Cette semaine, la télévision retransmettait la remise de récompenses des Victoires de la Musique classique (pourquoi classique, puisqu'on y entend aussi de la musique baroque, romantique et contemporaine ?).
J'ai admiré le machiavélisme primaire avec lequel on a osé comparer une harpiste ne connaissant apparemment pas son texte, un altiste sans doute excellent, ayant choisi la transcription d'un lied de Schubert au tempo trop calme pour pouvoir exprimer ses qualités, et un tubiste transcendant de virtuosité dans une oeuvre d'aujourd'hui éblouissante.
Et cela sous le regard navré du bon Lodéon, relégué, malgré son talent, au rôle secondaire de simple dictionnaire vivant.
Un bon point (tout de même) remarqué dès le début de l'émission, le remplacement de madame Drucker. Mais son successeur est-il mieux choisi ?...
Et puis il y eut de bons moments : l'ardente sonorité de l'Orchestre National d'Ile-de-France, devenant discrète dans les accompagnements, les belles voix des jeunes chanteurs français, et surtout, pour finir la soirée, l'ensemble baroque de Nathalie Stutzmann, le chef aux gestes précis et le contralto au registre émouvant.
Quant à l'autre soirée des Victoires de la Musique (tout court), on en a vraiment peu entendu (de la musique). C'est un concours de criailleries et braillements en tous genres, dignes de ceux de ma concierge lorsqu'on salit ses escaliers ! Ou alors on entend de languissantes mélopées américaines produites par de curieux larinx nettement moins purs que celui du président Obama... lorsqu'il chante.
La langue française n'est utilisée que par les présentateurs..... et encore.
Je sais de qui on se moque.... et vous aussi....
Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.
Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.
Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.
Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.
Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.
Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.
Gilbert Rose
samedi 25 février 2012
lundi 6 février 2012
Les grandes eaux....
Il y a quelques jours, j'étais à Nancy avec des amis de jeunesse et, au gré de notre conversation, nous évoquâmes l'inondation de la ville en 1947. A ce moment, mes parents demeuraient rue Saint-Georges, près de la Cathédrale.
J'en garde aujourd'hui encore un souvenir d'appétence, vous allez savoir pourquoi.
Le lundi matin 28 décembre, je pris le train pour Paris où je me rendais périodiquement pour y recevoir mes leçons d'alto chez Robert Boulay à Boulogne-Billancourt, et d'écriture chez Francis Casadesus, rue Vauvenargues.
Après mes cours, je passai la soirée dans ma famille parisienne, et le lendemain matin, après un copieux petit-déjeuner, je repris le train pour Nancy.
Je n'avais pas pris garde aux annonces affichées dans la gare de l'Est, aussi fus-je surpris par la lenteur du convoi et les arrêts fréquents en pleine nature, surtout après Châlons-sur-Marne. La campagne et de nombreuses localités étaient inondées par une crue importante de tous les cours d'eau.
Plusieurs itinéraires furent tentés pour joindre Nancy mais en vain. Le train passa même à Metz ! Je me souviens d'un long arrêt en aplomb d'une vaste place totalement inondée, au centre de laquelle se trouvait une voiture submergée et son conducteur debout sur le toit. J'ai su plus tard qu'il s'agissait de la place Mazelle.
Enfin, tard dans la nuit, nous arrivâmes à Nancy. J'étais affamé car depuis le petit-déjeuner de ma tante et sans argent, je n'avais rien mangé de la journée.....
Aussi, en rentrant à la maison, sans éveiller mes parents, je me précipitai dans la cuisine et ouvris le réfrigérateur. Vide ! La cave ! vite la cave où il y a des conserves !
Pas de lumière ? Qu'importe, j'irai dans l'obscurité !
Posant le pied sur la première marche descendante, je le retirai aussitôt, mouillé jusqu'à la cheville !
La cave était entièrement inondée..... Un petit ru traverse ce sous-sol, sortant d'un tunnel et entrant dans un autre après quelques mètres. C'est lui le responsable de notre cave submergée car je sus le lendemain que l'inondation des rues de la ville s'était arrêtée à deux pas de la maison.
Je restai donc affamé jusqu'au matin.....
Pour mon père, la grande perte était sa belle collection de vins de garde... Et bien elle résista !
Mais les étiquettes étaient décollées.....
Pendant longtemps, au cours des repas, mes parents procédèrent à des dégustation dites "à l'aveugle", entraînant d'âpres discutions.
Je crois que c'est de ces instants inoubliables que je reçus ma modeste éducation oenologique.
A quelque chose malheur est bon.......
J'en garde aujourd'hui encore un souvenir d'appétence, vous allez savoir pourquoi.
Le lundi matin 28 décembre, je pris le train pour Paris où je me rendais périodiquement pour y recevoir mes leçons d'alto chez Robert Boulay à Boulogne-Billancourt, et d'écriture chez Francis Casadesus, rue Vauvenargues.
Après mes cours, je passai la soirée dans ma famille parisienne, et le lendemain matin, après un copieux petit-déjeuner, je repris le train pour Nancy.
Je n'avais pas pris garde aux annonces affichées dans la gare de l'Est, aussi fus-je surpris par la lenteur du convoi et les arrêts fréquents en pleine nature, surtout après Châlons-sur-Marne. La campagne et de nombreuses localités étaient inondées par une crue importante de tous les cours d'eau.
Plusieurs itinéraires furent tentés pour joindre Nancy mais en vain. Le train passa même à Metz ! Je me souviens d'un long arrêt en aplomb d'une vaste place totalement inondée, au centre de laquelle se trouvait une voiture submergée et son conducteur debout sur le toit. J'ai su plus tard qu'il s'agissait de la place Mazelle.
Enfin, tard dans la nuit, nous arrivâmes à Nancy. J'étais affamé car depuis le petit-déjeuner de ma tante et sans argent, je n'avais rien mangé de la journée.....
Aussi, en rentrant à la maison, sans éveiller mes parents, je me précipitai dans la cuisine et ouvris le réfrigérateur. Vide ! La cave ! vite la cave où il y a des conserves !
Pas de lumière ? Qu'importe, j'irai dans l'obscurité !
Posant le pied sur la première marche descendante, je le retirai aussitôt, mouillé jusqu'à la cheville !
La cave était entièrement inondée..... Un petit ru traverse ce sous-sol, sortant d'un tunnel et entrant dans un autre après quelques mètres. C'est lui le responsable de notre cave submergée car je sus le lendemain que l'inondation des rues de la ville s'était arrêtée à deux pas de la maison.
Je restai donc affamé jusqu'au matin.....
Pour mon père, la grande perte était sa belle collection de vins de garde... Et bien elle résista !
Mais les étiquettes étaient décollées.....
Pendant longtemps, au cours des repas, mes parents procédèrent à des dégustation dites "à l'aveugle", entraînant d'âpres discutions.
Je crois que c'est de ces instants inoubliables que je reçus ma modeste éducation oenologique.
A quelque chose malheur est bon.......
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