoi se transforma en admiration lorsque je l'entendis jouer au piano : c'était tout simplement sublime. Quel artiste ! oublié lui aussi...
Merci, Monsieur Ferdinand Stoll d'avoir ainsi ravivé des souvenirs perdus !
Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.
Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.
Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.
Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.
Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.
Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.
Gilbert Rose
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