Arrivé à un certain âge, je m'aperçois que j'ai connu et vécu des événements qui sont, pour la plupart, aujourd'hui oubliés. Nous ne sommes plus très nombreux dans ce cas.

Musicien et historien de la musique en Lorraine, une grande partie de mon existence fut consacrée à la recherche et à la diffusion des événements musicaux des XVIIe et XVIIIe siècles à Metz et à Nancy. Pour cela, j'ai utilisé les très rares témoignages laissés par des observateurs attentifs, et publié les résultats de mes travaux.

Un éditeur avisé et courageux n'a pas hésité à imprimer, sous ma signature, plusieurs ouvrages, dont certains font aujourd'hui référence. Des périodiques culturels lorrains ont voulu également dévoiler mes trouvailles et mes souvenirs.

Aujourd'hui, crise oblige, l'histoire musicale en Lorraine n'intéresse plus les éditeurs, et, lorsqu'une revue me demande un article, je ne puis y inclure mes souvenirs personnels, pourtant devenus rares.

Voilà pourquoi j'ai souhaité créer ce lien entre un chercheur octogénaire et des curieux de l'histoire de la musique en Lorraine. Vous trouverez, racontés ici, des événements musicaux dont je fus le témoin de 1945 à aujourd'hui, mais aussi les résultats de mes dernières recherches sur les XVIIIe et XIXe siècles.

Mes textes étant protégés, je demande aux personnes souhaitant les utiliser, de bien vouloir citer leur auteur.

Gilbert Rose

jeudi 29 novembre 2012

Le Salon de musique... dans les salons

     Ce dernier dimanche, je suis allé écouter un concert de musique de chambre à l'Arsenal de Metz.

     A 11 heures le matin, quelle charmante idée...

     Ce concert était donné par Le Salon de musique, un ensemble à géométrie variable fondé en 2006 par le violoncelliste Philippe Baudry.

     N'étant pas critique musical, je ne parlerai pas des interprètes, tous virtuoses de haute noblesse instrumentale, ni des oeuvres, pourtant si bien choisies, Liszt, Schubert.

     C'est une richesse pour la ville de Metz et ses habitants mélomanes, que ce Salon de musique. Ses interprètes proposent de jouer en des lieux inattendus, insolites parfois, ou tout simplement dans votre salon, comme autrefois.

     En effet, au XIXe siècle, les virtuoses en tournée s'adressaient aux luthiers et facteurs d'instruments de la ville, pour être introduits chez les particuliers intéressés. Ces derniers organisaient alors des concerts dans leur salon.

     Après s'être produits ainsi plusieurs fois, et si l'opération était un succès, ils donnaient alors des concerts publics au Théâtre ou à l'Hôtel de Ville.

     Le préfet lui-même n'hésita pas à inviter des artistes, comme ce fut le cas pour les frères Waldteufel en 1817, et... Le Salon de musique de Metz aujourd'hui.

     Liszt seul échappa à cette habitude, et ne se produisit en privé que chez le comte Camille Durutte, devant un public très restreint et après ses concerts publics.

     Et voilà qu'aujourd'hui, grâce à Philippe Baudry et ses amis, ces bonnes vieilles coutumes se réveillent pour notre agrément.

     D'ailleurs, l'Académie Nationale de Metz, cette vieille dame qui ne se trompe jamais, remettra demain son Grand Prix artistique à Philippe Baudry, lequel n'a pas fini de nous charmer.

    


jeudi 1 novembre 2012

Tempo, intonation et hypoacousie

     Chaque matin, à 7 heures, je suis réveillé aux sons de France-Musique. Aujourd'hui, le présentateur habituel, sans doute en congé, était remplacé par un confrère possédant une voix au débit rapide (prestissimo) et à l'intonation exagérément fluctuante.

     Commencées normalement, avec néanmoins de brusques mouvements ascendants, ses phrases se poursuivent d'une voix qui descend... descend... au fil des propos, jusqu'à ressembler au gargouillis d'une contrebasse à cinq cordes totalement épuisée.

     Inutile de dire qu'on ne comprend absolument pas les fins de phrases, au moment où est annoncé le nom du compositeur dont on va entendre une oeuvre. C'est la surprise... On peut jouer aux devinettes...

     On retrouve un certain apaisement lors des informations, les journalistes sachant parler correctement dans un micro. On les comprend parfaitement.

     Je me souviens d'une époque ( bon ! on va m'accuser d'être un vieux râleur... mais je n'ai pas dit : de mon temps... alors ?), au cours de laquelle les présentateurs de radio possédaient une bonne élocution et savaient moduler leurs phrases modérément, sans excès.

     Pourquoi ceux d'aujourd'hui n'ont-ils pas la même formation ?

     Remarquez que le présentateur de ce matin allait au bout de ses phrases sans respirer (ceci explique cela), alors que d'autres, surtout les dames de la télévision, respirent à n'importe quel endroit de la phrase, entre un sujet et son adjectif, entre un verbe et son complément !

     Consolons-nous, aucune jusqu'à présent n'a respiré au milieu d'un mot..., je ne l'ai pas encore entendu... mais qui sait...