Toute ma vie d'automobiliste j'ai respecté les indications de vitesse indiquées sur le bord des routes et autoroutes de France et de Navarre.
Aujourd'hui j'ai reçu un courrier officiel composé de trois feuilles de couleurs verte, orange et bleue, surmontées du drapeau tricolore. En lisant ce document, je m'aperçois qu'on me demande de payer une amende de 45 € et qu'on me retire un point sur mon permis de conduire.
Ce "on" est l'agent verbalisateur et anonyme 437010, qui est chargé d'appliquer la loi. Pour quel motif cette amende ?
Sur une route dont la vitesse est limitée à 70 km.-heure, j'ai eu l'audace de rouler à 72 km.-heure ! J'avais obtempéré à l'injonction de conduite réduite, mais que diable ! on ne peut avoir constamment le regard fixé sur son compteur kilométrique. Il faut aussi surveiller la route !
Aujourd'hui, à l'apogée d'une existence paisible et loyale, le retraité que je suis éprouve un malaise d'avoir ainsi trahi la constitution de son pays par cette grave infraction qui fait de lui un délinquant !
Je ne pense pas, bien sûr, à tous ces braves automobilistes qui me doublent à grande vitesse sur l'autoroute Metz-Nancy limitée à 110 km.-heure.
Ces 45 €, que je vais offrir à mon pays, il faut bien que je les retire de ma modeste retraite. Je ne pourrai pas les utiliser pour une autre dépense, un repas au restaurant, par exemple. Repas qui m'aurait coûté le double en y associant mon épouse. Mon restaurateur favori sera victime d'un manque à gagner. Pourtant, le "pôvre", il n'aura pas commis, comme moi, un grave excès de vitesse.
Je me demande si mes 45 € d'amende seront suffisants pour colmater l'énorme déficit du budget de la France, dont l'économie est aujourd'hui exsangue. L'agent verbalisateur 437010 a certainement pensé que c'était possible. Mais il faudra beaucoup de 45 € pour y parvenir... Il a du pain sur la planche... et un grand nombre de dindons à plumer !
Je me console en pensant que mon amende de 45 € est un don patriotique que je fais pour réduire la détresse financière de la République. L'espoir fait vivre !
Il serait ingrat de terminer mon billet sans prodiguer tous mes encouragements à l'agent verbalisateur 437010 pour la lourde tâche qui l'attend dans un proche avenir.
Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.
Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.
Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.
Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.
Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.
Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.
Gilbert Rose
jeudi 29 mai 2014
samedi 10 mai 2014
Le 18 mai, cent unième anniversaire de Charles Trénet
Afin de bien marquer sa nomination de directeur du Théâtre de Metz pour la saison 1939-1940, Charles Coste, ancien trial, programma un spectacle de variétés en avant saison, le 12 septembre 1939. Pour cela il engagea le célèbre orchestre de jazz de Fred Adison et la grande vedette de la Radio, le fou chantant Charles Trénet. Ce fut d'ailleurs la seule réalisation de Coste à Metz, puisque la saison lyrique n'eut pas lieu.
Un seul quotidien messin annonça ce spectacle qui se déroula au théâtre dans une relative indifférence. En effet, dès le 2 septembre, les événements dramatiques que l'on connaît étaient relatés chaque jour dans la presse : l'invasion de la Pologne, la mobilisation générale, la déclaration de guerre de la France à l'Allemagne, l'évacuation progressive d'une partie de la population.
Le Républicain Lorrain, ne semblant pas approuver un pareil spectacle en une telle période, n'en parla pas. Par contre, ce journal développait dans ses colonnes la résistance courageuse des Polonais, l'avance hésitante des troupes françaises au-delà du Rhin, l'attitude que devait adopter la population en cas d'attaque, ainsi que d'autres informations locales plus importantes, pour la direction du quotidien, que cette soirée peut-être inopportune.
Les interprètes furent brillants mais la salle partiellement occupée, malgré le succès foudroyant que remportait à cette époque Charles Trénet. La tension intense qui régnait sur la ville en fut sans doute la cause.
Le spectacle avait été monté à l'initiative de Maurice Chevalier, dont l'orchestre de Fred Adison était l'accompagnateur favori. Ils revenaient d'ailleurs d'une tournée commune aux Etats-Unis. Ne souhaitant pas venir à Metz pour ce concert du 12 septembre, Maurice Chevalier conseilla à Fred Adison d'engager Charles Trénet qu'il connaissait bien. En effet, ce dernier avait écrit pour lui une chanson qui remporta un franc succès Y-a d'la Joie !
Refusé plus tard à l'Académie Française, Charles Trénet fut élu, en 1999, membre de l'Académie des Beaux-Arts, au fauteuil numéro 8 de la section des compositeurs de musique, nouvellement créé.
Il aurait pu siéger aux côtés de Marcel Landowski, Daniel-Lesur, Serge Nigg, Marius Constant et Iannis Xenakis. Mais, refusant d'acquérir le coûteux habit vert indispensable pour les membres de l'Institut, il ne fut jamais reçu officiellement sous la coupole... Dommage...
Un seul quotidien messin annonça ce spectacle qui se déroula au théâtre dans une relative indifférence. En effet, dès le 2 septembre, les événements dramatiques que l'on connaît étaient relatés chaque jour dans la presse : l'invasion de la Pologne, la mobilisation générale, la déclaration de guerre de la France à l'Allemagne, l'évacuation progressive d'une partie de la population.
Le Républicain Lorrain, ne semblant pas approuver un pareil spectacle en une telle période, n'en parla pas. Par contre, ce journal développait dans ses colonnes la résistance courageuse des Polonais, l'avance hésitante des troupes françaises au-delà du Rhin, l'attitude que devait adopter la population en cas d'attaque, ainsi que d'autres informations locales plus importantes, pour la direction du quotidien, que cette soirée peut-être inopportune.
Les interprètes furent brillants mais la salle partiellement occupée, malgré le succès foudroyant que remportait à cette époque Charles Trénet. La tension intense qui régnait sur la ville en fut sans doute la cause.
Le spectacle avait été monté à l'initiative de Maurice Chevalier, dont l'orchestre de Fred Adison était l'accompagnateur favori. Ils revenaient d'ailleurs d'une tournée commune aux Etats-Unis. Ne souhaitant pas venir à Metz pour ce concert du 12 septembre, Maurice Chevalier conseilla à Fred Adison d'engager Charles Trénet qu'il connaissait bien. En effet, ce dernier avait écrit pour lui une chanson qui remporta un franc succès Y-a d'la Joie !
Refusé plus tard à l'Académie Française, Charles Trénet fut élu, en 1999, membre de l'Académie des Beaux-Arts, au fauteuil numéro 8 de la section des compositeurs de musique, nouvellement créé.
Il aurait pu siéger aux côtés de Marcel Landowski, Daniel-Lesur, Serge Nigg, Marius Constant et Iannis Xenakis. Mais, refusant d'acquérir le coûteux habit vert indispensable pour les membres de l'Institut, il ne fut jamais reçu officiellement sous la coupole... Dommage...
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