Hier matin, j'ai reçu un appel téléphonique de Lucille, petite-fille d'un couple que j'ai fort bien connu à Metz, au cours des années 50. Elle recherchait une chanson célébrant le joli mois de Mai.
Alors, je me suis souvenu que, lorsque j'étais enfant en vacances chez mes grands parents à Arry, le premier dimanche de mai, les jeunes filles du pays chantaient le Trimazo dans les rues du village, s'arrêtant à chaque maison pour y recevoir une obole.
Cette tradition, disparue aujourd'hui, était fort ancienne, et chaque village du pays messin possédait sa propre mélodie, sensiblement différente d'un lieu à l'autre. (Voir mon ouvrage "Les Mélodies populaires de la Lorraine", dans la collection La Tradition lorraine, aux Editions Mars-et-Mercure, 1980).
Une de ces plus anciennes célébrations, surtout la plus connue des Messins, se déroulait à Plappeville, à la source de la Bonne Fontaine, depuis 1603. A une centaine de mètres de la source, se trouvait une petite chapelle où, le 1r mai de chaque année, un prêtre venait dire la messe au cours de laquelle on chantait le Trimazo.
Il était d'usage d'en faire la convocation la nuit précédente, au son des trompes, dans tous les quartiers de Metz.
La chapelle fut détruite par les Croates en 1638, mais l'usage d'aller à la Bonne Fontaine le 1r mai se poursuivit longtemps encore.
Aujourd'hui on ne chante plus le Trimazo, mais on offre du muguet.
Ces deux traditions étant aussi anciennes l'une que l'autre, pourquoi pas..... mais je regrette néanmoins la vieille chanson...
Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.
Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.
Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.
Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.
Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.
Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.
Gilbert Rose
samedi 30 avril 2011
mercredi 27 avril 2011
Coup de théâtre....
Lors d'un précédent billet, j'avais promis de raconter d'autres avatars théâtraux dont j'avais été le témoin. Je me souviens d'une représentation à Nancy, en 1945-46, de l'opéra de Saint-Saens, Samson et Dalila.
Vous connaissez le sujet : Samson conduit l'armée des Israélites contre les Philistins. Il est pourvu d'un physique puissant et tire sa force herculéenne, paraît-il, de la longueur de sa chevelure. Nul ne peut le vaincre. Une Philistine, Dalila, le séduit et le pousse à dévoiler son secret.
Après une nuit d'amour, alors que Samson s'est endormi, elle lui coupe les cheveux, le privant ainsi de ses moyens de défense. Fait prisonnier par ses ennemis, il est condamné à tourner une meule après qu'on lui ait crevé les yeux.
Au second tableau du 3me acte, Samson est enchaîné entre deux énormes colonnes du temple de Dagon, pendant que les Philistins fêtent leur victoire par une bacchanale effrénée. Mais depuis que Samson a été fait prisonnier, ses cheveux ont repoussé. Aussi, dans un suprême effort, il tire à lui ses chaînes reliées aux piliers, lesquels s'effondrent avec fracas sur les Philistins, entraînant la ruine du temple et l'écrasement de tous les ennemis des Israélites.
Auparavant, Dalila vient défier le héros qu'elle a trahi, en s'appuyant nonchalamment à l'une des colonnes.
Je ne sais comment, aujourd'hui, on met en scène ce tableau. Ce jour-là, le réalisateur avait imaginé de construire les piliers avec d'énormes cylindres en polystirène superposés, au centre desquels on descendait une longue tige métallique destinée à consolider la structure, et qu'on retirait le moment venu.
J'ignore pourquoi l'une de ces tiges avait été enlevée trop tôt. Lorsque la frêle Dalila toucha cette colonne fragilisée, elle s'effondra tout naturellement devant l'air ahuri de la malheureuse diva.
Evidemment, il fallut baisser le rideau, réparer les dégâts avant de pouvoir admirer la fameuse bacchanale dansée par le corps de ballet de Andrée Conte.
Ensuite la fin de l'ouvrage se déroula comme prévu, sans autre anicroche.
Vous connaissez le sujet : Samson conduit l'armée des Israélites contre les Philistins. Il est pourvu d'un physique puissant et tire sa force herculéenne, paraît-il, de la longueur de sa chevelure. Nul ne peut le vaincre. Une Philistine, Dalila, le séduit et le pousse à dévoiler son secret.
Après une nuit d'amour, alors que Samson s'est endormi, elle lui coupe les cheveux, le privant ainsi de ses moyens de défense. Fait prisonnier par ses ennemis, il est condamné à tourner une meule après qu'on lui ait crevé les yeux.
Au second tableau du 3me acte, Samson est enchaîné entre deux énormes colonnes du temple de Dagon, pendant que les Philistins fêtent leur victoire par une bacchanale effrénée. Mais depuis que Samson a été fait prisonnier, ses cheveux ont repoussé. Aussi, dans un suprême effort, il tire à lui ses chaînes reliées aux piliers, lesquels s'effondrent avec fracas sur les Philistins, entraînant la ruine du temple et l'écrasement de tous les ennemis des Israélites.
Auparavant, Dalila vient défier le héros qu'elle a trahi, en s'appuyant nonchalamment à l'une des colonnes.
Je ne sais comment, aujourd'hui, on met en scène ce tableau. Ce jour-là, le réalisateur avait imaginé de construire les piliers avec d'énormes cylindres en polystirène superposés, au centre desquels on descendait une longue tige métallique destinée à consolider la structure, et qu'on retirait le moment venu.
J'ignore pourquoi l'une de ces tiges avait été enlevée trop tôt. Lorsque la frêle Dalila toucha cette colonne fragilisée, elle s'effondra tout naturellement devant l'air ahuri de la malheureuse diva.
Evidemment, il fallut baisser le rideau, réparer les dégâts avant de pouvoir admirer la fameuse bacchanale dansée par le corps de ballet de Andrée Conte.
Ensuite la fin de l'ouvrage se déroula comme prévu, sans autre anicroche.
mardi 12 avril 2011
On a oublié l'essentiel....
Le Centre de Recherche Universitaire Lorrain d'Histoire, a organisé un colloque concernant Pierre Messmer. Cette rencontre s'est déroulée à Metz la semaine dernière. Absent de la région, je n'ai pu y assister et j'en suis navré.
Je regrette particulièrement l'intitulé des débats : "Au croisement du militaire, du colonial et du politique", en oubliant le littéraire, l'humaniste, le double académicien (Académie des Sciences Morales et Politiques en 1988 et Académie Française en 1999), et bien sûr, le Chancelier de l'Institut de France.
Ce dernier titre surtout, le situe à un niveau intellectuel non pas "entre deux personnalités écrasantes, Jacques Chaban-Delmas et Jacques Chirac" (RL du 8 avril 2011), mais nettement au-dessus de ces deux hommes politiques, malgré tout le respect que j'ai pour eux.
L'universalité de Pierre Messmer, ne peut se comparer à des spécialistes politiques dont la philosophie est purement intuitive ou calculée.
Il était d'une autre envergure spirituelle, choisi par les membres des cinq Académies de l'Institut de France pour être leur représentant scientifique, face au monde entier de la connaissance et de la culture.
C'est dommage de ne pas avoir évoqué l'essentiel de la personnalité de Pierre Messmer, surtout à Metz.
M'honorant de son amitié, le Chancelier de l'Institut ne m'a jamais refusé sa présence physique lors des manifestations de l'Académie Nationale de Metz, durant les années de ma présidence.
Je pense que nous lui devons bien plus que cette simple précision.....
Je regrette particulièrement l'intitulé des débats : "Au croisement du militaire, du colonial et du politique", en oubliant le littéraire, l'humaniste, le double académicien (Académie des Sciences Morales et Politiques en 1988 et Académie Française en 1999), et bien sûr, le Chancelier de l'Institut de France.
Ce dernier titre surtout, le situe à un niveau intellectuel non pas "entre deux personnalités écrasantes, Jacques Chaban-Delmas et Jacques Chirac" (RL du 8 avril 2011), mais nettement au-dessus de ces deux hommes politiques, malgré tout le respect que j'ai pour eux.
L'universalité de Pierre Messmer, ne peut se comparer à des spécialistes politiques dont la philosophie est purement intuitive ou calculée.
Il était d'une autre envergure spirituelle, choisi par les membres des cinq Académies de l'Institut de France pour être leur représentant scientifique, face au monde entier de la connaissance et de la culture.
C'est dommage de ne pas avoir évoqué l'essentiel de la personnalité de Pierre Messmer, surtout à Metz.
M'honorant de son amitié, le Chancelier de l'Institut ne m'a jamais refusé sa présence physique lors des manifestations de l'Académie Nationale de Metz, durant les années de ma présidence.
Je pense que nous lui devons bien plus que cette simple précision.....
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