Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.

Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.

Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.

Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.

Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.

Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.

Gilbert Rose

samedi 19 janvier 2013

La contrebasse à 5 cordes.

     Dans le Républicain Lorrain d'hier, au bas de la page 4 du 2d feuillet, on peut admirer une photo avec, au premier plan, une magnifique contrebasse à 5 cordes. On a même l'impression qu'elle est jouée par le nouvel administrateur de l'Orchestre Philharmonique de Lorraine.

     Je me souviens lorsque l'Orchestre de Metz-- qui était municipal-- a fait l'acquisition de cet instrument pour la première fois. Il y a bien longtemps...

     C'est à mon ami Jacques, second soliste, que fut confié cet instrument bien utile.

     En effet, dans la musique classique, les contrebasses doublaient souvent les violoncelles à l'octave inférieure. Or, ceux-ci descendent jusqu'à la note Do (la corde la plus basse), alors que la contrebasse n'atteint que le Mi.

     Les contrebassistes étaient obligés de transposer pour deux notes manquantes, ce qui créait des vides sonores insupportables et une gymnastique inconfortable pour l'instrumentiste.

     Alors, au XIXe siècle, quelqu'un eut cette excellente idée d'utiliser l'instrument auquel on avait ajouté une 5e corde grave, le Do.

     Le fameux contrebassiste autrichien Johannes Sperger en possédait déjà une à la fin du XVIIIe siècle, du luthier vénitien Domenico Montagnana.

     L'instrument est plus difficile à jouer car les cordes étant très rapprochées, l'archet risque souvent de déraper. Mon ami Jacques était un virtuose de la contrebasse à 5 cordes.

     Jadis, dans les orchestres, l'artiste qui tenait cet instrument gagnait 10% de plus que ses collègues de pupitre. J'ignore ce qu'il en est aujourd'hui ; mais si les musiciens d'orchestre étaient rétribués au nombre de cordes de leur instrument, peut-être y aurait-il davantage de harpes...



samedi 12 janvier 2013

N'oublions pas Gabriel Pierné

     Mon ami Georges Masson ne manque jamais une occasion de promouvoir les compositeurs lorrains. Ainsi, Gabriel Pierné fait l'objet de ses soins les plus attentionnés.

     Dernièrement, il a prononcé à l'Académie Nationale de Metz, une communication au cours de laquelle il a développé avec enthousiasme les grands traits de l'existence du compositeur messin, dont on célébrera cette année le 150e anniversaire de sa naissance.

     Gabriel Pierné est aujourd'hui un compositeur trop méconnu et pas suffisamment interprété.

     Au Conservatoire de Paris, dans la classe de solfège de Lavignac, il obtint en 1874 une 1e médaille, alors que Debussy ne décrochait que la 3e.

     En 1877 Debussy dépassa Pierné avec un 2d prix de piano, que ce dernier n'atteignit qu'en 1878.

    Mais en 1879, Pierné bénéficia d'un 1r prix de piano, pendant que Debussy obtenait la même récompense, mais en classe d'accompagnement.

    En ce qui concerne la fugue et le contrepoint, Pierné a obtenu un 1r prix en 1881, Debussy un 2d accessit en 1882.

     Durant leur existence, ils ont été de grands amis, et le chef d'orchestre Gabriel Pierné créa de nombreuses œuvres de Claude Debussy à la tête de l'Orchestre Colonne.

     A la lecture des résultats des concours du Conservatoire de Paris, on remarquera également qu'en 1874,  Debussy  et la fille de l'ancien directeur de l'École de musique de Metz, Édouard Mouzin, obtenaient tous deux un 2d accessit de piano, l'un chez Marmontel, l'autre chez Delaborde. L'année suivante, Cécile Mouzin et son prestigieux camarade d'études étaient toujours à égalité avec chacun un 1r accessit.

     A partir de 1876, Cécile Mouzin s'étant mariée, ne put poursuivre ses études au Conservatoire. Mais n'imaginez surtout pas qu'elle aurait pu détrôner notre Claude de France, alors que Gabriel...

samedi 5 janvier 2013

Mon premier baiser...

     Je ne puis oublier le jour de mon premier baiser, car c'est celui de la libération de Nancy. J'avais 14 ans.

     Le 15 septembre 1944, les habitants de la ville étaient dans la rue, également avenue de Strasbourg, où demeuraient mes parents, car c'est par cette voie que les Américains sont arrivés.

     Tout le quartier était en liesse, les gens criaient, sautaient de joie, dansaient, acclamaient les libérateurs.

     J'étais au milieu de cette foule ivre de bonheur, admirant les chars qui passaient devant mes yeux émerveillés, avec sur la caisse, des GI lançant vers les bras tendus, chocolat et chewing-gum.

     Dans la joie générale, une jeune voisine, épouse d'un gendarme ami de mes parents, m'empoigna par les épaules et m'entraîna dans une danse effrénée.

     Brusquement, au paroxysme du bonheur, elle me prit la tête à deux mains et m'embrassa sur la bouche. Un vrai baiser !

     Dès qu'elle me lâcha, je suis resté abasourdi devant ce geste inattendu, ne voyant plus ni la foule ni les Américains, leurs cris s'estompant en rumeur lointaine.

     Pardon ? Vous voulez savoir également quand pour la première fois.....

     Ah non ! ça c'est un secret... tout de même...

mercredi 2 janvier 2013

Bonne année...

     Le 31 décembre 2012 à 19 heures, le Républicain Lorrain daté du 1r janvier 2013 était à ma porte. C'est merveilleux, non ?

     Je me suis souvenu du film américain de René Clair (1944), "C'est arrivé demain". Un homme qui découvre qu'il vient d'acheter le journal du lendemain...

     Dans le rappel des événements importants qui se sont déroulés à Metz, j'ai cherché la page Culture, que j'ai trouvée en 14e position (la page, pas la culture).

     J'ai alors découvert avec stupéfaction qu'en littérature, musique, théâtre, peinture et autres arts, il ne s'était rien passé à Metz durant l'année 2012 !!!

     Absolument rien... J'eus alors une pensée émue pour le maire-adjoint à la Culture de la Ville de Metz, si dynamique, si entreprenant. Comme il doit être triste...

     Pourtant j'ai bien l'impression (et pas seulement) que le Théâtre de Metz, l'Arsenal, l'Orchestre National de Lorraine, l'Eté du livre, les Expositions de peintures (musées de Metz,  Centre Pompidou et privées), et toutes les associations culturelles, petites ou grandes, musicales et artistiques, ont vécu et oeuvré durant cette année...

     Notre journal a également omis d'annoncer la Légion d'Honneur décernée à Jacques Mercier...

     C'est France-Musique qui me l'a appris ce matin : "Jacques Mercier, directeur de l'Orchestre d'Ile-de-France". Curieux, il est à la tête de l'Orchestre National de Lorraine depuis dix ans, au moins...

     On ne nous dit pas tout, dirait quelqu'un...