Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.

Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.

Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.

Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.

Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.

Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.

Gilbert Rose

lundi 25 juillet 2011

La musique contemporaine à Metz.

     Acanthes va probablement quitter Metz, si on en croit la presse locale. C'est dommage.....

     Avez-vous remarqué que dans le domaine de la musique d'aujourd'hui, à Metz, les initiatives courageuses sont vouées, à brève échéance, à une rapide dissolution ?

     Souvenez-vous de Connaissance de la musique contemporaine de Léon Oleggini dans les années 60, qui ne vécut, hélas, que peu de temps, malgré l'énergie volontaire de son fondateur, faute de soutien.

     La palme de longévité revient indubitablement à Claude Lefebvre, dont les Rencontres internationales de Musique contemporaine de Metz, commencées en 1972, se terminèrent misérablement en 1992. C'est un record ! C'est surtout la preuve qu'à Metz, les mélomanes et d'autres curieux, s'intéressent à la création musicale.

     Nombreux sont ceux qui ont mêlé leur tristesse à celle des fondateurs lorsque les édiles de la ville décidèrent, en plein succès international, de supprimer ce joyaux culturel, fierté de la ville de Metz.

     Lorsque Claude Lefebvre a élaboré le programme des Premières Rencontres, il était seul avec son épouse Inge, pour penser aux problèmes de tous ordres liés à une organisation de cette importance.

     Le voyant se débattre (seul je le répète) face à des situations matérielles absorbantes qui risquaient de le déstabiliser, et fort de mon expérience de responsable artistique des Nuits de Chévremont, je lui proposai mon aide dans l'organisation pratique des manifestations envisagées, concerts et conférences.

     Il accepta avec reconnaissance et soulagement ; il put ainsi consacrer tout son temps au domaine scientifique et artistique du festival.

     En présence de Boulez et de Stockhausen, ces Premières Rencontres remportèrent un succès indubitable, digne, alors, de celui de Royan, qui n'avait pas encore sombré.

     L'année suivante, pour préparer les Secondes Rencontres, Claude Lefebvre me demanda de m'occuper à nouveau de la régie. Bien évidemment, j'acceptai...

     A partir de la troisième année, et les suivantes, Claude ne me demanda rien...., ma présence était devenue normale, naturelle...., et jusqu'aux 20me Rencontres, mon nom figura au bas des programmes, suivie de la mention : régisseur général.

     Je ne m'en suis jamais plaint, car à ce poste secondaire, j'ai pu accompagner les plus grands compositeurs de notre temps, dont certains sont devenus des amis, en participant, modestement, à la création de nombreux chefs-d'oeuvre.

     J'espère que parmi la nouvelle génération un amateur de musique messin relèvera à son tour un défi de longévité en élaborant une fondation pouvant fournir aux habitants qui le souhaitent, la possibilité  d'entendre en priorité, dans un art si ancien qu'est la musique, les nouvelles créations  de nos jeunes et talentueux compositeurs.

     En attendant, consolons-nous avec Ionesco : Seul l'éphémère dure.....

samedi 9 juillet 2011

Mes débuts à Radio-Nancy.

     Ce matin, comme chaque jour, je fus réveillé par France Musique.

     Mais aujourd'hui, un nouveau présentateur a proposé des chansons de variétés dont certains interprètes frôlaient la justesse au quart de ton.  Et il nous a promis un programme semblable pendant quatre z'émissions....

     J'ai alors pensé à ce début d'année 1945, lorsque, avec quelques amis, nous avons créé Radio-Nancy dans un studio de fortune, à l'aide de matériel américain.

     Imaginatifs, Jacques Campain et Michel Guillet animaient des émissions nouvelles  très variées, en compagnie de Marthe Hornus, Colette Navel, puis Paulette Sérault.

     Chargé des émissions musicales, je fis appel à mes amis du Conservatoire, Monique Vincent, piano, Daniel Roux, flûte, Jacky Kessler, clarinette, Irène Maugué, soprano, pour ne citer qu'eux.....

     Marcel Dautremer lui-même nous aida dans le choix des oeuvres. Amusé, notre directeur encouragea mes projets et son aide me fut précieuse, car je manquais d'expérience.

     Sans vouloir me vanter, notre jeune enthousiasme nous permit de diffuser des concerts de musique de chambre assez remarquables, et ... en direct.... on n'enregistrait pas encore à ce moment....

     Pour moi, cette aventure merveilleuse ne dura guère. Une loi nationalisant les radios privées, ceux d'entre nous qui étaient majeurs furent engagés comme fonctionnaires ; ce ne fut pas mon cas, j'avais 16 ans.... Je poursuivis néanmoins mes émissions pendant quelques années.

     Ce jour-là, je me souviens avoir regretté de n'être pas plus âgé.... Aujourd'hui ce serait plutôt le contraire.......