Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.

Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.

Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.

Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.

Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.

Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.

Gilbert Rose

lundi 24 février 2014

Une simple musicienne d'orchestre...

     Dans ce billet, j'évoque une camarade d'orchestre disparue à la fin du mois dernier, discrètement, comme elle vécut les dernières années de son existence.

     Arlette Moulin était née à Nancy, comme moi, mais, légèrement plus âgée, elle ne m'avait pas rencontré au Conservatoire de cette ville.

     Par contre j'y ai connu sa jeune soeur Jacqueline, qui fréquentait la classe de chant de Carbelly. Elle avait une jolie voix de soprano léger et a eu la gentillesse de chanter lors de mon mariage.

     Arlette et Jacqueline étaient les filles de Léonce Moulin, professeur au Conservatoire et clarinette solo à l'orchestre de Nancy.

     Arlette était harpiste ; élève à Nancy de madame Mercier, elle était ensuite entrée au Conservatoire de Paris, dans la classe de Marcel Tournier, dont elle fut le dernier 1er prix avant la retraite de son maître, remplacé par Lily Laskine en 1948.

     Arlette réussit le concours de harpe solo à l'Orchestre municipal de Metz le 19 septembre 1946. Mais étant encore élève au Conservatoire de Paris, elle obtint, le 7 novembre, une autorisation spéciale du directeur Claude Delvincourt, "... de manquer les cours toutes les fois que les nécessités de son service à l'orchestre l'exigeront."

     A l'orchestre de Metz elle fit la connaissance de Robert Petit, 2de flûte, qu'elle épousa en 1950 et qui lui donna une fille puis un garçon.

     Les deux artistes exercèrent leurs talents à l'Orchestre de Metz jusqu'au décès de Robert. Lorsque l'orchestre devint régional puis national, Arlette se retira de la vie active.

     Combien de mélomanes se souviennent-ils encore des merveilleux soli de harpe joués avec brio par Arlette ? ... La Valse des Fleurs de Tchaikovski, ... Le Bal de la Symphonie Fantastique de Berlioz... Tzigane de Ravel... Shéhérazade de Rimski-Korsakov... et beaucoup d'autres...

     Certains sont oubliés après leur mort, Arlette l'était depuis bien longtemps déjà...

mercredi 5 février 2014

Les Victoires de la musique... (classique).


      Tous les ans, après avoir regardé et écouté sur France 3 les Victoires de la Musique (titre auquel on ajoute curieusement "classique"), je me précipite sur mon écran internet pour donner mes impressions sur l'événement.

     J'ai bien dit "événement", car la musique est plutôt rare sur les chaînes télévisées françaises.

     Lundi dernier 3 février, s'est donc déroulée une soirée entièrement consacrée aux jeunes et talentueux interprètes dans un domaine artistique des plus complexe.

     Le présentateur Louis Laforge a parfaitement tenu son rôle, ainsi que l'homme de l'art (si on peut dire) habitué à ce genre de cérémonie, Frédéric Lodéon, pilier inamovible de la culture musicale à Radio-France.

     Tous les ans, je remarque des injustices flagrantes dans la distribution des Victoires, mais cette année ce fut parfait... enfin presque.

     Le soprano Julie Fuchs, Victoire catégorie artiste lyrique, et l'altiste Adrien La Marca, Révélation soliste instrumental, ont été récompensés pour leur talent et leur brillante interprétation.

     L'Orchestre National de France (80 ans cette année), remarquable formation très à l'aise dans tous les répertoires et fort bien conduit par Kristjan Järvi, bien que certains accompagnements frisaient le décalage.

     Néanmoins, je suis surpris de la Victoire catégorie soliste instrumental décernée à Nemanja Radulovic. Son costume folklorique et sa longue chevelure frisée ne sont pas en cause. Mais plutôt que les interpréter comme ils sont écrits, il a fait un curieux amalgame de deux Caprices de Paganini, n'exploitant que les traits fulgurants de technicité au détriment de la musique. Mais surtout, c'était faux. Ses octaves en doubles notes, par exemple, donnaient des crispations nerveuses.

     Surtout qu'en début de soirée, on avait entendu le merveilleux violoniste Renaud Capuçon, ancien lauréat des Victoires...

     Ce fut une belle manifestation au cours de laquelle la fine fleur des jeunes artistes musiciens a donné de la joie et du bonheur à deux millions de téléspectateurs et prouvé que la musique française avait de belles espérances.

     On devrait les entendre plus souvent à France-Télévision...