Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.

Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.

Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.

Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.

Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.

Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.

Gilbert Rose

mardi 11 juin 2013

Au début était l'Orchestre régional...

     En 1974, l'Orchestre de Radio-Strasbourg fut supprimé ; la plupart des musiciens de cet ensemble symphonique vinrent à Metz pour former, avec l'Orchestre municipal de cette ville, un grand orchestre régional.

     Les débuts de cette nouvelle formation musicale ne furent pas très faciles sur le plan artistique, mais aussi sur l' aspect humain. Il fallut préserver la place de chacun dans la hiérarchie des pupitres et respecter la personnalité sensible des musiciens.

      Le nouveau directeur Michel Tabachnik y réussit à merveille, mêlant à ses talents de chef d'orchestre, ceux de diplomate et de négociateur.

     Parmi les nouveaux arrivés à Metz, un flûtiste possédait une taille très en dessous de la moyenne. Amateur de grosses cylindrées, il avait fait allonger les tiges des pédales de sa voiture, car sans l'aide d'un épais coussin, il ne voyait pas la route.

     Je l'avais engagé dans le groupe de musique contemporaine avec lequel nous donnions des concerts éducatifs dans les écoles de la région messine. Un jour, nous avons joué dans une école maternelle ; il revint des toilettes avec une physionomie particulièrement réjouie.
    " C'est la première fois que je trouve un urinoir à ma taille !", nous dit-il.
     Une autre fois, à l'issue d'un concert d'orchestre au cours duquel il avait interprété un solo assez difficile, le chef d'orchestre l'engagea à se lever pour saluer le public, avec des gestes insistants ... ne remarquant pas qu'il était déjà debout depuis un moment...

     Il finit par monter sur sa chaise.....