Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.

Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.

Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.

Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.

Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.

Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.

Gilbert Rose

vendredi 20 septembre 2013

Être chrétien en Syrie...

     Il n'est pas très confortable d'être chrétien en Syrie... On s'en aperçoit aujourd'hui mais cette scabreuse situation dure depuis fort longtemps.

     Au point que Napoléon III intervint militairement dans ce pays en 1860, après un massacre de plus de 20 000 chrétiens... A cette époque, seuls étaient tués les hommes et les enfants de sexe masculin.

     Cette expédition militaire française, qui dura six mois, permit l'émancipation des chrétiens hors de l'occupation ottomane. Mais la misère était grande parmi les rescapés, en majorité des femmes et des enfants.

     Aussi, un immense élan de solidarité se leva dans toute la France pour venir en aide à ces malheureux.

     A Metz, la société chorale l'Orphéon, dirigée par Édouard Mouzin, organisa un grand concert sur le kiosque de l'Esplanade, au bénéfice des chrétiens de Syrie, avec le concours de la Sainte-Cécile, conduite par Justin Baudot. Deux chorales du duché de Luxembourg se joignirent aux chanteurs messins, celles de Diekirch et de Grevenmaker.

     Pour la partie instrumentale, les musiques militaires des 4e et 9e régiments d'artillerie, du 1r régiment du génie et du 35e de ligne, furent sollicitées pour accompagner cette masse chorale.

     Le dimanche 9 septembre 1860, les participants messins accueillirent les Luxembourgeois à la gare ( l'ancienne évidemment), puis toute la troupe défila jusqu'à l'Orangerie du Jardin botanique, situé à ce moment en Jurue, où ils répétèrent leur programme commun.

     Un banquet suivit à l'Hôtel du Nord, rue Pierre-Hardie, et enfin le concert se déroula l' après-midi, au cours duquel les généreux musiciens et chanteurs se taillèrent un succès triomphal devant une foule innombrable.

     La recette au profit des chrétiens de Syrie fut considérable.

     On ne fait jamais appel en vain à la générosité des Lorrains.